mercredi 7 juin 2023

Le cénacle d'Alep

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« La Syrie semble avoir été pour ibn Arabî une terre d'accueil.

« Avant de se fixer définitivement à Damas – vers 1220 – celui-ci fit des séjours nombreux et prolongés à Alep entre ses quarante et cinquante ans, dans des conditions très favorables pour sa production philosophique et la diffusion de de son enseignement.

« Il y bénéficiait de la protection et de l'amitié du souverain d'Alep – al-Malik az-Zâhir – qui lui prêtait une maison et lui versait peut-être une pension, comme c'était l'usage des mécènes libéraux du temps.

« On parle de quatorze apôtres * rassemblés autour du Shaykh qui l'entouraient de leur vénération et adhéraient à son enseignement.

« Il y avait aussi les disciples sympathisants et sans doute un certain nombre de docteurs dont ibn Arabî avait pu gagner l'estime et qui représentaient l'islam officiel. »

Cf. Stéphane Ruspoli – La réception délicate du livre [ des théophanies ] et la réaction d'ibn Arabî (610 H / 1213) [ dans son ] Introduction philosophique [ au ] « Kitâb at-Tajalliyât » (2000)

* Relevons que les dénombrements synoptiques des douze apôtres du Christ qui ont parfois été augmentés avec leurs variantes doivent être diminués si on identifie Thomas et Thaddée à Jude, le didyme de Jésus – « Dhû'l-Kifl » au Noble Coran.

La douzaine est un canon judéo-chrétien qui la fait correspondre aux douze tribus d’Israël qui correspondent elles-mêmes aux douze maisons zodiacales après l’exécration du Serpent dans l'écliptique synodique de la nomenclature sidérale.

Par contre quatorze est bien le nombre pythagorique des circonscriptions romaines de l'empereur Auguste ramené ultérieurement aux sept régions ecclésiastiques du troisième siècle instituée probablement dès le pontificat du pape Fabien (236-250).

« ... c'est à Alep – où il ne fit pas moins de six séjours entre 600 et 618 – que l'on voit apparaître pour la première fois les « quatorze apôtres », ...

« ... ce groupe de quatorze disciples apparemment inséparables dont les noms figurent ensemble dans une trentaine de « sama' » [ de certificats de lecture ] des œuvres d'ibn Arabî dont un délivré à Alep en 617 et les autres à Damas en 633. »

Cf. Claude Addas – Ibn Arabî ou la quête du Soufre rouge – Damas, « refuge des prophètes » – Le rendez-vous des deux sceaux (1989)

Addas dit reconnaître parmi ces disciples le nom d'Ismâ'îl ibn Sawdakîn an-Nûrî à qui ibn Arabî aurait révélé dès 594 à Fès qu'il était le Sceau des saints.

Ce qui tend à démontrer que le Sheykh al-Akbar se fait alors de sa fonction une idée qui diffère de celle qui reconnaît chez celui-ci.

Addas fait aussi remarquer que « tous ces personnages [ pour les quatre disciples dont elle a retrouvé la trace dans divers répertoires biographiques ] vivaient à Damas et non à Alep ».

Elle suppose alors d'une façon quelque peu téméraire que « c'est aussi vraisemblablement le cas des sept autres » – les deux derniers étant le gendre et le fils aîné du Sheykh – puisque tous les certificats on été délivré à Damas en 633.

Tous sauf celui de 617 délivré à Alep pour la lecture d'un ouvrage consacré au « Mîm », au « Nûn » et au « Wâw ». Il est donc au moins vraisemblable que ce groupe s'y était constitué à cette date pour cette occasion.

Par « le rendez-vous des deux sceaux », il faut entendre « le refuge des prophètes » à Damas « où – dit-on – Jésus redescendra à la fin des temps » ; faisant ainsi du « Sceau des saints » le prophète non-légiférant qu'elle théorise.

   

    

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