samedi 15 juillet 2023

Les pronostics antidatés

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« Enfin, Nostradamus dit aussi s'inspirer de l'astrologie pour ses prédictions.

[ Notons que le corpus de ses pronostics place à la fin de la sixième Centurie un quatrain en latin (600) qu'il reprend à Crinitus – Pietro Riccio – en modifiant sa diatribe à l'encontre des Avocats – « Légulei ».

Dans ces vers latins du « Commentarii de honesta disciplini » (1504) qui attirent l'attention sur le nombre du quatrain (600) où ils ont leur place, le mage s'en prend aux Astrologues – « Astrologi » – qu'il réprouve.

S'il ne s'agit pas d'astrologie – si ce n'est ici sous une forme judiciaire – mais de prédiction, c'est qu'il s'agit de pronostics qu'il administre en docteur – rappelant que le corps médical est un corps d'élite depuis Célestin V. ]

« Dans l’Épître à son fils César, il annonce que ses prophéties courent jusqu'à l'année 3797 de notre ère.

« Comme – d'après lui – le monde doit exister durant huit millénaire – selon une conception qui s'inspire de la kabale – ...

« ... et comme – d'autre part – depuis la création [ du monde ] jusqu'à l'avènement de Jésus-Christ, Nostradamus pense que 4.173 ans et huit mois se seraient écoulés, ...

« ... les Centuries couvrent donc une période qui va ... jusqu'à la fin du monde. »

Cf. Arnaud de la Croix – Treize livres maudits – Les Centuries de Nostradamus : des prophéties jusqu'à la fin du monde (2016)

« 4.173 + 30 + 3.797 = 8.000 »

Notons d'abord que l'avènement du Christ commence ici avec sa naissance mais que l'ère chrétienne ne commence que trente ans plus tard avec son baptême ; ce qui relève pour le moins en la matière d'une christologie quelque peu ambiguë.

Interrogeons-nous ensuite sur cette « kabbale » dont il est sensé s'inspirer. Elle n'est apparemment ni juive ni chrétienne quelque soit l'ascendance dont son biographe l'affuble :

« Né en 1503 à Saint-Rémy de Provence dans une famille juive convertie au christianisme, Michel de Nostredame étudie la médecine à l'Université de Montpellier dans les années 1530. »

Seule certitude dans cet état civil : « On a en effet retrouvé son inscription à la date du 23 octobre 1529 dans le registre de la faculté de médecine. » Avec Rabelais (1530) et Scalinger qui pourrait être de sa promotion puisqu'il en fait son confident :

« Prophète tel Mahomet de la tribu de Benjamin. »

Confession sans doute exaltée du béotien si le témoignage tardif de son condisciple est fidèle à ses idéaux mais qui le présente en Israélite et pour une raison qu'on ignore ne se sent pas Juif – de la tribu de Judas.

La raison à laquelle on pense est évidemment sa conversion ou celle de sa famille ; mais il semble qu'elle le travail dans un sens qu'on a pas compris et qu'on ne peut réduire à des identités trop convenues.

Les huit millénaires du monde par contre font penser aux 888 ans de la Prophétie des papes que les huit mois pour la période qui précède l'avènement du Christ vient souligner comme un précédent qui rappel aussi les 4.000 et 4 ans de la première Alliance.

Mais les 4.000 et 4 ans de James Ussher au début du XVIIe siècle s'inscrivent toujours dans un septénaire dont le millénium sabbatique reste l'horizon eschatologique à l'approche d'un troisième millénaire néotestamentaire une sorte de mille et une nuits.

La Prophétie des papes à la fin du siècle précédent s'inscrivent dans une symétrie – celle du nombre (888) des lettres grecques du Saint Nom de Jésus – qui en fait la réitération des Centuries avec un déplacement fort significatif de trente-trois ans.

Mais la symétrie ne se trouve pas là où on pourrait l'attendre dans l’Épître à César qui ne nous donne qu'un aperçu très général du paysage dans laquelle sa chronologie s'installe pour le spectacle de ses Centuries.

Donc disons d'abord avant de les exposer que cette conception singulière et pour ainsi dire islamo-chrétienne, il la doit aux Samaritains avec qui la jonction semble s'être établie à l'occasion d'un voyage dans le Nord de l'Italie – à Savonne en Ligurie.

Si hermétique que soit la prosodie du mage, ses pronostics comprennent un certain nombre de dates incontestables de point de vue de l'anticipation que le rationalisme du scientiste voudrait réduire au charme de sa poésie.

Et ces dates nous donne un horizon qui ne dépasse guère le mois de septembre 1999. Ce que la Prophétie des papes déplacera jusqu'en mars 2032 en y rajoutant encore deux quarts que nous répartissons autour d'un centre situé alors en décembre 1587.

Le centre de cet horizon doit être situé trente-trois ans plus tôt avec la première édition des Centuries qui date de 1555 datant dès lors pour origine par voie de symétrie théoriquement 1111 dans cette représentation cyclique du temps.

C'est ce que nous avons constaté en nous consacrant à un décompte fastidieux de leurs quatrains avec ceux que les almanachs consacrent également aux mois et aux années où s'accomplit leur production littéraire.

Et compte tenu de toutes sortes d'anomalies – comme celle du nombre des quatrains de la septième Centurie qui nous paraissait incomplète – nous sommes parvenu à ce résultat (1.111) qui ne peut être le fruit d'un hasard aussi prodigieux.

Nous pensons bien que les ayants droit du mage – son fils et son secrétaire – y furent pour quelque chose mais en toute connaissance de cause.

   

    

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