mercredi 19 avril 2023

La quadrature de l'arche

...

« Noé – sur lui la paix – sut qu'approchait le temps de la conjonction astrale que Dieu dans Sa sagesse avait déterminée et provoquée.

« Il vit qu'elle se produirait dans le signe du Cancer dont l'élément est l'eau. C'est dans ce signe changeant et instable que Dieu a créé le monde ici-bas.

« Quand on entra dans ce signe et que l'ascendant de ce monde coïncida avec lui, Dieu voulu par son anéantissement et sa permutation vers [ sa dernière ] demeure, lui conférer un ascendant semblable et stable, le Lion.

« Telle est la sagesse d'un être omniscient. »

Cf. Le voyage du salut dans le § 37 du Dévoilement des effets du voyage du Sheykh al-Akbar traduit pas Denis Gril (1994)

Cette sagesse met l'eau et le feu en interaction dans un processus alchimique où le Cancer et le Lion apparaissent dans leurs constellations stellaires comme une conjonction de la sphère zodiacale.

Rappelons que l'eau et la terre sont les éléments constitutifs des êtres formels assujettit à l'humanité tandis que l'air et le feu animent les djinns informes qui empruntent dans cette conjonction les formes que les êtres denses mettent à leur disposition.

« Embarque dans ton arche par le « Bâ » qui est [ celui du ] Nom d'Allâh [ et ] redresse « Alif » [ par ] la réalisation de l'unité entre le « Bâ » et le « Sîn » [ de la « basmala ». ] »

Cf. Le voyage du salut dans le § 39 du Dévoilement des effets du voyage du Sheykh al-Akbar traduit pas Denis Gril (1994)

Le « Ba » (2) de la « basmala » qui est le « Alif » couché de l'étendue dans le symbolisme géométrique de la croix est identifié ici à l'arche de Noé dont il a graphiquement la forme quand son point diacritique lui tient lieu de quille.

Le « Alif » que le « tawḥid » – la réalisation de l'unité – doit redresser au centre de l'arche entre le « Bâ » et le « Sîn » de la « basmala » est celui du « Yâ » (10) qui s'identifie à la décade de l'unité et à l'unité du Nom – « Ism » – de Majesté – « Allâh ».

Le « Sîn » (60) qui apparaît alors comme la proue de l'arche dont le « Bâ » est la poupe s'identifie ici à la réalité cyclique dans laquelle se réalise l'unité de la décade représentée par son mât comme dans le symbolisme homérique du Tau franciscain.

Le passage dans le redressement du « Yâ » de la décade à l'unité est aussi pour la réalité cyclique celui du « Alif » (1) et du « Hâ » (5) dans le Nom de Majesté où les tenants du trône représentés par les deux « Lâm » (30) ont le même rapport avec leur valeur.

Et cette valeur est celle « Wâw » (6) dans l'ipséité d'Allâh – « Huwa » – qui restitue avec son « Hâ » (5) la valeur intrinsèque qui unit l'unité à sa décade sous le mât de l'arche.

Mais cette science des lettres qui apparaît ici dans le dévoilement des effets du voyage de Noé va trouver un sens alchimique en correspondance avec une science astrale qui apparaît dans le dévoilement des effets du voyage d'Hénoch.

« L'eau du « four » [ le four de l'athanor ] voilà pour eux [ pour ceux qui refuse la science des lettres ] le four – « at-tannûr » – ...

« ... et il ne comprirent pas qu'il s'agissait de la Lumière – « an-Nûr » – [ qui est qualifiée d'absolue ] à laquelle s'était ajoutée le « Tâ » de l'achèvement – « at-Tamâm » – de la constitution humaine par l'existence du corps.

« La Lumière devint « four » – c'est à dire une lumière accomplie dans le monde du Royaume – la lumière du « tâ » et son lieu de manifestation. »

[ Autrement dit, la Lumière absolue se manifeste comme réalité cyclique avec la rosée du matin sous l'effet d'un échauffement de la nuit à l'aube que ressentent tous les habitants du Royaume dans le creuset de son athanor. ]

Cf. Le voyage du salut dans le § 40 du Dévoilement des effets du voyage du Sheykh al-Akbar traduit pas Denis Gril (1994)

« L'interprétation que donne ibn Arabî [ estime Gilliot dans une note de Gril ] coïncide avec celle de [ l'imam ] 'Alî pour qui ce mot [ « at-Tannûr » ] signifiait « l'illumination de l'aurore » – « at-tanwîr al-subh ».

« Selon ibn Arabî [ poursuit Gril ] l'expression coranique « fâra't-tannûr » signifiait métaphoriquement chez les Arabes l'apparition de la clarté de l'aube – « daw'al-fajr ». [ ... ]

« Le verbe « fâra » associe l'eau et le feu [ comme pour la conjonction astrale du Cancer et du Lion ] puisqu'il signifie « jaillir » pour l'eau, « bouillonner » pour la marmite et « rougeoyer » pour [ la chaleur du ] four. »

On retrouve ici la quatrième lettre – le « Tâ » de l'achèvement que nous attribuons au « Tawḥid » – parmi les piliers des fonctions hiérarchiques dans les forme hiératiques des voyelles – le Pôle du « Alif » côtoyé par ses deux imams : le « Wâw » (6) et le « Yâ » (10).

Les trois autres piliers des fonctions hiérarchiques sont le « Kâf » (20) et le « Nûn » (50) du « Kûn » – l'injonction fiat divin – et le « Ḥâ » (8) du « Ḥayy » qui subit ici cette injonction dans le Nom du Vivant. Tandis que le « Tâ » (400) apparaît aussi comme celui du Tau.

Mais ici les deux « nûn » dans le palindrome de la lettre « Nûn » apparaissent aussi sous la forme de l'arche et de l'arc-en-ciel qui reconstituent la sphère solaire dans un macrocosme en correspondance avec celle du « Bâ » (2) au centre de l'axe de la croix.

Cette correspondance avec un microcosme qui convoque une science des lettres syro-phénicienne dans la mystique chrétienne originelle est représentée par son alchimie comme une condensation de la Lumière divine du « Nûn » dans le Nom du « Nûr ».

   

    

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