mardi 27 décembre 2022

Le domaine hérodien

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« L'historien ibn al-Athîr fait du mont Liban la troisième des cinq montagnes dont Adam [ qu'al-Azraqî met en relation avec Abraham ] utilisa les pierres pour édifier la Ka'ba, ...

« ... les autres étant le mont Sinaï [ « at-Ṭûr » que nous avions identifié aux Taurus anatoliens ], le mont des Oliviers à Jérusalem, « al-Jûdî » où le Coran (S 11 V 44) dit que l'Arche de Noé se posa [ à la fin du déluge ] et le mont Ḥirâ [ à ] La Mecque.

[ al-Azraqî donne aussi pour variante : « Ḥirâ », « Thabîr », le mont Liban, « at-Ṭûr » et le mont Rouge – « al-jabal al-Aḥmar » – les deux variables se trouvant également situé vers La Mecque. ]

« Ce dont certains pourraient déduire que la Ka'ba concentre en elle la sacralité de cinq montagnes d'autant plus éminentes que chacune d'elles peut être reliée à un prophète ...

« – respectivement Moïse, Jésus, Salomon – qui utilisa les cèdres du Liban pour construire le Temple de Jérusalem – Noé et Muḥammad. »

Cf. Yaḥya Michot pour l'introduction aux « fetwas » d'ibn Taymiyya à propos des saints du mont Liban qui seraient au nombre de quarante (1428 / 2007)

Dans tous les cas de figure, on voit se confirmer la place centrale du mont Liban qu'il faut plutôt relier à Jésus, celle de Salomon étant induite par une historiographie juive où le « Thabîr » renvoi vers Abraham non sans rappeler le « Thabor » de Galilée.

Jésus et le mont Liban sont au centre de cette sacralité comme 'Isâ ibn Maryam est au centre de la Semaine dans les « awrâd » du Sheykh al-Akbar.

Quand « at-Ṭûr » et le mont Ḥirâ renvoient respectivement vers Moïse et vers Muḥammad, c'est le mont Rouge qui renvoi vers Adam à l'Occident et « al-Jûdî » vers Noé sur les cimes du massif arménien d'Ararat.

« C'est chez les peuples sémitiques que l'adoration des montagnes conserve le plus de développement et le plus d'importance aux temps de la grande civilisation.

« Là nous voyons en Palestine, en Phénicie et en Syrie, rendre un culte à toutes les montagnes considérables par leur masse : le Casius voisin de l'Oronte et celui de la frontière d’Égypte [ qui délimitent le littoral syro-palestinien, ] ...

« ... le Liban, l'Anti-Liban, l'Hermon à qui son caractère divin valait le nom de Baal-Hermon, le Thabor, le Carmel. [ ... ]

« Il est à remarquer que toutes ces montagnes divinisées des pays syro-palestiniens sont des pics isolés qui affectent plus ou moins régulièrement la forme du cône.

« C'est qu'en effet dans la religion de ces contrées le culte du dieu-montagne se liait d'une manière étroite à celui de la pierre conique, aérolithe ou façonnée de main d'homme [ Bætylia ] qui était comme le diminutif de la montagne. »

Cf. Yaḥya Michot citant le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines d'après les Textes et les Monuments de Daremberg et Saglio (1877-1919)

L'article mentionne aussi le mont Arafah à La Mecque décrit comme « une ancienne montagne divine » qui sort ici de son cadre syro-palestinien mais dont l'absence est pour le moins étrange dans les configurations sacrées de la Ka'ba.

« Ibn Baṭṭûṭa [ qui parle d'ascètes et de dévots dont il ignore le nom ] confirme la présence de soufis dans la montagne libanaise à l'époque d'ibn Taymiyya » (+ 728 / 1328) estime Michot dans son historiographie du mont Liban.

Et l'absence du mont Arafah au centre du dispositif est d'autant plus mystérieuse que la légende libanaise parle à propos de ces saints de translations miraculeuses qui communiquent avec lui.

Ces translations sont à mettre en relation avec les quatre angles de la Ka'ba consacrés aux Yémen, à l'Irak et à la Syrie – son « Cham » – mais qui n'en avait que deux quand ceux du Yémen et de la Pierre Noire étaient prolongés par son « Hijr ».

C'est l'angle de l'aérolithe qui est en relation avec Arafah tandis que l'angle du Yémen reste établi sur un monolithe dont les pèlerins salue l'origine.

Le maqâm d'Ibrâhîm qui fait face à la porte de l'édifice est marqué par une emprunte de pas semblable à celle de Jésus sur la Via Appia de Rome en Italie et à celle de Yuz Asaf – Dhû al-Kifl ou Saint Josaphat – dans le Roza Bal de Srinagar au Cachemire.

« Prenant sa source au Liban – au lieu-dit « Hâsbeiya » – sur les flancs du Grand Hermon, le Jourdain rejoint le lac Houlé et le lac de Tibériade en s'enfonçant dans la plus profonde et la plus abrupte faille tellurique de la planète, ...

« ... avant de se perdre à près de 400 [ mètres ] au-dessous du niveau des océans dans les eaux turquoises et opaques de la mer Morte.

« D'abord tumultueux, il s'assagit peu à peu et s'étire en méandres paresseux, s'avançant dans des plaines ornées de jasmins, de mimosas et de lauriers-roses, ...

« ... serpentant à travers les marnes blanches des plateaux effondrés du Ghor, charriant des herbes boueuses et des branchages.

« Il s'écoule ensuite dans des régions arides et des terres craquelées, au milieu des broussailles épineuses, des roseaux à plumeaux et des tamariniers à fleurs roses.

« Parfois, comme épuisé, il se repose en des paliers nonchalants, où se repèrent les gués autrefois connus des caravaniers.

« Dans sa basse vallée, le paysage devient plus sauvage, avec ses collines fauves au croupes pelées. Ici commence le désert de Juda aux roches calcinées par le soleil. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – Jean le Baptiste – Le Jourdain, acteur de l'Histoire [ et ] L'an quinze du principat de Tibère [ pour le royaume d'Hérode ] (2011)

À la mort d'Hérode-le-Grand en l'an 4 de l'ère chrétienne, son royaume fut divisé en quatre parts inégales pour sa descendance :

- La Judée et la Samarie furent confiées à Archélaos avec le rang d'ethnarque [ 1 ]

- La Galilée et le Pérée furent confiées à Hérode Antipas avec le rang de tétrarque [ 1/4 ]

- L'Iturée, la Gaulanitide, la Batanée, la Trachonitide et l'Auranitide situées au Nord et à l'Est du lac de Génésareth furent confiées à Philippe avec le rang de tétrarque [ 1/4 ]

- Deux petits territoires situés au Nord d'Absalon et de Jéricho furent remis à Salomé

Après la déposition d'Archélaos en l'an 6 de l'ère chrétienne, la Judée et la Samarie furent placées en administration directe sous le gouvernance d'un préfet romain.

L'Abilène de Lysanias – principicule du Liban au Nord de l'Iturée – qui ne faisait pas partie du royaume d'Hérode-le-Grand fut incorporé par la suite à la tétrarchie d'Hérode Agrippa.

   

    

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