Pour la quarantième semaine sidérale :
« Mais
bien que, tant que l'ami du Crucifié vécut dans la chair, beaucoup
aient vu les marques des mains et des pieds, nul ne put cependant
voir la précieuse blessure du côté, à l'exception de frère
Élie * : [ ... ]
« [
... ] en raison de la spéciale affection que le saint lui portait,
il revêtit une fois la tunique reçue de lui et lui donna la sienne
en échange. Et se jouant ainsi de lui par cette pieuse fraude, il
obtint ce qu'il souhaitait. »
– 2.II
« Et
il est vrai [ que François ] voyait désormais approcher son dernier
jour, comme il l'avait appris [ à Foligno ] deux ans auparavant de
frère Élie [ en 1224 ] à qui le Seigneur avait daigné révéler
la fin du père [ pour 1226 ].
« Il
appela à lui les frères et les fils qu'il voulait et, selon le don
qu'il avait reçu d'en haut, tel jadis le patriarche Jacob [ cf. Gn
49, 1-28 pour sa bénédiction aux douze tribus d’Israël ] il
bénit chacun d'eux. » –
4.I
« Comme
frère Élie se tenait à sa gauche, entouré des autres fils, il
croisa les mains et posa sa main droite sur la tête de frère Élie.
Mais comme il était privé de la vue et de l'usage de ses yeux
extérieurs, il demanda : [ ... ]
– « Sur
qui est-ce que je tiens ma main droite ? »
– « Sur
frère Élie » –
répondirent-ils.
– « C'est
bien ainsi que je le veux » –
reprit-il.
« Fils
– dit-il –
toi, je te bénis en tout et pour tout, toi qui prenant mes
charges sur tes épaules, a virilement supporté les besoins des
frères. Et puisqu'entre tes mains, le Très Haut les a fait croître
et les a gardés je les bénis tous et sur toi et en toi.
« Au
ciel et sur terre que Dieu, le roi de tous, te bénisse. Je te bénis
autant que je peux et plus que je peux. Et ce que moi je ne peux, que
le puisse en toi celui qui peut tout. »
– 4.II
« Et
ce tournant vers un frère qu'il aimait [ son bien-aimé frère Élie
] il dit : Mes frères, tant absents que présents, bénis
les tous de ma part ! Je leur remets toutes leurs fautes et
offenses et je les absous autant que je peux. »
– 6.II
Cf.
La légende ombrienne de Thomas de Celano [ 1237-1239 ] –
Édition critique et traduction
de Jacques Dalarun – Vers une résolution de la question
franciscaine (2007)
*
« Élie ne fait pas partie du groupe des premiers compagnons,
venu à François avant le voyage à Rome vers 1209. Élie accompagna
François en Orient en 1219-1220.
« À
la mort de Pierre Cattani en 1221, Élie devint, selon les sources,
vicaire de François ou ministre de la fraternité. En 1227, Jean
Parenti lui fut préféré comme ministre général.
« Élie
dirigea alors les travaux de la basilique Saint-François d'Assise,
tenta de revenir au pouvoir lors de la translation de 1230 et devint
finalement ministre général en 1232. En 1239, il fut démis de sa
charge, puis excommunié par Grégoire IX. Il mourut en 1253. »
[
« L'actualité de la période 1239-1247, c'est encore et
toujours frère Élie [ la première des quatre colonnes de l'Ordre
des frères mineurs ] avec son cortège de détracteurs convaincus,
de partisans impuissants et de nostalgiques embarrassés. » ]
« Quant
à frère Rufin **, autorisé à le frictionner, il toucha réellement
la plaie avec sa main, mais forfuitement. À
ce contact, le saint de Dieu souffrit beaucoup et, repoussant de lui
la main de Rufin, il cria pour demander que Dieu l'épargne. »
– 2.III
« Se
reposant donc quelques jours dans le lieu qu'il avait désiré [
Sainte-Marie de la Portioncule ] comme il savait que le temps de sa
mort était proche désormais, il manda frère Ange *** et frère
Léon ****, qui lui étaient les plus chers entre tous, [ ... ]
« [ ... ] et leur
ordonna pour son si proche trèpas, de chanter avec ardeur des
louanges au Seigneur. » – 5.III
Cf.
La légende ombrienne de Thomas de Celano [ 1237-1239 ] –
op. cit. ibidem
**
« Cousin germain de Claire, Rufin est originaire d'une noble
famille d'Assise. Il entre dans la fraternité après le voyage à
Rome [ de 1210 ]. [ ... ] »
***
« Ange Tancrède de Rieti, de noble naissance, fait partie du
groupe des premiers compagnons recrutés avant le voyage à Rome [ de
1210 ]. [ ... ] »
****
« Léon entra dans la fraternité vers 1215, après le voyage à
Rome [ de 1210 ]. Ordonné prêtre, il devint le confesseur de François.
[ ... ] »
[
Ce sont les trois signataires de la lettre de Greccio du 11 août
1246 à Crescent de Jesi. Ils
sont tous les trois enterrés dans la basilique Saint-François
d'Assise. ]
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