mardi 21 février 2023

La tasliya de la khutba

...

« La « khutba » [ des « Futûhât » ] stricto sensu est suivie du poème qui dédie l'ouvrage au seykh abd al-Azîz Mahdawî et constitue avec elle l'ensemble du prologue.

« On relèvera dans ces vers – comme dans le passage en prose qui se trouve immédiatement après – la mention de personnages [ ... ] que l'on rencontre en d'autres œuvres d'ibn Arabî – dans le « Rûh al-Quds » ...

« ... et surtout celle de Badr al-Habashi qui fut pendant vingt-trois ans le compagnon du Sheykh al-Akbar.

« Plusieurs indications dans le poème évoquent le statut initiatique exceptionnel de ces hommes mais aussi [ ... ] celui d'ibn Arabî lui-même qui affirme là sans équivoque qu'il n'aura pas de successeur : ...

« ... précision à retenir car elle confirme celle qu'on trouve en divers endroits du corpus akbarien et d'où l'on peut conclure que la fonction de Sceau [ « Khatm » ] de la sainteté muḥammadienne n'est pas transmissible.

« Cela, nul n'est obligé de l'admettre. Du moins conviendrait-il de ne pas attribuer à ibn Arabî sur ce point une autre position que la sienne. »

Cf. Une introduction à la lecture des « Futûhât Makkiyya » – Michel Chodkiewicz (1988)

La charge de Chodkiewicz fait mention de « la thèse de la transmissibilité de la fonction » soutenue d'après son ouvrage sur le Sceau des saints « à plusieurs reprises » par Muammad Wafâ, Qushâshî et Amad Tijânî « ... »

Mais comme il est ensuite question des « turuq » qui la soutiennent « toujours aujourd'hui » en 1988, il est claire que la « tarîqa » tijâne est ici la seule concernée par une réfutation qu'il étend sous cet artifice à des cas imaginaires et anecdotiques.

Pour Aḥmad Tijânî – qu'Allâh préserve son précieux secret – Chodkiewicz produit sa propre réfutation en citant la « Bughyat al-Mustafîd » de Muḥammad al-Arabî al-Umarî a-Tijânî où il est dit ...

« ... que le sheykh Aḥmad Tijânî [ a ] reçu l'annonce de son élection à cette fonction du Prophète lui-même au cours d'une vision à l'état de veille » ... d'où il théorise – à partir d'une source qu'il n'a pas pu consulter – l'idée ...

« ... que la « khatmiyya » est un degré théoriquement accessible à tout être et non une fonction unique dans l'histoire » théorisée par le docteur abû'l-Wafâ Taftâzânî en 1969.

Théorie qui peut rester théorique dès lors que la fonction ne fut pas transmise à Aḥmad Tijânî par le Sheykh al-Akbar mais directement et seulement par le Sceau des prophètes.

Ce qui n'est pas tout à fait le cas du Sheykh al-Akbar contrairement à ce que suppose Chodkiewicz quand il affirme que l'Imam ne se considère « que comme le substitut – « nâ'ib » – de la Réalité muḥammadienne qui est invisiblement le seul véritable Sceau. »

Affirmation deux fois restrictive que le Sceau des prophètes réfute lui-même dans la « tasliya » de la « khutba » des « Futûhât » en justifiant la louange « de Celui qui m'a envoyé et la mienne » – celle du Messager d'Allâh ...

« Car en toi [ chez le Sheykh al-Akbar ] il y a une parcelle [ un cheveu ] de moi [ du Prophète ] qui ne peut plus plus supporter d'être loin de moi [ du Prophète ] et qui gouverne ta réalité intime » [ celle du Sheykh al-Akbar ].

Une parcelle seulement – ou un cheveux – puisque le Sceau général de la sainteté est à la fois le « nâ'ib » de la Réalité muḥammadienne et celui de la sainteté la plus absolue dont le Christ est sa propre Réalité.

L'imam du Taḥwid n'eût pas à transmettre la fonction du Qutb al-Maktum ; pas plus que le Christ n'a transmis sa Réalité au Sceau des prophètes. Et le Messager d'Allâh n'aura pas à transmettre Celle que le Christ recevra de Dieu pour sa parousie.

   

    

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