jeudi 2 février 2023

Sous le soleil du Lam yakun

...

« Seul atteint le degré de « l'ihsân », de la perfection [ ... ] celui « dont le soleil se lève dans le « Lam yakun », dans le « il n'est pas » [ que nous qualifions d'incréé ], ...

« ... cette négation de son être illusoire qu'il lit dans les deux premiers mots de la sourate « al-Bayyina » [ S 98 ] et qui est la réplique du « kun ». [ « Lam yakuni'l-ladhîna... ] »

« Ces deux mots, ibn Arabî choisit de les isoler de la proposition à laquelle – syntaxiquement – ils appartiennent [ mais qu'on retrouve dans le dernier verset de « l'Ikhlâṣ » [ S 112 V 4 ] où nous l'avons trouvé ] : ...

« ... tout élément du discours divin – mot, lettres, point diacritique – est signifiant en lui-même, indépendamment de la signification qu'il peut avoir en relation avec d'autres.

« La vibration de ce terrible « Lam yakun » actualise l'instant d'éternité où « l'homme n'était pas chose mentionnée ». Elle lui rappelle que le « kun » qui l'a existencié [ sic ] ne lui donnait pas d'être propre.

« Tout le « Kitâb al-Fanâ fî'l-Mushâhada » part de ce segment de verset pour aboutir au « hadîth » sur « l'ihsân » qui – justement – définit la perfection.

« Par l'introduction d'une césure qui – grammaticalement – n'est pas moins arbitraire que celle qui sépare « Lam yakun » de son contexte coranique, l'expression « in lam takun tarâhu » – « Si tu ne Le voit pas... » – révèle le secret de la vision : ...

« ... ce que le « abd » [ le serviteur ] entend dans cette proposition conditionnelle, c'est « si tu n'es pas – « in lam takun » – tu Le vois. »

Cf. Michel Chodkiewicz – Un océan sans rivage. Ibn Arabî, le Livre et la Loi – « Ceux qui sont perpétuellement en prière » [ S 70 V 23 ] (1992)

Après notre évanouissement à Fès, nous fûmes revenus d'un état entre Fès et Tanger où nous avions cru mourir et d'où huit mots du Noble Coran s'étaient levés en nous devant la perspective de l'anéantissement.

Huit mots qui n'étaient que cinq – un fixe et trois mobiles avec deux articulations qui s'opposaient dans notre entendement à la divinité du Christ alors que les derniers d'entre-eux ne pouvaient correspondre ici qu'à la « aḥadiyya » d'aṣ-Ṣamad :

« Lam yalid [ wa ] Lam yûlad [ wa ] Lam yakun »

Nom divin auquel nous avons donné un sens plus conforme à notre expérience comme Substance consubstantielle dont chacun tire sa propre subsistance.

Or ce mot fixe qui nous était parvenu, nous l'avions déjà rencontré sur le Carmel – ou plus exactement dedans – mais sous une autre forme avant de nous rendre à Jérusalem où nous avions rendu notre « shahâda » pour accéder au « haram » ash-Sharîf :

« Nada » – « Nada » – « Nada »

Cette disposition de la providence nous a permis de nous prosterner devant sa « qibli » dans le « maqâm » al-Aqsa avec la saveur de nos inclinations du val d'Or.

Nous y avions pris l'habitude en entrant dans la basilique de nous incliner derrière notre consolateur – ou plus exactement de nous incliner dans l'inclination du Prieur afin que la nôtre dépossédée d'elle-même fût parfaite.

Sans quoi aucune de ces grâces ne nous eût été donnée.

« ... sous le soleil du « Lam yakun » [ de l'incréé ] que le nuage du « wujûd aynî » [ l'être de l'existence ] ne voile plus, le « abd » se consume et s'éteint dans une dernière prosternation ».

« Alors disparaît ce qui n'a jamais été et subsiste ce qui n'a jamais cessé d'être ».

[ Citation d'ibn Arabî qui se rattache expressément au thème du « Lam yakun ». ]

« ... sous le soleil du « Lam yakun », le serviteur n'est plus qu'un nom. [ Celui ] que nommait ce nom a franchi sans retour le dernier seuil. »

Ici s'achève le livre de Chodkiewicz et commence son « océan sans rivage ».

   

    

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