vendredi 6 novembre 2020

Un divin murmure qui se remémore

Pour le dix-septième cycle du premier mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« C'est par la vertu [ du Graal ] que le phénix se consume et devient cendre ; mais de ces cendres renaît la vie ; c'est grâce à [ ce Graal ] que le phénix accomplit sa mue pour reparaître ensuite dans tout son éclat , aussi beau que jamais.

« Il n'est point d'homme si malade, qui, mis en présence de [ ce Graal ], ne soit assuré d'échapper à la mort pendant toute la semaine qui suit le jour où il l'a vu(e). Qui [ le ] voit cesse de vieillir.

« À partir du jour où [ ce Graal ] leur est apparu(e), toutes les femmes et tous les hommes reprennent l'apparence qu'ils avaient au temps où ils étaient dans la plénitude de leurs forces.

« S'ils étaient en présence de [ ce Graal ] pendant deux cents ans, ils ne changeraient pas ; seuls leurs cheveux deviendraient blancs. [ Ce Graal ] donne à l'homme une telle vigueur que ses os et sa chair retrouvent aussitôt leur jeunesse.

« [ Il ] porte [ ... ] le nom [ du ] Graal. » [ dans le Perzival de Wolfram von Eschenbach tel que l'ermite Trévrizent le lui révèle. ]

Cf. Jean Markale (1986) – Montségur et l'énigme cathareMontségur et le Graal

Dans la révélation de Trévizent, nous voyons apparaître le phénix aux six mille lunaisons, la semaine des sept jours et une période de deux cents ans qui prolongent à la fin des temps les cohortes de l'âge de fer.

Les lunaisons du phénix sont en rapport avec les mois synodiques de trente jours ; tandis que les jours de la semaine le sont avec ceux du mois sidéral comme l'indique la somme de leur équation : « 1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 = 28 ».

La préservation des malades et la restauration des vieillards dans la force de l'âge qui les précède sont en relation avec la réalité cyclique du Graal qui est celle du phénix qui se manifeste tous les cinq cents ans dans la distribution des jours bissextiles.

La période de deux cents ans est en relation avec la dormition des dormants d’Éphèse et avec la vivification d'un « Din » islamique doté par ses « salaf » d'une périodicité séculaire mais qui recouvre pour le « tasarruf » des cohortes de six cents ans.

Le Noble Coran nous dit que les dormants ont été préservés pendant trois cents et neuf ans pour la correspondance des mois synodiques avec des années de 365 jours ; mais il nous dit aussi qu'Allâh sait mieux ce que cette durée représente.

Si les siècles sont des cohortes, la première est celle qui s'étend de la prédication du Messie au pèlerinage de l'Adieu par le Sceau des prophètes ; et ceux de la dormition, la période qui précède sa résurrection après celles des deux sceaux muammadiens :

Or, ils demeurèrent dans leur caverne trois cents ans,
auxquels s'en ajoutèrent neuf.

Dis : « Dieu est le mieux informé du temps qu'ils y ont passé,
car Il détient le mystère des Cieux et de la Terre.
Et nul n'entend ni ne voit mieux que Lui !
Les hommes n'ont point d'autre protecteur
car Il n'associe personne à Son autorité. »

« al-Kahf » – S 18 V 25 et 26

Dans le Parzival de Wolfram von Eschenbach, le Graal apparaît comme une pierre précieuse que Trévizent qualifie de « lapsit exillis » mais que l'auteur retranscrit avec son informateur provençal en « lapis », ce qui signifie « pierre » en latin.

Cet informateur que Wolfram identifie à Kyôt le Provençal trouve son information à Tolède dans un manuscrits en arabe ; ce qui laisse entrevoir encore une fois les sources mauresques et mozarabes des sarrasins.

René Nelli propose dans les années 1960 de compléter cette retranscription en qualifiant un aérolithe de « lapis ex cœlis » ; ce qui le représente « tombé des cieux » et quelque peu semblable à la pierre noire insérée dans l'angle de la Ka'ba à La Mecque.

Mais la chute du joyau évoque aussi l'émeraude qui s'est détachée du front de Lucifer quand on identifie le porteur de Lumière à l'étoile du Matin pour désigner Vénus ou Viviane dans les éclats virides et vivifiant des salants.

Quelque soit la pierre diaphane que le sel précipite dans l’obscurité translucide d'une œuvre transfigurée par le feu, elle se présente alors comme un « élixir » de la pierre philosophale qui la contient quand le Graal se présente comme son récipient.

Cet élixir, c'est la liqueur de l'ambroisie où le Lait de la Voie lactée se distille dans le Miel des abeilles qui apparaît comme un précipité solaire sous la lumière polaire des étoiles que le fou d'Elsa remémore avec le goût noir des mûres [ que ] garde la nuit.

Sous la rouelle des maures, le breuvage magique recouvre des tessitures moins lunaire ou plus méridionale que le Noble Coran réserve à ses contrées les plus paradisiaques comme l'indique la sourate de « Muammad » (sws) – cf. S 47 V 15 :

« Voici une image du Paradis promis aux croyants :

Il y coule des ruisseaux à l'eau toujours pure et limpide,
des ruisseaux de lait à la saveur inaltérable,
des ruisseaux d'un vin délicieux à boire,
des ruisseaux d'un miel pur et distillé.

Et des fruits de toutes sortes sont offerts aux croyants
avec le pardon de leur Seigneur. »

[ ... ]

Sous le Voile d'Isis (1929) et pour ses aperçus sur l'ésotérisme chrétien (1954), René Guénon identifie ces ruisseaux dans le langage secret de Dante et des fidèles d'Amour d'après un enseignement du Sheykh al-Akbar :

le Miel

la Science des normes sapientiales

ilm an-nawâmîs

le Lait

la Science des lois révélées

ilm ash-shrây'î

l'Eau

la Science absolue

ilm al-mutlaq

le Vin

la Science des états spirituels

ilm al-ahwâl

Dans les hymnes homériques, on évoque pour celui d'Hestia, une équivalence entre le Vin et le Miel à propos d'un rite mortuaire et il est impossible de ne pas identifier ce rire avec celui de l'Eucharistie où le Vin est toujours mêlé à l'Eau comme un Hydromel.

Dans sa conclusion aux trente-six attestations coraniques de l'Unité du chapitre 198 des « Futûât al-Makkiya » sur la connaissance du Souffle du Tout-Miséricordieux et de ses secrets, le Sheykh abd ar-Razzâq Yahyâ note que ...

« S'agissant de la Science reçue par inspiration divine, [ il s'agit de la Science des lois révélées où « en [ ... ] mentionnant [ ar-Ramân ] [ tel qu'Il S'est mentionné Lui-même ] [ le Sceau des prophètes a ] appris une Science de Sa part [ ... ] » ] [ ... ]

« [ ... ] la Dîme représente la part qui concerne les autres et [ qui ] doit leur être communiquée. Cette science est symbolisée par le Miel sur lequel – selon un hadith rapporté par Tirmidhî – la Zakât est précisément [ d'un ] dixième. »

Autrement dit, la Zakât en tant que Dîme sur le Tout d’al-Khalil est comme du Miel dans le chrême d'un Lait écrémée où d'après une Sagesse de l'arithmétique au sommet de l'échelle des arts libéraux, elle est comme le Nectar des normes sapientiales.

Ce « nec plus ultra » sera la quintessence de leur épanchement quand au moment de la Rencontre et de la remise des Dépôts « Dieu réduira à néant le profit usuraire et fera fructifier le mérite des aumônes. » – cf. S 2 V 276 dans la sourate « al-Baqara ».

   

    

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