mardi 28 septembre 2021

Le vieux poème

Pour le onzième cycle du huitième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Le Retour d'Ulysse n'est pas seulement admirablement composé, il forme un tout qui se suffit à lui-même. Il n'appelle aucune « suite ».

« Pour son auteur, manifestement, l'arrivée d'Ulysse chez les Phaéciens, l'accueil chaleureux qu'il y reçoit marquent la fin de ses malheurs ; [ ... ]

« [ ... ] le long récit de ses mésaventures est une liquidation du passé, et l'athmosphère de cordialité heureuse qui enveloppe les dernières scènes est l'indice que le drame est fini.

« L'aède du Retour ignorait ou voulait ignorer cette partie du mythe odysséen qui est devenus chez son continuateur la tragédie de la Vengeance. »

« Il semble donc bien que les huit chants du Retour d'Ulysse représentent au sein [ des vingt-quatre chants ] de l'Odyssée un récit épique nettement plus ancien dont le remanieur [ sic ] du VIIe siècle à fait le point de départ de sa grande épopée.

« Assurément cette incorporation n'est pas allée sans dommage, sans quelques additions, sans quelques modifications de plan [ ... ] voir sans quelques amputations que nous ne discernons plus.

« Le vieux poème cependant ne semble pas avoir subi en raison de sa cohésion de très profondes altérations. Sa beauté s'est imposée au continuateur, au renouveleur [ resic ] comme elle s'impose à nous.

« Il a été enchâssé, plutôt que fondu dans le monument définitif, si bien que ses lignes générales saute aux yeux ». [ ... ]

Cf. Émile Mireaux – Les poèmes homériques et l'Histoire GrecqueHomère de Chios et les routes de l'étainLe retour d'Ulysse ou la première Odyssée (1948)

« [ l’Iliade ] s'est-elle constituée autour d'un noyau primitif, analogue au poème du Retour d'Ulysse qui gît au cœur de l’Odyssée ?

« Et par « noyau » il faut entendre naturellement un véritable récit épique complet, continu, se suffisant à lui-même, et d'une durée suffisante pour tenir en haleine le public pendant plusieurs heures de récitation.

[ « Le poème du Retour d'Ulysse comptait plus de trois mille hexamètres » [ ... ] « 3.062 vers » dans un « essai de reconstitution » que l'auteur propose en appendice. ]

« Un tel récit a-t-il existé à l'origine de l'Iliade ? Oui, répond [ Erich ] Bethe. Non, réplique Wilamowitz-Moellendorff. [ Mireaux croit ] que c'est [ Bethe ] qui a raison. »

[ Il est question de « 2.103 vers » pour le Courroux d'Achille dans son appendice. ]

« Nous y lisons [ en dehors du récit originel ] la description d'un exercice acrobatique d'équitation qui fait corps étroitement avec le récit : [ ... ]

« [ ... ] or ce passage ne peut pas avoir été écrit avant l'invasion au VIIe siècle des cavaliers scythes et cimmériens qui apprirent aux Grecs à monter les chevaux [ ... ]

[ ... ] et dont l'irruption provoqua la naissance de la cavalerie grecque et la décadence définitive de la charrerie. »

[ Cet argument équestre est – mutatis mutandis – celui qui constate l'absence de Pénélope dans le Retour d'Ulysse là où elle l'articule avec la tragédie de la Vengeance. ]

Cf. Émile Mireaux – Les poèmes homériques et l'Histoire GrecqueHomère de Chios et les routes de l'étainLe Courroux d'Achille ou la première Iliade (1948)

   

    

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