samedi 26 août 2023

Des îles incertaines

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« Il représentait en ce siècle et contre l'Histoire [ H ] l'héritier actuel de cette longue lignée de moralistes dont les œuvres constituent peut-être ce qu'il y a de plus original dans les lettres françaises.

« Son humanisme têtu – étroit & pur / austère & sensuel – livrait un combat douteux contre les événements massifs & difformes de ce temps.

« Mais – inversement – par l’opiniâtreté de ses refus, il réaffirmait – au cœur de notre époque – contre les machiavélismes [ & ] contre le veau d'or du réalisme l'existence du fait moral. »

Cf. Jean-Paul Sartre à propos d'Albert Camus le 7 janvier 1960 suite à son décès

« ... dans ce cas, je ne vois qu'une solution pour vous : les îles Galapagos. »

Cf. Jean-Paul Sartre à Albert Camus en 1952

Au moment de sa conversion au Communisme où il s'agissait de ravir le magistère des lettres françaises qu'Aragon avait reprit à Barrés et Barrés à Chateaubriand.

Sartre se revendique de l'immoralisme de Gide – ce qui laisse l'intéressé plutôt dubitatif – et s'oppose à Camus en doutant du combat moral de son humanisme.

Mais il y a autre chose chez Camus comme le laisse entendre le récit du peintre Jonas dans le recueil de l'Exil & le Royaume (1957) : une énigme sous un hiatus entre « solitaire » et solidaire » qui laisse deviner une mystique.

La Grande fracture idéologique ne se joue pas en 1956 avec l'insurrection hongroise comme l'intitule Michel Winock en 1997 mais plutôt d'une façon plus feutrée dès 1952 :

« [ Claude Roy ] condamnait clairement [ dans le Monde du 31 octobre 1956 ] « l'absence de démocratie » & « le mépris de la morale » partout où ils se produisaient. »

À Budapest comme à Paris : « [ Louis de ] Villefosse s'oppose violemment à son ancien mentor Aragon au sein du CNE » – le Comité National des Écrivains communistes.

« Il y avait à gauche au milieu des années cinquante – écrira plus tard Claude Roy – le PCF, le PSFIO [ la Section Française de l'Internationale Ouvrière ] et le Parti Sartre » en jouant sur les initiales du Parti adverse.

Cf. Michel Winock – Le siècle des intellectuels – Les années Sartre – Sartre compagnon de route [ et ] 1956, la grande fracture (1997)

Rappellons que Winock brouille les pistes en organisant le siècle sur un triptyque : « Barrés / Gide / Sartre » où Zola sert avant Gide le prototype sartrien.

René Girard – absent de la galaxie – ne va pas réduire la fracture en réintroduisant du religieux dans les sciences sociales.

Théorisant l'innocence du coupable et la culpabilité des innocents dans les processus mimétiques, il théorise l'impunité du modèle qui déchire le voile du mysticisme et révoque toute métaphysique dans l'antre de son existentialisme.

   

    

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