vendredi 9 octobre 2020

Le Temple des Dioscures

Pour le cinquième mois de la décade
en deçà du Janus :

Après notre évocation de ce que fut le temple hyperboréen de Diodore, le temple enchanté de Monmouth, le temple antique de Jones et le temple solaire de Niel, nous décrivons ce que nous voyons dans le temple cosmique de Stonehenge.

L'idée d'un temple cosmique rejoint celle de John Smith (1771) à propos d'un temple érigé dans les temps anciens pour observer les mouvements des corps céleste.

Nous ne croyons pas qu'il s'agisse d'un observatoire astronomique mais d'un repère calendaire dans la représentation monumentale d'une observation stellaire.

L'idée que les trente monolithes du Cercle de Sarsens soient en rapport avec les mansions de la Lune rejoint celle de John Wood (1747) qui y voit un temple druidique qui lui est consacré.

Nous ne croyons pas qu'il soit druidique mais que les trente mansions multipliées par les douze lunaisons de l'année qui ne sont pas représentées correspondent à la représentation originelle de l'année solaire.

De cette représentation, nous supposons que les cinq Trilithons du Fer à cheval représentent les Dioscures du jour et de la nuit qui complètent cette année régulière de trois cents soixante cycles journaliers.

Cette configuration centrale accompagne les dix-neuf Pierres bleues du Fer à cheval qui rythment le nombre des années où les deux luminaires coïncident dans leur chorégraphie spatiale à travers le cycle métonique.

Nous ne voyons aucune représentation du septénaire des cinquante-deux semaines de l'année ; ce qui démontre le caractère archaïque de cette représentation mégalithique.

On ne peut donc guère faire correspondre la Pierre de l'Autel à un jour bissextile qui serait pourtant bien venue mais dont l'absence justifie à elle seule la nécessité d'un repère par rapport au Soleil.

Ce repère correspond à l'Axe qui passe sur la Pierre de l'Autel entre les deux montants du Trilithon central pour rejoindre sous son linteau la Heel Stone qui indique le levé du Soleil au Solstice d'été.

Cet Axe indique que les Dioscures lui sont opposés et se répartissent dans le cycle de l'année autour du Solstice d'hiver comme nous l'avons proposé et comme Niel l'indiquera dans une étude ultérieure sur le Pilier du château de Quéribus.

Par contre, l'Axe ne donne aucune indication sur la place des jours bissextiles qui s’inscrivent au milieu ou à la fin du Janus et que nous déplaçons vers de l’Équinoxe du Printemps en les articulant sur les cycles sabbatiques dont il sont les complémentaires.

On peut y voir un sixième Trilithon qui ne s'y trouve pas mais qu'Inigo Jones imagine spontanément au XVIIe sicècle dans sa représentation symétrique de l'espace monumental.

Ce sixième Trilithon n'a pas la même nature que les Dioscures du jour et de la nuit qui se répartissent autour du Solstice d'hiver puisqu'il s'agit d'un redoublement du cycle journalier qu'on identifie aux nuits du Janus qui n'ont pas de jour pendant la période hivernale.

Sans les repères équinoxiaux qui ne s'y trouvent pas, c'est aux trois saisons nilotiques qu'il faut rendre le temple cosmique du néolithique secondaire tel qu'il restitue à l’arithmétique la réalité du cycle solaire à son apogée.

La troisième saison de cette représentation s'étend de la catabase du Samain à l'anabase des Prémices qui se répartissent dans leur apocatastase sur les soixante jours qui précèdent le Solstice et sur les cinquante jours qui suivent les cinq Dioscures.

Cette suite a sans doute un sens qu'on retrouve encore à la Renaissance au centre de la Prophétie des papes de 1588 autour de l'Axe de « Sixte Quint » et dans la Décade des mois qui accompagne le Janus avec ceux des empereurs Auguste (6) et Jules (5).

Il y a là aussi comme une précession qui est celle des équinoxes dans le cycle de l'écliptique et qui engage l’Hexagone et le Pentagramme comme figures symboliques du cosmos dans la vision métaphysique d'une anthropologie.

C'est tout ce que nous pouvons dire sur la chorégraphie des Géants qui dansent dans le Cercle de Sarsen là où les quarante monolithes du Cercle des Pierres bleues restent une énigme liée peut-être à sa quadrature dans un système décimal.

À la fin du XIXe siècle, Edgar Barkley situe l'entrée du temple au Sud du monument – vers l'étoile polaire – et non sur l'Avenue qui prolonge l'Axe solsticial vers le Nord-Est dont il place le point d'observation au Sud-Ouest en dehors du Cercle de Sarsen.

Cet emplacement lui permet de surmonter la Pierre centrale du Fer à cheval des Pierres bleues et de poser la visée solsticiale sur la Pierre de l'Autel entre les montants du Trilithon central en-deçà de son linteau.

L'espace central du Cercle de Sarsen ne permet pas une telle observation, surtout si on est tourné vers l'Autel qui n'y apparaît pas comme celui du Soleil mais plutôt comme celui des Dioscrures qui accompagnent le Solstice d'Hiver.

Niel résume une critique du culte solaire qu'il qualifie de curieuse avant de la dénigrer telle que la propose John Abercromby en 1912 avant le dernier concile :

« Dans n'importe quel temple, qu'elles que soient son époque et sa religion, on ne se tourne jamais vers l'entrée pour faire face au point où l'on célèbre le culte, une fois que l'on a pénétré dans l'enceinte.

« De sorte que Stonehenge n'aurait pas été un temple où l'on célébrait le lever du soleil au solstice d'été, mais son coucher au solstice d'hiver. »

« Et Sir Arthur Evans, l'explorateur des temples minoens, faisait remarquer, à son tour, que le monument avait une forme sépulcrale, en rapport avec le monde inférieur. [ ... ]

« [ ... ] le grand trilithon [ central ] représentait la porte du monde des ténèbres. À travers les montants, on observait le soleil au moment où, parvenu au terme de sa course, il semblait s'abîmer dans les enfers. » [ ... ]

Cf. Fernand Niel – Stonehenge. Temple mystérieux de la préhistoireL'histoire de StonehengeLes travaux de Sir Norman Lockyer (1974)

   

   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire