mercredi 7 octobre 2020

Le Temple des antiquaires

Pour le quatrième mois de la décade
en deçà du Janus :

« Le Duc de Buckingham dut parler de Stonehenge au roi Charles I avec enthousiasme, car celui-ci voulu, à son tour, voir le curieux monument.

« En prévision des questions qu'il aurait peut-être à poser, le roi se fit accompagner de son principal architecte, Inigo Jones.

« En 1621, année de la visite royale à Stonehenge, Inigo Jones était âgé de quarante-huit ans. Personnage célèbre, il avait travaillé à White Hall à Londres et eu pour maître le génial Palladio.

« Il introduisit en Angleterre le style [ ... ] « palladien », et on alla jusqu'à l'appeler « le Vitruve de son temps »

« Prié par le roi de donner une explication à Stonehenge, il répondit, puisqu'il fallait dire quelque chose, mais certainement sans conviction excessive :

« Il s'agit d'un temple païen, dédié au dieu Cœlus et bâti dans l'ordre toscan. »

« Stonehenge l'avait frappé. Il prit, probablement de façon hâtive, des mesures en vue de reconstituer le monument.

Il fit des dessins de ce qu'il voyait, où l'on sent la main du maître et dans lesquels nous retrouvons, enfin, le véritable Stonehenge.

Malheureusement, ses travaux ne sur ce sujet ne furent pas publiés de son vivant et, par suite, il ne put les revoir avant l'impression.

« C'est son gendre, John Webb, qui réunit toutes les notes et les dessins et les fit éditer en 1655, quatre ans après sa mort.

« Le livre porte le titre suivant : « Inigo Jones esquire, architect général to the king – The most notable Antiquity of Great Britain vulgary called Stone-Heng, on Salisbury Plain, restored by Inigo Jones, esquire. »

« L'éminent architecte avait remarqué le caractère surprenant du monument, c'est-à-dire la somme de connaissances en architecture qu'une telle construction supposait.

« Il n'ignorait pas l'explication de Geoffroy de Monmouth [ sur l'origine galloise ], mais ne pouvait pas l'accepter, les anciens Bretons lui paraissant trop ignorant pour édifier une œuvre pareille, unique par ailleurs.

« C'est pourquoi, imbu du classicisme antique, il avait conclu à un ouvrage des Romains. Du reste, ses coupes du monument restauré sont d'une régularité géométrique exagérée et font penser, effectivement, à un temple romain, grec ou égyptien.

Mettons à part la bévue qui lui fit placer six trilithons en hexagone [ au lieu des cinq en fer à cheval. ] C'est, peut-être, ce qu'il aurait fait lui-même s'il avait construit Stonehenge. »

« Son plan général est également d'une régularité géométrique désespérante.

[ Celui de William Stukeley révèle un grand sens de l'observation mais représente des pierres d'une régularité géométrique beaucoup trop parfaite dans un plan abondamment pourvu de triangles, de cercles, ou d'ellipses. ]

« [ Jones ] situe trois entrées dans un terrassement circulaire, ce qui est sans doute vrai, mais il les encadre chacune de quatre piliers.

« Par la suite, cela devait mettre le cerveau des chercheurs à l'épreuve pour déterminer si, réellement, ces pierres, au moins celle de l'ouverture de l'Avenue, existaient de son temps.

« Il reste que son livre est le premier uniquement consacré à Stonehenge, et qu'il allait attirer l'attention des « antiquaires » sur le mystérieux monument »

Cf. Fernand Niel – Stonehenge. Temple mystérieux de la préhistoireL'histoire de StonehengeCuriosité Royale [ et ] William Stukeley (1974)

John Aubrey (+ 1697) et William Stukeley (+ 1765) en feront un temple druide en rapport avec la religion des Celtes tout en étendant leur attribution au cromlech d'Avebury.

   

    

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