lundi 30 août 2021

Le Janus baphométan

Pour le vingt-septième cycle du septième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« [ Gérard de Paragio ] déclare [ dans sa déposition ] que « celui qui l'a reçu dans l'Ordre [ des Templiers ] lui montra une croix de bois, et lui demanda s'il croyait que ceci fut Dieu.

Il répondit que c'était l'image du Crucifié. Le frère Baudoin lui dit : « Ne le crois pas, c'est un morceau de bois : Notre-Seigneur est dans les cieux... »

Cependant, [ il ] ajoute [ que ] « tous les vendredis on adorait la croix, les pieds déchaux, avec le plus grand respect, dans les maisons du Temple. » [ ... ]

« C'est un rite [ « spuitio super crucem » ] destiné à rappeler le reniement de saint Pierre. » [ « À preuve le reniement imposé « trois fois » à Jean Anglici. » ] [ ... ]

« [ ... ] dans toutes les provinces [ de l'ordre ] [ les Templiers ] avaient des idoles, [ ... ] des têtes dont quelques-unes avait trois faces et d'autres une seule [ ... ] » [ cf. art. 46 de l'acte d'accusation publié par la Cour de Rome. ]

« [ ... ] d'après Hugues de Perando, [ la tête ] était monté sur quatre pieds, dont deux de coté de la face et deux par derrière.

« Elle a trois visages pour André Armani [ « Certain frères lui en attribuent même quatre » note Charpentier ] [ elle en a ] deux pour Guillaume d'Arteblay [ ... ] »

Cf. John Charpentier – L'ordre des Templiers – Hérésie (1972)

« Restent les explications que l'on a données du mot Baphomet. On l'a orthographié de diverses manières : « Baphomet », « Bafumet », « Bahomet », « Bahumet », et fait dériver du nom de Mohammed selon la loi du moindre effort, qui a du bon.

« Avec d'avantage d'ingéniosité, on s'est demandé s'il ne venait pas phonétiquement de « Mauffe », « Maufé », locution courante au Moyen Âge pour désigner le diable. [ Il s'agit alors d'une ingéniosité maligne ou d'une malignité ingénue. ]

« Mais c'était revenir à l'étymologie première, puisque les Croisées donnaient communément au prince des ténèbres le nom, plus ou moins estropié ou défiguré, du prophète des infidèles... [ Celui des musulmans ]

« Il se peut que les postulants Templiers aient ainsi désigné l'idole imposée ou proposée à leur adoration, dans les chapitres où ils étaient reçus.

« De plus savant chercheurs ont tiré « Baphomet » de « Baphé » qui, en grec signifie « baptême », et de « Meteos », initiation. Étymologie [ en partie ] contestable.

« Hammer-Purgstall voit dans l'emploi de ce mot la preuve de l'influence des doctrines orientales sur les Templiers et de leur affiliation [ supposée ] à la Gnose.

« Le baptême gnostique était un baptême du feu, il est vrai. Il se faisait, non par l'eau lustrale, mais le renouvellement, au bénéfice du catéchumène, de la descente de langues de flammes qui s'était produite pour les apôtres. » [ À la Pentecôte ]

[ Cette définition permet d'écarter l'hypothèse ; mais il y a autant de gnoses qu'il y eût de gnostiques en dehors des dogmes de la grande église. ]

« Dans le domaine des conjonctures où tout ceci nous entraîne, il n'est pas déraisonnable de supposer que les images baphométiques du Temple se présentait sous l'aspect d'une sorte de Janus [ ... ] une face tournée vers l'avenir, l'autre vers le passé, [ ... ]

« [ ... ] ou encore, celle-ci regardant vers l'Orient, celle là vers l'Occident. La première était rasée comme nos chevaliers ; la seconde, barbue comme les sarrasins. »

« Quand on sait [ ... ] que le patron des Templiers était Jean – le Baptiste – on peut penser qu'il s'opposait, dans la figuration présumée, par l'idole des civilisations chrétienne et musulmane, à Mohammed – « Mahomet » – le prophète de l'Islam.

« Qu'on écrive [ ... ] maintenant, côte à côte, [ le nom ] du saint et [ celui ] [ du Sceau des prophètes, ] on obtient par contraction [ ... ] au milieu de ce mot composé, l'énigmatique vocable : « Baphomet ». [ ... ]

Cf. John Charpentier – L'ordre des Templiers – Hérésie (1972)

Charpentier note qu'il est impossible « de trouver trace de manichéisme » dans la figuration du Janus. Il oppose néanmoins ses faces dans sa représentation des deux civilisations.

Dans la symbolique métaphysique de la Croix, la complémentarité des faces latérales ou transversales suppose une lieu d'élévation qui relie le Nadir à son Zénith. Ce lieu d'élévation quand il relie le Baptiste au Sceau des prophètes, c'est celui du Christ.

   

    

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