mardi 13 décembre 2022

Le puits de Ya'qûb

...

« Pour les Samaritains, la figure de l'Oint du Seigneur est différente de celle attendue en Judée ou en Galilée : ce « Ta'eb » – « Celui qui doit revenir » – ou [ ce ] Restaurateur n'est nullement un messie royal ou guerrier ...

« ... plutôt un prophète ou un docteur, un nouveau Moïse. »

Cf. Jean-Christian Petitfils – Jésus – De Samarie en Galilée – Le puits de Jacob (2011) [ où il est question de l'entretient de Jésus avec la Samaritaine ]

Le retour du « Ta'eb » n'est pas celui d'un prophète qui devrait revenir comme aurait pu le croire les Juifs qui interrogent le Baptiste à propos d’Élie mais implique dès l'origine sa Parousie et son eschatologie – cf. Jean I 19 à 28.

Ses dénégations à propos du messie et du prophète qui accompagne cette réfutation en citant le prophète Isaïe qui le désigne comme leur précurseur sont pour l'attente du « Ta'eb » celle des deux témoins dans l'apocalypse de Jean – cf. Ap XI 1 à 4.

« Bientôt les [ Samaritains ] se rendent en grand nombre au puits [ de Jacob ] et, après avoir conservé avec Jésus, le prient de lui faire l'honneur de demeurer chez eux.

« Lui et ses disciples y restent deux jours, le temps pour les Samaritains de se convertir à leur tour. [ ... ] Ainsi ces hérétiques * ont-ils cru [ au Sauveur du monde ] avant les habitants de Judée ! » – Cf. Jean-Christian Petitfils – Op. Cit. (2011)

* Laissons l'anathème à ceux qui le proclament et notons la succession des prédications dans la conversion où les Samaritains précèdent les Juifs.

On trouve chez Luc des indications sur les déplacements du Christ dont l'incongruité pourrait traduire une telle succession – Samarie / Galilée / Judée :

« Or, comme Jésus faisait route vers Jérusalem, il passa à travers la Samarie et la Galilée » – cf. Luc XVII 11.

Mais Jean dans son entretien avec la Samaritaine corrige ensuite cette incongruité en replaçant son itinéraire dans sa géographie – cf. Jean IV 3 et 4 :

« [ Jésus ] quitta la Judée et regagna la Galilée. Or il lui fallait traverser la Samarie. »

Puis dans la diatribe qui s'engage avec les Juifs, on lui adresse ce reproche :

« Les Juifs lui répondirent : N'avons nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et un possédé ? » – Cf. Jean VIII 48.

Si Jésus s'empresse de répliquer par une dénégation à propos de sa possession démoniaque en se prévalant de sa filiation avec le Père, il ne fait aucune réfutation à propos des Samaritains auxquels on l'associe.

Mais pour Jean – d'après Petitfils – « Il s'agit d'abord de condamner la compromission des habitants de cette région schismatique avec les croyances païennes. »

Or Jésus ne prononce aucune condamnation à l'encontre de la Samaritaine, fut-elle adultère qui renvoie au contraire à la responsabilité d'une telle condamnation vers celui qui par hypothèse n'aurait jamais péché – cf. Jean VIII 3 à 8.

Et Jésus qui se présente aux Juifs comme celui-là qui se croit juste, lui non plus ne la condamne pas – cf. Jean VIII 11.

Il faut comprendre que la Samaritaine et la femme adultère ne sont ici qu'une seule et même personne qui personnifie avec les cinq époux qu'elle délaisse pour son amant la nation toute entière qui réside en Samarie.

Il se peut donc que la pécheresse que Luc associe manifestement à Marie de Béthanie et que Grégoire-le-Grand identifie par conséquent à Marie de Magdala doive être identifiée chez Jean à la Samaritaine – cf. Luc VII 36 à 50 + Jean VIII 3 à 11 et XII 1 à 11.

Contre l'avis du pontife qui en réunis trois et contre la patristique antérieure qui les distingue les unes par rapport aux autres, Petitfils considère au contraire que la pécheresse de Luc est à Béthanie mais qu'elle n'a rien à voir avec la Madeleine.
   

 La pécheresse 

 Marie de Béthanie 

 La reine du Carmel 

 Marie de Magdala 

 La Samaritaine 

   
Si Luc prévaut sur Jean dans l'ordre des prédications et si l'on suit l'avis du Souverain Pontife qui pour nous l'emporte sur toute autre appréhension, toutes ces figures renvoient à la même effigie johannique – celle d'Israël en Samarie :

« En 751 avant [ l'ère chrétienne ] Sargon II avait déporté les Juifs de Samarie et les avait remplacés par des colons venus de cinq villes : Babylone, Kuta, Avva, Hamat et Sepharvayim. » – Cf. Jean-Christian Petitfils – Op. Cit. (2011)

Nous ne croyons guère à un tel remplacement mais il retrace avec le deuxième livre des Rois vétérotestamentaire la déportation des tribus perdues issues de la maison d'Israël par les Assyriens dès le VIIIe siècle avant l'ère chrétienne – cf. 2 R XVII 24-41.

Celles-là mêmes que le prophète Amos récrimine pour leurs infidélités au Dieu d'Israël – cf. Amos V 26 et VIII 14.

Vient ensuite ce que le Christ est supposé dire à la Samaritaine – « le salut vient des Juifs » – et qui reste incompréhensible si on ne l'entend pas comme un engagement du récit johannique dans la prédication judéo-chrétienne qui le précède – cf. Jean IV 22.

D'abord parce qu'on ne saurait dire que les Juifs furent salutaires dans la suite des événements et enfin parce que le salut de toute évidence ne vient que du Sauveur que les Samaritains furent les premiers à reconnaître comme leur premier témoin.

La nuit de Ya'qûb est celle du Jour dominical où aṣ-Ṣakûr – Plein de reconnaissance et de mansuétude / d'indulgence et de gratitude – règne sur la décade en dédommageant les prêteurs dont Il décuple les dons dans Son monde et dans l'autre :

« Acquitte nos dettes – Abba – comme nous acquittons nos débiteurs. »
   

    

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire