dimanche 13 août 2023

La migration du cygne d'Apollon

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« ... divers érudits – W. Schröter [ et ] D.Schudko (d'autres encore) – ont sans doute relevé chez les troubadours un assez grand nombre d'emprunts aux classiques latins et notamment à Ovide – ...

« ... Stronski en relève une quinzaine provenant du seul Ovide chez Fouquet de Marseille. [ La tradition massaliote doit avoir en effet un rapport privilégié avec l'origine des métamorphoses ovidiennes sur les rives de la mer de Chronos. ]

« Souvenir des « Métamorphoses » quand Arnaud Daniel parle d'Atalante et Méléagre [ ou ] quand Bernard de Ventadour évoquant le beau miroir des yeux de sa Dame déclare s'y être perdu comme se perdit le beau Narcisse « en la fontaine ».

« Et surtout citations, adaptations, imitations des « Amores » ou de « l'Ars Amatoria » ; la référence est parfois tout à fait explicite, ainsi chez Rigaud de Barbezieux – mais on pourrait en citer bien d'autres : « Ovide le dit au livre qui ne ment. »

[ Ce qui élève les « Métamorphoses » au rang de Livre sacré. ]

« L'analogie va parfois très loin : de même qu'Ovide – après « l'Art d'aimer » – avait écrit les « Remedia amoris », André le chapelain et [ le ] frère Matfre Ermengau ont ajouté – en contre-poison à leurs traités d'amour – ...

« ... l'un son troisième livre – « De reprobatione amoris » – l'autre, [ les ] 714 vers [ des ] « Remedis per escantir folia d'aymador » – mais c'est aussi pour ces clercs [ une ] manière de rassurer leur orthodoxie morale ! »

C. S. Lewis n'y voit qu'un contre-sens – « Ovide misunderstood » – qu’emprunterait selon J. Marx un roman celte – « non plus [ ... ] loin vers le Sud ou vers l'Orient mais dans une direction tout à fait opposée » dit Davenson qui n'y voit que la thèse « médio-latine ».

« Nous sommes comme on le voit dans le pays de Loire, ce qui ne nous entraîne plus aussi loin du Limousin ou du Poitou » où la poésie courtoise des troubadours trouve son propre tropisme – sa spécificité latine.

« Il entre naturellement beaucoup de littérature dans [ la ] poésie amoureuse [ qui la précède : ] divertissement de clercs modulé sur la double flûte d'Ovide et du Cantique » dont les modulations nous ramènent vers leurs origines romaine et biblique.

Cf. Henri Davenson – Les troubadours – Le mythe des origines (1964)

Mais ce génie propre ne serait nous faire oublier la migration des oies sauvages, la jubilation du griot et le lamento du mouride qui caractérisent toute poétique sous le manteau où sa mélancolie remonte vers les substrats de son occultation :

Cygne pleurant son Apollon

Dessous le Sceau de Salomon

Du Yémen insère au Sermon

Le Midi du Septentrion

Valence a val en Avalon

Sol et Man par dessus les Monts

   

    

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