mardi 31 janvier 2023

Les sphères de l'esprit

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« ... ibn Arabî [ ... ] distingue trois degrés – « martabât » – à chacun desquels correspondent trois sphères – « aflâk » : ...

1. une sphère « islâmiyya » [ « la soumission externe à la Loi » ]

2. une sphère « imâniyya » [ « la conviction interne » ]

3. une sphère « ishâniyya » [ « la perfection » ]

« ... ces dénominations étant empruntées à une tradition prophétique qui définit trois stades hiérarchiques superposés, [ la perfection consistant à « adorer Dieu comme si [ tu ] Le voyait ».

Trois sphères sont mises en rapport avec le degré du corps – « jism » – trois sphères avec celui de l'âme individuelle – « nafs » – et trois sphères avec celui de l'esprit – « rûh ». ]

« ... la [ première ] sphère – « islâmiyya » – du troisième degré » [ celui de l'esprit ] est identifiée à la sainteté – « walâya » – ce qui nous laisse supposer que les deux dernières correspondent à la prophétie – « nubuwwa » – et à sa mission – « risâla ».

Cf. Michel Chodkiewicz – Un océan sans rivage. Ibn Arabî, le Livre et la Loi – « Ceux qui sont perpétuellement en prière » [ S 70 V 23 ] (1992)

Ces sphères dont les six premières doivent correspondre au quatrième pilier – « îmâna » – sont comparables dans leur principe avec les degrés des hiérarchies dionysiaques en deçà des ordres initiatiques – consécration, ordination et confirmation.

Ce qui met l'Alter-christus au niveau des prophètes et des chérubins quand il reçoit sa conformation au Christ du séraphin d'Amour et confirme les haltes de l’Émir quand il situe le sommet de la sainteté à un tel niveau – en deçà de sa perfection.

Affirmation audacieuse mais recevable tant qu'elle ne substitue pas le Sceau de la sainteté absolue à celui d'une sainteté spécifiquement muḥammadienne quand le Sceau de la sainteté générale le rejoint sur les tréteaux du « maqâm » muḥammadien.

Le « maqâm » muḥammadien est bien sûr celui du Sceau des prophètes qui occupe la sphère la plus universelle à partir de la position sommitale la plus restrictive ; et la sainteté absolue se situe au-delà de la conformation séraphique des chérubins.

C'est avec elle et avec elle seulement que le Christ incarne le saint théophore de la « walâya ». Et son « au-delà » n'est pas un « au-dessus » dans la succession des sphères mais un « en-dehors » qui en constitue l'essence et l'issue.

La sphère du parfait cathare correspondrait à priori dans une telle nomenclature avec la troisième – « ishâniyya » – du second degré – celui de l'âme – juste en-dessous de celle du « walî » ; mais il se peut qu'il y eût aussi des saints parmi eux.

   

    

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