dimanche 15 novembre 2020

Le monde jaune du Mandchoukuo

Pour le vingt-cinquième cycle du premier mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« À partir de 1930, [ le ] doute n'est plus possible. Une fraction notable du programme de l'Est [ l'action de sûreté ] partie essentielle et condition préalable de la manœuvre générale [ vers l'Ouest ] a fait visiblement long feu.

« La base asiatique, que l'on comptait aménager [ à l'arrière ] et dont on espérait utiliser les immenses ressources, échappe de plus en plus [ à la Russie soviétique ] ou est du moins fortement compromise. »

« Bientôt, la sûreté elle-même n'est plus assurée, et elle va être gravement remise en question par l'entrée en scène offensive du Japon. »

« Celui-ci déclenche en septembre 1931, avec 80 000 hommes – sept divisions – et sous prétexte de police, son opération de Mandchourie, qui durera deux ans et qui l'amènera jusqu'à Kharbin et Tsitsikar au Nord et jusqu'à l'occupation complète du Jehol au Sud.

« De janvier à mars 1932, les Japonais effectuent à Shang-Haï et dans la région avoisinante, un coup de force qui inquiète vivement toutes les grandes puissances. »

« Puis le Japon provoque en sous-main la création d'un État mandchou indépendant, le Mandchoukuo, qui, englobant la Mandchourie, se sépare de la Chine – le 9 mars 1932 – sous l'autorité d'un gouvernement républicain, [ ... ]

« [ ... ] avec un régent chef du pouvoir exécutif, Pou-Yi, qui n'est autre que l'ex-empereur-enfant de Pékin détrôné en 1911.

« Le Japon reconnaît le Mandchoukuo le 15 septembre [ 1932 ], le soutient vigoureusement malgré l'abstention des autres puissances, et exerce sur le nouvel État un protectorat effectif.

« En 1934, le Mandchoukuo est érigé en empire et Pou-Yi, sous le nom de Kang-Te, ceint la couronne dans l'antique capitale de Hsing-King, restaurée pour la circonstance. »

« Le Japon parvient, par une voie détournée, à rétablir à son profit, en Mandchourie, la situation qu'y avait la Russie [ tsariste ] en 1904. Il tend même à l'étendre vers la Mongolie intérieure, dans la province du Tchahar et la région de Dolonnor. »

« Cette expansion menace directement la Russie soviétique et sa situation en Extrême-Orient. De multiples incidents [ ... ] affichent cet antagonisme violent. Le Japon consolide de plus en plus sa situation en Mandchourie. Il organise l'armée du Mandchoukuo.

« Il procède à une construction intensive d’aérodromes, de routes, et surtout de chemin de fer. De nombreuses [ nouvelles ] voies ferrées [ ... ] sont établies en direction du Nord et de la vallée de l'Amour : [ ... ]

« [ ... ] voies du port de Rashin à Kharbin, de Taonan à Suolon, de Hei-Ho, de Tumen-Ninguta-Soungari ... orientées visiblement pour faciliter les transports stratégiques vers la frontière sibérienne, de Blagoveschenk à Khabarovsk.

« L'effort japonais encercle patiemment certaines avancées [ soviétiques ] comme [ au ] Sud de la Province Maritime, par exemple, où Vladivostok, très déchu de son ancienne prospérité économique, serait en cas d'hostilités, très [ isolé ] et sérieusement compromis.

« Le souci de la guerre aérienne future pousse naturellement le Japon à s'entendre largement sur le continent, afin de reculer le plus possible les terrains de départ [ soviétiques ] et de s'étaler au maximum en surface pour des raisons de sécurité.

« La Mandchourie est toujours le glacis indispensable au Nippon, mais autant et plus pour des motifs aériens que pour des motifs terrestres. Tous ces préparatifs sont manifestement orientés contre la Russie [ soviétique ].

« Le Japon semble reprendre, avec beaucoup plus d'ampleur que jadis, ses projets sibériens de 1919-1922, qui ont avorté la première fois. Il se met, de plus, en travers de ceux que les Soviets nourrissent à l'égard de la Chine.

« Dans ce secteur, où la situation [ soviétique ] était en 1925, après le traité avec le Japon, assez claire, relativement satisfaisante, dégagée de tout danger immédiat, la position s'est considérablement modifiée en sept ou huit ans, et en mal [ pour l'Union soviétique ].

« La sûreté [ orientale ] est a peu près ruinée dans cette fraction de la zone de l'Est, à moins d'y consacrer en permanence de gros moyens, et le programme [ général ] de Moscou [ vers l'Ouest ] reçoit de ce fait une atteinte profonde. »

Cf. Amiral Castex (1935) – De Gensis-Khan à Staline ou Les vicissitudes d'une manœuvre stratégique (1205-1935) – Complication dans l'Est

« C'est le pire qui pourrait arriver à la manœuvre soviétique. Cette défaite morale l'anéantirait totalement.

« Le Japon lui ravirait sa conception essentiel, en prenant la tête du monde jaune et même asiatique, à la faveur d'une expansion non freinée, [ ... ]

« [ ... ] en exploitant une poussée de sentiment analogue à celle qui s'est manifesté dans toute l'Asie à la suite de la guerre russo-japonaise. »

Cf. Amiral Castex (1935) – De Gensis-Khan à Staline ou Les vicissitudes d'une manœuvre stratégique (1205-1935) – La manœuvre soviétique en panne face à l'Est

Le monde jaune dont le Japon serait la tête, c'est tout l'Orient dans le domaine des Mongols bleus. Le monde asiatique c'est la rive orientale du Rhin et celles du Danube en période de crue quand leurs alluvions refluent depuis le delta de la Volga.

« 1931 – 1945 »

   

    

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