samedi 21 août 2021

Sous le Baucéant

Pour le vingt-et-unième cycle du septième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

Dans le chapitre qu'il consacre à l'arrestation des Templiers en octobre 1307, Markale reprend les cinq chefs d'accusation retenus par Philippe le Bel à leur encontre :

« Jusqu'à la fin du XIXe siècle, les historiens ont généralement accepté [ l'authenticité ] de [ ces ] chefs d'accusation [ ... ]

« Depuis une centaine d'année [ en 1986 ] [ la plupart d'entre eux ] ont adopté une attitude diamétralement opposée [ en affirmant ] que tout [ ne serait ] qu'invention dans les accusations portées contre le Temple.

[ Markale qualifie cette conversion de curieuse mais nous la tenons pour la conséquence diffuse et logique d'une installation dans les commanderies au sommet du rite de York. ]

« Certains vont même jusqu’à [ comparer ces affabulations ] aux fameuses « chasses aux sorcières » des XVIe et XVIIe siècles.

[ Markale cite Heinrich Finke et Norman Cohn qui justifient ce retournement par un anachronisme flagrant. ]

« Quant aux auteurs ésotériques, ils ont tendance à croire en cette réalité, mais sous une forme plus symbolique. »

Cf. Jean Markale – Qui étaient les TempliersLe Temple en accusation (1986)

Markale cherche une position médiane entre deux extrêmes et réfute ou relativise ces accusations pour ne garder que la première d'entre-elles qu'il juge incontestable :

« Le [ triple ] reniement de Jésus » accompagné d'un rite d'exécration sur la Croix.

Markale distingue Jésus du Christ dans une sorte de monophysisme incongru mais reprend les aveux spontanés de Geoffroy de Cernay qui évoque plutôt son contraire :

« [ ... ] le même frère [ celui qui lui apporte un crucifix ] me dit de ne pas croire en celui dont l'image était là représentée, parce que c'était un faux prophète, et qu'il n'était pas Dieu. Il me fit renier Jésus-Christ trois fois, de la bouche, non du cœur. »

Cette formule – « de la bouche, non du cœur » – paraît si fréquente dans l'aveu à l'inquisition qu'on peut l'entendre comme une modalité du rite.

La négation de la divinité du Christ pourrait n'être que celle du « Scutum fidéi » où le Fils apparaît comme une créature subordonnée au Père et à l'Esprit.

Quant au triple reniement des Templiers, c'est d'abord celui de Pierre pour les évangiles synoptiques – cf. Matthieu XXVI ; Marc XIV et Luc XXIII :

« Avant que le coq chante [ deux fois chez Marc ] tu m'aura renié trois fois. »

Mais il peut y avoir un sens caché dans le chant du gallinacé qui représente la Gaule chevelue pour l'Abraxas aux trois cents soixante cinq éons.

Le crucifix sur lequel on crache est l'instrument du supplice qui surprend au XIIIe siècle et qui choque sans doute une sensibilité chevaleresque.

Les chevaliers ne sont pas des mendiants :

Dans l'iconographie de Bernard de Fontaines, on ne sait si le Christ veut descendre de sa Croix ou si le Saint l'y maintient par une accolade fraternelle.

C'est une scène du XVIIe siècle aussi étonnante que l'entrecroisement sur la Croix de la main du Christ avec celle de son alter ego qui représente la mystique franciscaine.

Son prototype où le sang du Christ se substitue au lait de la Vierge ne daterait que du XVe siècle chez Giovanni Benedetto Castiglione.

Donc, nous regardons cette exécration avec un regard qui s'est converti [ ou pas ] au XIXe siècle mais à travers une iconographie et une théologie qui restent anachroniques.

« [ ... ] l’étendard du Temple, le fameux Baucéant [ ... ] était Noir et Blanc. On ne peut pas trouver meilleur symbole pour exprimer la dualité. À moins qu'il ne s'agisse d'une réalité unique à double visage. »

« Pour [ Saint Bernard ] le retour à l'unité de l'Être ne pouvait se faire que par l'exemple du Chist. Mais quel Christ ? Celui qui était mort sur la Croix, ou le Christ triomphant qu'on voit au porche de certaines églises romanes ? »

Cf. Jean Markale (1986) – Op. Cit. – La fondation du Temple [ en 1128 ]

   

    

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