mercredi 8 décembre 2021

Deux siècles de littérature

 Pour le quatrième cycle du neuvième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« À la fin de sa classe de sixième, le jeune Louis Aragon avait reçu en prix de français « Vingt-cinq années de littérature » de l'abbé Brémond, une anthologie commentée de Barrès.

« C'est dans ce livre – dit Aragon [ cité par Pierre Daix ] – que j'ai découvert un certain nombre de chose touchant l'écriture et, au delà des problèmes qu'elle pose, j'ai éprouvé une espèce de passion pour Barrès, [ ... ]

[ ... ] lequel a joué sur mon développement intellectuel un rôle indiscutable ; je ne l'ai jamais renié depuis. » [ ... ]

« [ Barrès ] [ a ] surtout [ ... ] repris le modèle de l'écrivain doublé de l'homme politique, le moulineur mélodique de fiction et d'action, à la Chateaubriand. »

Cf. Michel Winock – Le siècle des intellectuels – Les années Barrès – La mort de Barrès (1997)

Winock articule le siècle sur un tryptique : « Barrès – Gide – Sartre ». Le nôtre est un peu différent : « Chateaubriand – Barrès – Aragon » ...

On reproche à Barrès son patriotisme – non sans le confondre avec le paganisme maurassien.

On doit à Gide son immoralisme qui nous vaut chez Winnock une locution embarrassée et scabreuse :

« Certes, Gide n'a pas réussi à faire admettre l'homosexualité par la société française, comme en témoigne parmi tant d'autres la vie secrète d'un Montherlant.

« Il n'est pas sûr, du reste, que nous soyons prêts, encore aujourd'hui, à admettre ce que nous appelons par euphémisme la pédophilie : [ ... ]

« [ ... ] des enfants sont en jeu, et les démonstrations « grecques » de Gide ne nous convainquent pas vraiment de l'innocuité de ces pratiques. » [ ... ]

[ « La jeune Catherine [ Gide ] eut [ ... ] deux papas homosexuels : une situation pionnière pour les années trente ! » [ ... ] « Gide [ entretient ] sa réputation [ ... ] d'auteur pervers et maudit. » ] [ À l'avant-garde du vice pour l'abomination ? ]

Cf. Michel Winock – Le siècle des intellectuels – Les années Gide – André Gide, le « démoniaque » [ « ... et la séduction communiste » ] (1997)

On doit à Sartre le renversement existentiel de toute perspective métaphysique.

Autre prouesse de Winock qui réussit à escamoter René Guénon et les études traditionnelles.

Même quand « Autorité spirituel et pouvoir temporel » (1929) trouverait sa place à la suite de la « Primauté du spirituel » (1927) de Jacques Maritain qui réplique au primat du Politique dans l’œuvre de Charles Maurras.

Il qualifie néanmoins la condamnation de l'Action française par le pape Pie XI entre 1926 et 1939 de « second Ralliement » à la République ; après celui de Léon XIII en 1892 qui aurait « en partie échoué ».

L'absence d’Emmanuel Lévinas n'est pas moins incompréhensible dès lors qu'on évoque Jean-Paul Sartre et Benny Lévy.

« Tu dors sous l'univers, le corps détruit, la face
Plongeant dans la torpeur,
Et moi, errante encor, quelque pas que je fasse,
Je marche sur ton cœur ! »

1923 – 1933

C'est du corps de Barrès dont il est question, magnifié par les Derniers Vers d'Anna de Noailles que cite Michel Winock.

   

    

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