mardi 11 juillet 2023

Le khalkha du Grand Khan

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« [ Au début du XIVe siècle, Clément V ] confie aux universités de Paris, Oxford, Bologne et Salamanque le soin d'enseigner l'hébreu, le grec, l'arabe, le syriaque, le chinois et le khalkha. » [ La langue mongole ]

« ... le pape assure [ ... ] la prééminence du corps médical sur tout autre corps. »

[ On entend par « corps » l'organe de la corporation. ]

« Le latin – véritable idiome [ universitaire ] assurant la communication des enseignants et des étudiants – assure [ à Montpellier ] la présence et la force de l’Église » [ dans les facultés. ]

« Aristote pour la faculté des arts [ libéraux ] conserve [ pour accéder aux facultés supérieur ] sa place indispensable. »

Cf. Philippe de Bercegol – Clément V – Bertrand de Got d'Aquitaine en Avignon – Clément V et l'Université (2006)

« L'idée missionnaire parcourt l'Orient bien avant l'avènement de Clément V (1305-1314).

« Innocent IV (1243-1254) arrive à prendre contact avec les Mongols pour tenter de les convaincre de ne pas attaquer l'Europe.

« En vain. Le Khan Goyuk lance ses cavaliers à l'assaut du continent européen.

« Bertrand de Got est encore étudiant quand ces événements frappent le monde médiéval. »

« Après de longs périples d'occidentaux en Mongolie, les négociations aboutissent aboutissent à la conversion de l'impératrice Yaïlacq qui se déplace jusqu'en Crimée pour visiter un couvent de Franciscains.

« Bertrand de Got s'instruit à l'évocation des missions en Asie qui poussent sur les routes de l'Est des hommes partis des quatre coins d'Europe ...

« ... comme le Franciscain Giovannini dal Piano dei Carpini envoyé par le pape Innocent IV pour réaliser une entente avec les Mongols ; ...

« ... ou encore le missionnaire Flamand Guillaume Van Rubrœk envoyé par Louis IX auprès du Grand Khan de Mongolie pour l'évangélisation de ce pays. »

« Jeune prêtre à Bordeaux, Bertrand de Got s’intéresse à ce peuple respectueux de toute les religions et qui choisit – au moins pour ses élites – de se convertir au christianisme.

« Devenu pape, il s'efforce de maintenir et d'amplifier le mouvement. »

[ On a des récits moins amènes sur la brutalité des Mongols dont la conversion aura plutôt bénéficié à l'islam dans son expansion vers l'Extrême-Orient, en particulier pour le « tasarruf » akbarien avec le soutient de la « kubrawiyya » du Sheykh Najmu'd-Dîn Kubra.

La jonction de l'impératrice avec l'ordre franciscain en Crimée n'en est pas moins remarquable et laissera des traces dans le récit légendaire sur le royaume du prêtre Jean qui devait prendre l'empire moghol à revers.

La réalité supposée d'un tel royaume est plutôt au crédit du manichéisme et du nestorianisme dans une conversion précaire et éphémère de l'empire du Milieu à la Voie chrétienne sous la dynastie mongole des Yuan. ]

« L'occident a les yeux tournés vers l'Asie pendant près de trois siècles. Elle exerce une fascination sur les esprits les plus ouverts.

« Dans ces échanges entre l'Orient et l'Occident, les Dominicains et les Franciscains assument un rôle d'information et de connaissance essentiel, bien que guidés par un sentiment missionnaire. »

« Pour ces hommes de l'immense steppe d'Asie, l'univers est constitué de quatre éléments – l'eau, la terre, le feu et l'air.

« Il s'est formé [ de lui-même ] plus qu'il n'a été créé et les Mongols disent qu'il doit y avoir un seul roi sur la terre comme il y a un seul Dieu dans le ciel.

« Cette cosmogonie intéresse les penseurs du Moyen Âge. »

[ Ce qui rappel le Seigneur de la Terre qu'on retrouve avec les deux témoins de l'Apocalypse de Jean – cf. Ap XI 3 et 4 – et le Roi du Monde dans une tradition lamaïque qui prolonge celle d'un dixième avatar du Vishṇu – Sri Kalki – pour le « kali-yuga ».

Le rapprochement est d’ailleurs signifiant entre le fabuleux royaume du « prêtre » Jean et l'apocalypse de l’apôtre qu'une tradition néotestamentaire confond avec le « presbytre » qui désigne Marc comme étant « l'ancien » chez Papias et Eusèbe de Césarée. ]

« Les mongols perçoivent l'âme comme une divinité à la fois une et multiple et [ la ] considère dans la famille [ comme ] la base de la société ; aussi plus d'un clerc voit dans ce peuple du bout du monde d'étranges affinités avec l'homme occidental. »

[ Il s'agit apparemment d'une référence au culte des ancêtres dont le culte est universel même quand il entre en conflit avec les religions qui lui reprochent la divinisation des déités coalescentes qui réintègrent la myriade du Vivant – « al-Ḥayy ». ]

« Avec l'aide d'aventurier occidentaux, les Mongols du XIIIe siècle engagent une grande période de diplomatie.

« Buscal – le plus illustre de ces dévoués – accompagne à Rome un haut dignitaire Mongol pour apporter des lettres signées de la main de son souverain.

« En 1245, le pape Innocent IV en reçoit un autre.

« Les conversion des princes Mongols au christianisme font prendre conscience aux Européens et à la papauté de l'importance d'une alliance avec ce peuple. »

« Ce mouvement en entraîne un autre – plus grand encore – avec les Dominicains.

« Ils parviennent à ramener à Rome le prince Korgoz en 1295 pour le présenter à Boniface VIII. »

« Le succès d'évangélisation s'accompagne d'un renforcement des relations diplomatiques.

« Durant l'année 1303 – quelques mois avant l'attentat d'Anagni – Boniface VIII reçoit l'ambassadeur du Grand Khan venu lui présenter une lettre du souverain Mongol.

« Le roi de France – Philippe le Bel – accorde – de son côté – une audience à l'ambassadeur de Mongolie.

« Les temps sont à la réconciliation. La crainte [ ... ] des Mongols après la destruction de Cracovie en 1244 laisse place à l'admiration.

Après son retour de Chine – en 1301 – Marco Polo rend lui aussi un hommage à ce grand peuple évoqué dans [ son ] « Livre des merveilles ».

« Comme tous les esprits éclairés de son temps, Clément V en a pris connaissance. »

« Dans la lignée de ses prédécesseurs – Nicolas IV (1288-1292) et Boniface VIII (1294-1303) – Clément V confirme l'engagement missionnaire [ de l’Église romaine ] en Asie. »

« Le Franciscain – Jean de Montecorvino – a fondé la première Église de Chine à Pékin et ses lettres envoyées au pape soulignent les difficultés d'institutionnaliser la mission en Chine.

« Clément V répond aux attentes du missionnaire. Il ordonne au père général des Franciscains de faire sacrer sept de ses religieux pour les envoyer en Asie.

« Il faudra plus d'une année pour qu'André de Pérouse, Gérard Albuini et Peregrino de Castello arrive à Pékin. »

« Enclavée au cœur de l'Asie centrale entre la Sibérie au Nord et la Chine à l'Est, la Mongolie devient avec Clément V une nouvelle terre de mission ...

« ... et les esprits les plus fins de l’Église – mais aussi ceux de la société civile – se mettent à apprendre le khalkha – la langue mongole. »

« Le nouveau pape ne relâche pas ses efforts malgré ce premier succès.

« Les missionnaires l'avertissent que la situation variera en Chine. Si les Mongols ont accueilli missionnaires et marchands occidentaux et facilité les contacts de civilisations favorisant les alliances avec l'Europe chrétienne, la Chine – elle – reste fermée.

« Soucieux de développer son zèle missionnaire, Clément V créé l'Archevêché de Khanbalig à Pékin.

« L'action de Clément V devient d'autant plus précieuse que si les missionnaires franciscains ont été bien accueillis sous la dynastie mongole des Yuan, ils seront bannis à l’avènement de la dynastie Ming méfiante envers les étrangers. »

« Bien avant la mission jésuite en Chine fondée en 1853, la petite Église de Chine doit son existence à Clément V.

« Plusieurs siècles après – lorsque le pape Pie XI sacre les premiers évêques de nationalité chinoise le 26 octobre 1927 – Mgr Hou vient en France pour s'agenouiller dans la cathédrale d'Uzeste devant le gisant de Clément V. »

Cf. Philippe de Bercegol – Clément V – Bertrand de Got d'Aquitaine en Avignon – Clément V et les missions en Asie (2006)

   

    

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