mardi 28 février 2023

La théophanie des prototypes

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« Ici [ dans le quatorzième chapitre des « Futûhât » ] se situe le récit de la vision de Cordoue – [ celles des prophètes ] – et la révélation du nom emblématique de vingt-cinq des Pôles qui régirent les communautés antérieures à l'Islam. »

Bien que l'article indéfini induit une multiplicité indéterminée, le nombre de ces pôles (25) correspond bien à celui des sagesses des « Fusûs al-Hikam » antérieures à celles dont il faut rendre compte ensemble à la fin (2) – celles de Khalid et de Muḥammad.

Antérieures à ces dernières mais comprenant leur origine avec celle d'Adam (1) qu'il faut tenir à part dans l'économie du « manvantara » – la grande année cosmique – où elle représente dans la matrice arithmétique du récit biblique son « manou ».

« L'un d'eux est désigné par ibn Arabî comme « Mudâwi'l-kulûm » – « Celui qui guérit les blessures ». Il est décrit plus complètement au chapitre suivant.

« Les sciences qui lui sont attribuées [ l'alchimie, la médecine, l'astrologie et la cosmologie ] montrent qu'il s'agit ici d'Hermès ou plutôt du premier des trois Hermès que distingue la tradition islamique, celui qui est identifié à Idrîs – Hénoch. »

Ce qui démontre que ces pôles sont au moins dans son cas identifiables aux détenteurs de ces sagesses et qu'Hermès est à la fois Trois fois grands – « Trismégiste » – et triple dans la triade qui déploie sa grandeur à travers les cohortes du temps.

Chodkiewicz donne « les deux autres Hermès » pour « Hirmîs al-Bâbilî » – de Babylone – et « Hirmîs al-Mirsî » – l’Égyptien – faisant probablement d'Hénoch le premier d'entre eux que nous identifions à « Thot » en lui associant Hermès et Mercure.

Nous justifions notre point de vue par un passage de la mythologie gréco-romaine à la prophétologie orientale là où Chodkiewicz ne fait que rendre compte d'une présence de la tradition hermétique en Égypte et en Mésopotamie.

Et surtout, nous faisons de ces avatars une loi du genre qui persiste à travers ses triades (5) pendant tout le « kali-yuga » ; rendant compte par là-même de la théorie des trois sceaux qui illustre celle du « Sceau des saints » dans le champ akbarien.

« Il n'y a – au-dessus [ des serviteurs de Dieu ] – que le degré de la Prophétie. Leur station – [ celle des serviteurs ] –  est celle que l'on désigne par [ celle ] de la Proximité – [ le ] « maqâm al-Qurba ».

« Leur verset spécifique dans le [ Noble ] Coran est « des houris recluses dans les tentes » – cf. S 55 V 72 – [ qui vivent « enfermés dans la tente des actes ordinaires et des dévotions usuelles ». ]

Dans cette citation, Chodkiewicz ajoute à la prophétie « [ légiférante ] » rendant compte de la théorie qu'il prête par ailleurs à l’Émir abd al-Qâdir pour faire de certains saints des prophètes non légiférant.

Cette théorie est selon nous la conséquence d'une incompréhension générale dans la constitution des triades, en particulier dans celles qui constituent les cohortes de la « walâya » :

- la triade « akbarienne » [ 'Isâ / Muḥammad / Muḥyi'd-Dîn ] où Muḥyi'd-Dîn [ ibn Arabî ] est le Sceau général de la sainteté absolue d'Isâ ibn Maryam

- et la triade « aḥmadienne » [ Muḥammad / Muḥyi'd-Dîn / Aḥmad ] où Aḥmad [ at-Tijânî ] est le Sceau spécifique de la sainteté muḥammadienne.

« ... chacun des cent vingt-quatre mille prophètes qui se sont succédé au cour de l'histoire constitue le prototype d'un mode particulier de réalisation spirituelle » doit pouvoir se lire « 1 + 24 + 1.000 » ; toujours dans l'antériorité des « 2 » de l'Islam qui font « 27 ».

Ce dont Chodkiewicz rend compte à sa façon : « Pour user d'un symbolisme numérique auquel ibn Arabî recourt souvent, le nombre « 1.000 » tire toute sa réalité du « 1 » sans laquelle il n'est rien. » [ ... ]

« La notion de théophanie se révèle ici capitale : les trois zéros de « 1.000 » [ ... ] sont par eux-même inexistants. Mais précédés du « 1 », ils expriment la série des épiphanies par lesquelles ce « 1 » principiel [ sic ] se manifeste à lui-même et dont chacune est unique, ...

« ... fulguration instantanée d'un Nom qui n'est pas Dieu [ mais ] qui n'est pas autre que Dieu » [ et où Adam apparaît dans la triple théophanie des trois épiphanies comme le vicaire de cette unité « principielle ». ]

Cf. Une introduction à la lecture des « Futûhât Makkiyya » – Michel Chodkiewicz (1988)

Disons plus sobrement que « 1.000 » est ici la théophanie des vingt-quatre prototypes qui sont comme les vingt-quatre heures du jour de la grande année cosmique dans la matrice arithmétique où le premier devant eux constitue leur modèle anthropologique.

Rappelons ici que la grande année cosmique de 25.920 ans est scellée dans une matrice arithmétique de 64.800 unités dont elle représente les « 4/10 » de son grand « yuga » et que les jours de la création biblique représentent comme un nombre de lunaisons.

Les 64.800 lunaisons correspondent alors à un cycle de 5.400 ans où elles sont réparties par sa décade en six cycles de six mille lunaisons (36.000) et quatre cohortes de six cents ans (2.400 x 12).

Les six cycles de 6.000 lunaisons correspondent aux six jours de la création. Les quatre cohortes de 600 ans correspondent aux saisons d'un petit « yuga » de 2.592 ans – « 1/10 » de la grande année dans le grand « yuga » d'un « kalpa » de 64.800 unités.

Et bien que les temps apocalyptiques néotestamentaires ne soient que des cycles de 360 ans repris au XVIIe siècle pour planifier ceux qui accompagnent leur fin, cette finalité n'est que le solde (192) de ces cohortes qui achèvent celle de la grande années.

La triple théophanie des cent vingt-quatre mille prophètes n'y est pas sans rapport avec les onze sceaux qui s'enchevêtrent au gré des cohortes dans les cinq triades du « kali-yuga ».

   

    

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