samedi 25 novembre 2023

Le cerf blanc

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« Animal clé du bestiaire celtique et arthurien auquel le cerf appartient au même titre que le sanglier ou le saumon.

« Il est considéré comme un animal primordial lié au druide des origines du monde. Les Romains connaissaient cette tradition.

« Selon Pline [ dans son ] Histoire naturelle, la longévité du cerf est un fait avéré.

« Le naturaliste explique que des cerfs de l'époque d'Alexandre le Grand ont été capturés plus de cent ans après la mort du conquérant et qu'on a retrouvé dur eux les colliers d'or qu'Alexandre avait fait placer autour de leur cou. »

« Le cerf est l'une des formes que prennent les divinités puisque les Celtes ne figuraient jamais leurs dieux sous un aspect anthropomorphe.

« Des bas-reliefs gallo-romains [ à Reims ] présentent un dieu-cerf en divinité de l'abondance.

« En Irlande, le devin Tuan Mac Cairill est transformé successivement en cerf, en sanglier, en faucon et en saumon.

« Quant au fils de Finn [ le ] blanc, il s'appelle Oisin [ le ] faon.

« Dans le lai de Tyolet, un chevalier métamorphosé en cerf apparaît au jeune héros. C'est certainement le père de Tyolet.

« Les nombreuses apparitions du cerf blanc de l'Autre Monde dans les lais et récits celtiques se rattachent au même socle mythique. »

« En Gaule, on utilisait des talismans en bois de cerf. Cernunnos – le cornu – est la forme restituée d'un nom de dieu celte représenté avec des cornes.

« Le chaudron de Gundestrup [ un vase cultuel saturé de symboles astraux et mythologiques ] le montre en maître des animaux et doté de bois de cerf.

« Ce dieu cornu est plus vieux que l'ère indo-européenne comme le prouve le cerf dressé sur ses pattes arrières évoquant un chamane déguisé représenté dans la grotte des Trois-Frères à Montesquieu-Avantès [ en ] Ariège.

« Merlin pourrait tenir de Cernunnos puisque sa seule métamorphose animale attestée dans les récits français est celle d'un cerf [ à ] cinq cors [ et ] aux pieds blancs dans les « Premiers Faits du roi Arthur ».

« Après avoir sévèrement condamné les déguisement en cerf lors des mascarades de janvier pour le carnaval, le christianisme relégua ce culte ancestral à la « religion des sorcières » et aux habitants des régions isolées ; ...

« ... le Cornu fut alors assimilé au diable. »

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Cerf » [ « Une épiphanie divine » et « La corne sacralisée » ] (2014)

Les cinq cors du Cerf blanc sont comme les cinq rayons du phœnix oriental : « 5 x 100 ».

« Dans les lais bretons, la rencontre puis la traque d'un cerf blanc permet toujours à un chevalier de pénétrer dans l'Autre Monde et d'y faire la connaissance d'une fée. »

« Dans le « Perceval en prose » et dans la « Deuxième Continuation », Perceval est prié de rapporter la tête d'un cerf blanc. Une fée lui confie un chien blanc féerique pour l'aider à le retrouver.

« Le cerf blanc est sans doute la métamorphose de la fée elle-même qui prend cette apparence pour attirer son élu vers son monde.

« La couleur blanche signifie à la fois l'appartenance à l'Autre Monde mais également la valeur sacrée et druidique de l'animal.

« Le caractère psychopompe et hermétique du cerf s'explique par l'ancienne sacralité qui s'attache à cette animal chez les Celtes.

« Le thème de la poursuite du cerf blanc se retrouve jusque chez les Ossètes du Caucase.

« Sosryko traque un cerf avant de le voir se métamorphoser en une femme merveilleuse aux ailes d'or. Il croit qu'il s'agit d'une sorcière mais la belle se sent insultée et envoie la « roue de Barsag » pour le tuer.

« L'imaginaire arthurien connaît aussi une version christianisée de cet épisode. »

« Dans la « Quête du Saint Graal » (§ 313 & 314) un cerf blanc conduit par quatre lions apparaît à Galaad et à ses deux compagnons – Perceval et Bohort – en quête du Saint Graal.

« Arrivé dans la chapelle d'un ermitage, le cerf se transforme en homme et les quatre lions respectivement en homme, en aigle, en lion et en bœuf.

« C'est le motif du Tétramorphe de la théologie chrétienne combiné avec le motif hagiographique du cerf christique dans la légende de Saint Eustache.

« La représentation symbolique et animal des quatre évangélistes prend sa source dans la première vision d’Ézéchiel (I 10). La vision est reprise par l'Apocalypse. [ ... ] C'est Saint Jérôme qui a inventé la symbolique animale appliquée aux évangélistes. [ ... ]

« Ces métamorphoses du cerf et des lions font écho à un motif important de la mythologie celtique relatif aux [ trois ] animaux primordiaux et divins des Celtes parmi lesquels le cerf tient [ auprès de l'aigle et du saumon ] une place essentielle. »

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Blanc » [ « Version païenne » et « Version chrétienne » ] (2014)

   

    

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