mercredi 2 août 2023

Le trésor adamantin

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« C'est encore autour de la Ka'ba – mais au cours d'un rêve cette foi – qu'ibn 'Arabî fit la connaissance de l'un de ses « ancêtres » :

« Dieu me montra en vision – alors que j'effectuais le « tawâf » autour de la Ka'ba – un groupe de gens que je ne connaissais pas et qui me déclamèrent deux vers dont un seul m'est resté en mémoire [ ... ]

« L'un d'eux qui portait un nom tel que je n'en n'avais jamais entendu me dit : « Je suis de tes ancêtres. »

« Je lui demandai : « Depuis combien de temps es-tu mort ? »

« Il me répondit : « Environ quarante mille ans. »

« Je lui fis remarquer qu'Adam lui-même n'avait pas vécu il y a si longtemps.

« Il me dit : « De quel Adam parles-tu ? De celui qui est le plus proche de toi ou d'un autre ? »

« Je me souvins alors d'une parole du Prophète qui rapporta que Dieu avait créé cent mille Adam. »

Cf. Claude Addas – Ibn 'Arabî ou la quête du Soufre Rouge – Le grand pèlerinage – À l'ombre de la Ka'ba (1989)

Comme les cent vingt-quatre mille prophètes ne sont que vingt-quatre, le millénium adamique correspond à la pérégrination des ancêtres avant la réintégration de leurs déités dans la myriade du Vivant.

Quarante mille correspond alors à la jeunesse de leur premier âge et cent mille à la totalité de leur existence comprenant les trois âges (40 + 30 + 20) et l'enfance (10) qui les précède. Les âges qui succèdent à cette jeunesse sont la maturité et la vieillesse.

Les cent mille Adam sont comme les trois cents soixante cinq éons de l'Abraxas. C'est-à-dire comme autant de théophanies (365) qui se succèdent dans les demeures du cycle de l'année ici représenté comme celui des années (100) dans la vie d'Adam.

Il y a donc autant d'Adam qu'il y a de demeures dans la totalité de son existence qui se succèdent à travers les cycles de la Grande année cosmique de 25.920 ans qu'on qualifie de « manvantara » par rapport à son « Manou ».

Conformément à son trésor et au symbolisme de la Croix, nous pouvons identifier le nouveau « Manou » au Christ par la Science des lettres syro-phéniciennes qui le caractérise où elle correspond au « ûl » sur son lieu d'ascension.

Dans la doctrine hallagienne, le « ûl » qui s'identifie à l'élévation d'al-Aliyy est généré « de haut en bas » par la lettre « Mîm » (40) et le « Arḍ » qui s'identifie à l'immensité d'al-Adhîm, « de long en large » par la lettre « 'ayn » (70).

On peut voir dans ces lettres des nombres qui correspondent à la quarantaine de l'économie cyclique dans le passage d'un cycle à l'autre et à la communauté des nombres (10) et des lettres (60) dans le septénaire de la décade.

Le « Mîm » (40) et sont palindrome (80) correspondent en effet à une figure intermédiaire – celle de l’octogone – entre le carré (10²) du « Nûn » (50) – dont le palindrome (100) correspond au plan du « Arḍ » – et la sphère du « Wâw » (6).

La sphère du « Wâw » (6) et son palindrome (12) est celle des constellations zodiacales qui sont en haut tandis que le « décumanus » et le « cardo » de la géométrie romaine correspondent à l'étendue du Damier – « ad-Dâ'im » – qui est en bas.

On peut donc identifier le « cardo » à une projection du « ûl » dans la profondeur du champ pour le microcosme adamique et le « décumanus » comme une étendue dans les septénaires qui la caractérise du point de vue de son macrocosme.

Il faut par conséquent voir le « ûl » comme un axe qui transcende à partir d'un centre les deux dimensions du « Arḍ » qu'un plan ne représente que comme une tangente au niveau de leur intersection.

Et il faut donc bien parler d'un carré au niveau du « Nûn » (100) et d'une sphère au niveau du « Wâw » (12) dans la réciprocité des angles de leurs représentations les plus élémentaires où l'opposition entre largeur et longueur est fausse.

Cf. Louis Massignon – La doctrine de Hallâj (1975) – Théologie mystique : « ûl » et « Arḍ » – « longueur et largeur de l'entendement ».

La théologie dogmatique chez Jâhiz semble mieux inspiré : « ûl » et « Arḍ » comme deux aspects irréductibles de l'idée : « Extension selon la réalité » [ « haqîqa » ] : délimitation linéaire, « comme d'un carré » [ « tarbî' » ] – ...

« ... Compréhension selon la puissance » [ « hukûma » ] : possession centrale, « comme d'un cercle » [ « tadwir » ].

Par puissance, nous entendons les dimensions où le cercle est une sphère et le cube un carré. Les Druzes ajoute Massignon ont une théorie particulière sur ces termes qu'il oppose à la précédente :

«  En toute chose, le « ûl » est supérieur au « Arḍ » ; le « ûl », c'est la raison universelle [ « 'aql kullî » ] ; le « Arḍ », c'est l'âme passive [ et ] charnelle [ « nafs » ] qu'illumine le « 'aql »  « L'hylémorphisme » d'ibn 'Arabî d'après Massignon.

Mais nous ne voyons pas en quoi ces théories s'inversent : elles passent des considérations géométriques propres au macrocosme à des considérations plus existentielles propres au microcosme anthropologique.

   

    

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