samedi 1 avril 2023

Les cycles d'existence

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« C'est – une fois de plus – à la science incomparable de René Guénon qu'il faut avoir recours pour comprendre le sens du changement intervenu : ...

« ... si le Christianisme n'était pas « descendu » dans le domaine exotérique, ce monde (occidental), dans son ensemble, aurait été bientôt dépourvu de toute tradition, celles qui existaient jusque là, ...

« ... et notamment la tradition gréco-romaine qui y était naturellement devenue prédominante, étant arrivées à une extrême dégénérescence qui indiquait que leur cycle d'existence était sur le point de se terminer.

[ Il justifie celle qui leur succède dans leurs cycles d'existences où la triade pythagorique se prolonge sous sa nouvelle apparence jusqu'au cycle suivant – sous le cycle grégorien. ]

« Cette « descente » ... évita à l'Occident de tomber dès cette époque dans un état qui eût été en somme comparable à celui où il se trouve actuellement. »

« Sur le plan historique, on peut tenir pour assuré que l’Église d'Antioche – où l'action de saint Pierre et de saint Paul fut considérable – eut un rôle déterminant dans la naissance du Christianisme proprement dit.

« Selon les Actes [ ceux « des apôtres » qui sont précisément ceux de Pierre et de Paul ] : « C'est à Antioche que – pour la première fois – les disciples reçurent le nom de « chrétiens ». [ Cf. Actes XI 26. ]

[ Où nous voyons le passage d'une prédication judéo-chrétienne caractérisée chez Matthieu par « les brebis perdues de la maison d'Israël » excluant « le chemin des païens » et « la ville des Samaritains » – cf. Mt X 5 et 6 + XV 24 – ...

... à une prédication pagano-chrétienne caractérisée par « toutes les nations » qui est celle du ressuscité à la fin d'un récit matthéen probablement extrapolée – cf. Mt XXVIII 19.

Cette extrapolation n'est apparemment pas celle des nazaréens du Noble Coran où le fils de Marie n'est envoyé qu'aux enfants d'Israël – cf. S 3 V 49.

Et les actes de Luc donne une limite à la nouvelle prédication où Paul et Timothée sont empêchés par le Saint-Esprit « d'annoncer la parole en Asie » – cf. Actes XVI 6.

Cette action de l'Esprit sur l'Asie est celle d'une prédication originelle qui empêche l'annonce de se déployer chez les païens à la suite de celle qu'on adresse aux brebis perdues de la maison d'Israël. ]

« Cependant – pour ne négliger aucun aspect essentiel – il faut encore tenir compte ici d'une autre remarque de René Guénon selon laquelle, après avoir rappelé que « l'extériorisation » du Christianisme « a dû commencer très tôt, ...

« ... plus même que je ne l'avais supposé » [ ce « plus » que « très tôt » étant quasi immédiat, il altère « l'uniformité » de toutes les églises primitives. ]

Cf. Charles-André Gilis – Introduction à l'enseignement et au mystère de René Guénon – Les origines de la religion chrétienne (1986 / 2001)

Extériorisation ou « descente » qui correspond à une intériorité ou une antériorité qualifiée par Luc d'asiate mais que Gilis qualifie de « juive » en liant son mouvement à celui des sacrements :

« La « descente » des sacrements dans le domaine exotérique accompagna la « sortie » du Christianisme hors de sa matrice juive. »

C'est évidemment l'origine asiate qui a prit l'apparence d'un culte judéo-chrétien en s'extériorisant parmi les nations après la prédication aux brebis perdues de la maison d'Israël.

Il est question de sacrements qui se devraient d'être ou ne pas être initiatiques en appartenant ou pas au domaine exotérique d'une initiation christique – initiation que nous rattachons ici à une Science des lettres phéniciennes.

Un principe de discernement s'énonce pourtant quand Gilis fait remarquer que le Christianisme n'a pas été fondé par le Messie mais par l'Esprit Saint et donc par l'onction qui caractérise cette fondation.

Tous les sacrements qui relèvent de cette onction sont initiatiques : la consécration, l'ordination et la confirmation mais pas le baptême qui est d'abord un rite d'expiation ni la communion qui est surtout un rite d'agrégation.

L'extrême onction a par définition un caractère initiatique que n'a pas la pénitence là où la bénédiction qui est un rite de consolation est interprétée comme une forme élémentaire de l'onction à laquelle tout confirmé peut procéder sans même avoir été ordonné.

Nous devons donc nuancer notre propos puisque cette consolation est présente dans tous les sacrements – même pour ceux qui sont privé d'onction – là où la communion va jusqu'à faire de cette bénédiction le viatique d'une sanctification des espèces.

Est initiatique pour la religion chrétienne, tout ce qui la rend conforme au Christ par l'onction et la sanctification ; le baptême du feu étant pour la tradition initiatique des églises la forme la plus accomplie de cette conformation.

Le séraphin ou la colombe prête alors sa forme à un djinn qui s'identifie à l'Esprit Saint quand il procède au baptême des sceaux chrétiens là où la parousie est décrite comme un incendie semblable à la pentecôte qui descendit sur le cénacle des apôtres.

Rappelons ici que les trois sceaux de la triade chrétienne sont Jésus, Grégoire et François : le Christ, le Grand Monarque et le poverello d'Assise que nous qualifions aussi de Nazir, de Souverain Pontife et de Tau ou de témoin pour leur Messie.

Rappelons aussi que tous les charismes d'une sainteté spécifiquement chrétienne leur appartiennent et qu'ils ont été scellés par le padre Pio (1968) et le pape Luciani (1978) ne laissant pour issue à la béatitude que la sainteté la plus absolue.

Cette sainteté est celle que le Vivificateur – Muḥyi'd-Dîn – qualifie d'universel en la situant au-delà d'une sainteté spécifiquement muḥammadienne : c'est l'Esprit de la Parole de Dieu que le fil de Marie doit nous révéler dans l'incendie de sa parousie.

Ainsi les considérations de Gilis sur les trois états successifs de la religion chrétienne – messianique, juive puis romaine – nous paraissent insuffisantes du point de vue de cette origine que Guénon jugeait obscure, « presque impénétrable ».

Comme sont insuffisantes ses considérations sur l’Église pontificale qu'il agrège à la pentarchie byzantine en ignorant les sièges grégoriens, léonin et pascalin qui y bénéficient d'une autorité patriarcale semblable a celle des sièges pétriniens.

Pour rappel, la pentarchie byzantine ajoute Constantinople et Jérusalem aux trois sièges pétriniens : Antioche, Alexandrie et Rome – Arles, Séville et Canterbury sont trois les sièges grégoriens ; le Puy-en-Velay et Aix-en-Provence les deux sièges léonin et pascalin.

Ces insuffisances ne sont peut-être pas sans rapport avec l'idée que Guénon se fait de la tradition gréco-romaine ou avec celle qu'il se fait des sacrements alors même qu'il conçoit très sûrement leurs cycles d'existence :

« ... les sacrements sont « descendus » dans le domaine exotérique à la suite d'une modification providentielle de leur statut initial. » On ne saurait être plus condescendant mais c'est au fond très juste pour qui sait l'entendre.

« Al-Mumît » – Celui qui fait mourir – renouvelle toute chose.
   

    

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