Le porte-croix

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« Que d'invraisemblables romans ont été écrits pour conter que Jésus n'a pas été crucifié ou n'est pas mort en croix !

«  Cela commence avec le gnostique Basilide, persuadé que Simon de Cyrène a pris sa place.

[ C'est la Badaliya de Louis Massignon à Bagdad. ]

« Métamorphosé d'un coup de baguette magique, le porte-croix aurait revêtu les traits de Jésus tandis que celui-ci – assistant à son propre trépas au milieu de la foule, se serait amusé du bon tour qu'il venait de jouer aux grands prêtres !

« Les motifs sont théologiques : Dieu fait homme ne peut mourir sur une croix !

« Il faut donc qu'il y ait eu substitution au dernier moment ou que la divinité se soit subitement retiré de sa personne. [ C'est le motif docète que Petitfils prête aux Ébonites. ]

« Confondant Jude – l'un des frères de Jésus – avec l'apôtre Thomas, autrement dit Didyme – « le jumeau » – certains gnostiques ont supposés que « Jude Thomas » – jumeau et sosie du Christ – avait été crucifié à sa place. [ Dhû'l-Kifl ]

« Au reste, selon ces mêmes doctrines ésotériques, Jésus est-il vraiment homme ?

« N'en a-t-il que l'apparence ? Le Coran – qui a puisé dans les apocryphes chrétiens de Syrie – assure lui aussi que c'est la « ressemblance » de Jésus qui a été crucifiée. »

Cf. Jean-Christian Petitfils suivant Roger Arnaldez pour le « fils de Marie » comme « prophète de l'Islam » (1980) – Jésus – La mort [ et ses ] causes (2011)

Au demeurant, cette ressemblance est une apparence qui est celle de sa mort. Il ressuscite avant de mourir dans son microcosme et meurt avant de ressusciter dans son macrocosme.

C'est sa Parousie. Et il n'est pas sûr que le messie d'Israël doive être tenu pour un des prophètes de l'Islam avant cette apocalypse qui est celle de son premier témoin – le Sceau des prophètes étant le second.

À propos de son témoignage, Jean écrit – cf. Jean XIX 35 :

« Celui qui a vu [ la Crucifixion ] a rendu témoignage et son témoignage est conforme à la Vérité [ celle que la première épître johannique identifie à l'Esprit ] et d'ailleurs Celui-là [ l'Esprit de vérité ] sait qu'il dit vrai [ celui qui a vu ] afin que vous aussi vous croyiez. »

Dans la première épître johannique, c'est l'Esprit, l'Eau et le Sang du Christ qui témoignent – ceux de son Baptême, de son Eucharistie et de sa Passion – mais l’Évangile laisse aussi entendre une distance entre le narrateur et son témoin.