mardi 17 novembre 2020

Celle qui se donne à voir

Pour le vingt-septième cycle du premier mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« La plus ancienne apparition mariale en Occident, au sens où nous l'entendons de nos jours, remonterait au Ve siècle, attestée par la légende [ du XVe siècle ] : [ ... ]

« [ ... ] selon une [ vénérable ] tradition séculaire, la Vierge se serait manisfesté à une malade sur le mont Anis, là où se dresse à présent la cathédrale du Puy-en-Velay.

« L'événement a eu lieu selon toute vraisemblance sous l’épiscopat de Scutaire (415-430) – période d'essor de la piété mariale qui précède immédiatement le concile d’Éphèse [ qui définit la Virginité perpétuelle de la Mère de Dieu. ]

« Le récit est sobre : une femme atteinte de malaria se rend sur la montagne jusqu'à une pierre plate passant pour guérir les fièvres ; [ ... ]

« [ ... ] s'étant allongée sur le dolmen, elle s'endort et voit « la Souveraine du monde, la Vierge Marie, Mère du Dieu tout-puissant » escortée d'anges, qui lui révèle qu'elle se réserve ce lieu pour le protéger.

« La femme se réveille guérie. Elle va chez l'évêque, lui conte son aventure. L'homme de Dieu, à la tête de son clergé, gravit la pente du mont Anis.

« Merveille, on découvre au sommet une neige épaisse, alors qu'on est en pleine été ! Nouveau prodige : un cerf surgit d'un hallier y trace de ses bois le plan de la future église.

« L'évêque fait entourer l'aire sacrée d'une palissade ; plus tard on édifiera un sanctuaire, la « chambre angélique », noyau de l'actuelle cathédrale. »

Cf. Joachim Bouflet (2000) – Faussaires de Dieu – Le discernementL'objet du discernementInterventions marialesMarie se donne à voir

Bouflet tire de ce premier récit six critères de discernements « qui structurent toute mariophanie » dans une recherche d'authenticité des faits surnaturels :

  • l'intervention céleste

  • le témoignage du récipiendaire

  • le message qu'il transmet

  • les signes miraculeux attestant une origine divine

  • les fruits d'une dévotion sanctionnée par l'autorité ecclésiastique

  • l'institution d'un culte et / ou l'édification d'un sanctuaire

« [ Un ] grand principe ecclésiale [ veut que ] l'ordinaire du lieu a [ la ] grâce d'état et [ la ] faculté de juger des faits d'apparence surnaturelle survenant dans son diocèse [ ... ]. »

La sanction ecclésiastique et ses résultantes institutionnelles indiquent qu'il s'agit en définitif d'un critère d'autorité.

L'enquête de Bouflet ne manque pas de témoignages et de signes miraculeux qui ont été refusés par l'autorité ecclésiastique parce que leur message ou les fruits de leur dévotion ne lui paraissaient pas recevables.

Cette sanction institutionnelle a sa raison d'être mais elle repose préalablement sur la recherche d'un objet improbable : une théophanie qui dans les faits s’insère toujours dans la subjectivité du récipiendaire.

Pour ce qui est de la Souveraine du monde qui délivre le message, la chambre des anges avant d'être celle de la Vierge Marie fut sur le mont Anis comme sur le berg d'Alsem – au Sud de Bruxelles – le sanctuaire de la déesse Artémis.

On pont supposer – sans trop solliciter la légende – que la dame qui s'est endormie sur son dolmen est une figure de la tradition ancestrale qui a trouvé dans la définition dogmatique du concile d’Éphèse une nouvelle vigueur.

L'autorité de son siège épiscopal est dès lors d'une certaine façon supérieure à celle du siège patriarcal qui en lui transmettant son pallium la reconnaît pour Mère dans sa demeure antérieure qui est celle du cerf.

Le cerf est selon toute vraisemblance une figure païenne du dieu Pan sur la face ancestrale du Janus qui règne avec le Christ sur l'âge d'Or.

   

    

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