lundi 20 novembre 2023

Le chemin des étoiles

...

« Le Maître venait de sortir son équerre et son compas. Il traça dans la poussière du chemin trois circonférences concentriques dont chacune avait un diamètre triple du précédent :

« Le premier cercle – le plus grand – de diamètre « 81 » est le cercle de Keugand, dit-il.

« C'est le chaos où rien n'existe que Dieu. Bon ! C'est de Keugant que le Dieu unique fait sortir les âmes. Ces âmes passent alors dans le second cercle qui est celui d'Abred de diamètre « 27 ».

« C'est le cercle de la vie terrestre où les âmes jouent leur destinée entre le Bien et le Mal et alors selon le choix qu'elles auront fait, elles retourneront dans le premier cercle du néant, celui de Keugand ...

« ... ou bien elles s'élèveront dans le troisième cercle de Gwenwed de diamètre « 9 » – celui de l'ascension suprême auprès de Dieu. C'est la victoire définitive sur la bestialité et les tentations rencontrées dans Abred. »

« Il traça alors les deux diamètres perpendiculaires qui formèrent une croix linéaire et parallèlement de part et d'autre de chacun de ces diamètres.

« Il traça deux droites distantes de 8,5 unités du diamètre correspondant et détermina ainsi une croix dont les branches égales – il insista bien sur égales – avaient dix-huit unités de largeur et délimitaient un carré central de dix-huit unité de coté. »

« De chaque angle de ce carré pris comme centre, le Gallo traça un cercle de 4,5 unité de rayon. Ces quatre cercles mordant à leur base les branches de la croix.

« Il se releva et dit non sans emphase : « Et voilà la croix druidique. »

Cf. Henri Vincenot – Les étoiles de Compostelle (1982)

Nous retranscrivons un passage que Vincenot nous indique dans son « avant-lire » en le présentant comme une résurgence écrite sous la dictée de son personnage principal « à sept cents ans de distance dans le cercle d'Abred. »

« Pourquoi cette rencontre à travers sept siècles » s'interroge l'auteur : « La construction de la Croix celtique engendrée par le cercle de Keugand, le cercle d'Abred et celui de Gwenwed » répond à la question.

« ... dans le cercle de Keugand, les âmes errent dans le chaos où rien n'existe que Dieu puisqu'elles passent ensuite dans le cercle d'Abred qui est le cercle de la vie terrestre où elles prennent corps et joue leur destinée entre le Bien et le Mal. »

« Si elles échouent, elles retournent dans le cercle du Néant pour y attendre que Dieu les fasse sortir à nouveau pour revenir en Abred afin de tenter une autre vie dans un autre corps pour parvenir à mériter la joie suprême d'entrer dans le cercle de Gwenwed ...

« ... et de jouir de la présence constante de Dieu. C'est là la conception druidique de la vie éternelle. » C'est surtout à peu près celle de Schuré que nous avons délaissé et qui reste ici assez confuse.

Tant pour l'existence de Dieu dans le chaos qui apparaît ensuite comme un Néant que par la navette des âmes errantes entre deux mondes où Vincenot finit par se prendre pour la réincarnation de son personnage secondaire recevant la leçon de Gallo.

Et enfin pour le dualisme moral qui détermine l'accès au monde de la félicité suprême où le mal selon toute vraisemblance n'est que l'aspect chaotique des éléments que le démiurge tire du néant dans cette conception aristotélicienne de la dualité.

On voit bien que ce qui se joue ici dans ces concepts et dans la durée de leur résurgence, c'est la vivification du Laurier cathare (1244-1944) et le retour de la pierre du Destin (1292-1992) faisant fit de leur unité sabbatique dans leurs septénaires.

Mais nous n'avons pas de religion sur la question, le septième apparaissant aussi comme le quatrième au centre du septénaire et comme le premier des quatre dans son « quadrivium » quand il redescend à partir de ce sommet.

Il est néanmoins probable que le transit de 1244 visait d'abord l'échéance adventiste de 1844 tandis que la restitution de 1996 envisageait plutôt celle que nous théorisons pour 1992 comme la fin du « manvantara » avant la quadrature de la quarantaine.

« [ Le « monde d'Abred » ] est appelé le « Cercle des migrations » parce que les âmes humaines y traversent une série indéterminée d'existences successives entrecoupées par de longs intervalles d'existences spirituelles avant d'atteindre à leur perfection. »

Cf. Édouard Schuré – L'âme celtique et le génie de la France à travers les âges – Les étapes occultes de l'âme française – Les origines et le Moyen âge – La Religion et la Philosophie des druides (1921)

Bayard a reproduit la figure géométrique de Vincenot dès 1961 avec les mêmes nombres qu'il attribue ici à Paul Bouchet :

« La Croix celtique est [ ... ] inscrite dans un combiné de trois cercles dont chacun est le triple de l'autre en rapport avec les nombres « 9 » « 27 » et « 81 ». Ces trois cercles de la Vie universelle sont définis dans les triades bardiques :

- Le cercle de Keugant : cercle vide où nul Être ne peut subsister hormis Dieu lui-même ; ni les vivants ni les morts n'y accèdent et Dieu seul peut le franchir.

- Le cercle d'Abred: cercle de la Fatalité, du Destin inéluctable où chaque nouvel état, chaque existence nouvelle naît de la mort conditionnée par la précédente. Et celui là, l'homme la traverse.

- Le cercle de Gwenwed : cercle de la Béatitude, le monde Blanc où chaque état dérive et naît de la Vie. « Et celui-là, l'Homme la franchira un jour. »

« Paul Bouchet a ainsi reconstitué la Croix celtique et il a donné des proportions à ces trois cercles qui en réalité se décomposent à leur tour en d'autres triades. » Bayard fait ici référence à un ouvrage d'Ambelain.

Cf. Jean-Pierre Bayard – Le monde souterrain – La Terre, sang minéral : Figure 2 (1961) [ et ] Richard Ambelain – Au Pied des Menhirs – Essai sur le Celtisme (1945)

Quoi qu'il en soit de ces proportions et de leurs décompositions, rappelons que nous avons interprété leurs cercles comme autant de figures représentant le carré (10²) du Damier, l'octogone du Labyrinthe et le cercle du Pentagone.

Il est vrai que l'aspect chaotique du premier cercle dans un espace où chaque case trouve sa place dans l'alternance des polarités a plutôt le caractère labyrinthique d'un échiquier où chaque pièce ne maîtrise que le mode de déplacement qui lui est propre.

Les méandres de leur Labyrinthe ne sont que les circonvolutions du Serpent qui protège la Pierre descendue du Ciel. On est loin des calculs savants du Maître de Jehan.

   

    

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire