lundi 2 novembre 2020

Une femme au milieu des flammes

Pour le treizième cycle du premier mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Dans aucun document concernant les Celtes, on ne peut trouver de référence à une fête solaire qui aurait été célébré au solstice [ d'été ].

« Les fêtes celtiques sont bien connues : elles se déroulent toujours quarante jours après un solstice ou un équinoxe, au début [ des mois ] de novembre, de février, de mai et d'août.

« Les monuments qu'on pourrait classer comme solaires – par exemple le temple circulaire de Stonehenge [ ... ] – appartiennent à une civilisation bien antérieure à l'arrivée des Celtes. [ ... ]

[ Mais le Cercle des Pierres bleues qui organise la partie la plus récente de ce temple – celle du mois synodique et du Cercle de Sarsen – pourrait correspondre à leur fêtes calendaires. ]

« En fait, dans le culte, comme dans la mythologie des Celtes, tout ce qui se rapporte au soleil paraît bien être un héritage d'une civilisation antérieure, plus ou moins intégrée par les Celtes. »

« Car il existe des éléments solaires dans la tradition celtique, mais très discret, et d'une signification ontologique.

« Certes, il y a un dieu que César compare à l'Apollon gréco-romain. Mais César n'en parle pas comme un dieu solaire : c'est une divinité guérisseuse, une divinité des sources, [ ... ].

« [ ... ] Cet Apollon celtique porte, en Gaule et en Grande-Bretagne, des épithètes caractéristiques : Grannus et Belenus.

« Belenus [ ... ] est facile à comprendre : cela veut dire « brillant ». Quant à Grannus, on y retrouve le même radical que dans le mot gaélique « grian » qui signifie « soleil ».

« Il est d'ailleurs [ ... ] vraisemblable que Belenos soit présent dans la toponymie du pays cathare, sous la forme de « Bel » [ ... ], ce terme étant souvent confondu avec l'adjectif qui signifie « beau », et qui n'est pas d'origine latine.

« Mais le nom de Grannus est [ aussi ] reconnaissable dans le village de Granès, [ ... ]

« En réalité, la fonction solaire de la divinité, son rayonnement, son caractère émanant, apparaissent davantage dans une figuration féminine, une antique déesse [ du ] Soleil dont les aspects [ ... ] altérés sont devenus ceux d'une héroïne légendaire [ ... ].

[ Markale y retrouve « la blonde Iseult » en mettant en exergue la couleur de ses cheveux pour lesquels nous évoquions Mélusine devant sa psyché : autant d’attributs pour leur éponyme sur la voie fluviale – Artémis aux flèches d'or. ]

« Belenos a en effet en Gaule [ un ] équivalent féminin – Belisama – dont le nom [ ... ] est un superlatif signifiant [ la ] « très brillante ».

« On la connaît par plusieurs inscriptions de l'époque gallo-romaine, en particulier sur une pierre trouvée à Saint-Lizier, dans l'Ariège, qui l'assimile à la Minerve latine.

« Mais en Grande-Bretagne, cette même Minerve est identifiée comme étant la déesse Sul, dont le nom ne fait aucun doute : il s'agit d'une déesse [ solaire ].

« N'oublions pas que dans les langues celtiques et germaniques, le soleil est du genre féminin et la lune du genre masculin, ce qui fausse souvent les interprétations des grandes légendes [ mais qui explique les métaux des arcs pour les enfants de Lètô. ]

« Ainsi, Siegfried, le personnage central des Nibelungen, n'est-il pas un héros solaire, mais un « homme-lune », et c'est la valkyrie Brünhild ou Sirgdryfa, présentée comme prisonnière dans une citadelle entourée de flammes qui est la femme-soleil. » [ ... ]

Cf. Jean Markale (1986) – Montségur et l'énigme cathare – Catharisme et druidisme

Disons sobrement que si le Soleil éclaire la Lune – sauf sous la Lune noire – c'est la Lune qui polit son miroir. La légende de Tristan et Iseult s'inscrit dans le rythme archaïque du mois sidéral qui est aussi celui de la femme.

Et rappelons que Marie de Magdala fut littéralement sous la métaphore une femme au milieu des flammes dans le maqâm solaire d'Amon-Râ.

Pour le dualisme auquel Markale consacre un chapitre, le Bien souverain et originel correspond à l'Un sans second qui est sans début ni fin puisqu'il est à la fois le Premier et le Dernier des nombres – leur Alpha et leur Oméga.

C'est seulement avec l'apparition du second qu'ils acquièrent une valeur relative l'un par rapport à l'autre où le mal apparaît comme une absence de bien dans une relation d'équilibre qui les réintègre dans leur origine à la fin du cycle où ils s'affrontent.

Dans cette relation d'équilibre, le Bien souverain prédomine au début du cycle tandis que le mal abonde vers la fin au fur et à mesure que le cercle se referme sur une nouvelle origine – celle du jour qui vient.

Cette réintégration cyclique ne reconstitue pas le « monisme » que Markale oppose au dualisme en l'identifiant au druidisme ou au mazdéisme. Le Bien souverain se tient toujours en-deçà de la sphère qu'il transcende dans son combat contre le mal.

Il ne s'agit pas ici du monisme « matérialiste » que nous observons dans le scientisme positiviste mais d'une contre-partie psychique qui n'est guère plus engageante et qu'on peut qualifier par défaut de « spiritualiste ».

L'un est dans le deux mais le deux n'est pas dans l'Un.

C'est l’asymétrie sans réciprocité qui fonde l'altérité en dehors de la dualité.

   

    

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