dimanche 25 juin 2023

Les quatre piliers du Pôle

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Nous disons que la prière du milieu est celle de la nuit puisque les hommes du désir ardent qui les réalisent prient dit-on la nuit comme le jour.

Elle n'en est pas moins perçue comme l'une des cinq qu'ils accomplissent passant du pentagone à la pyramide où leur Pôle n'est plus seulement parmi eux leur compagnon mais comme au-dessus qui les surplombe.

De ce point de vue là, les deux « malâmiyya » du désir ardent qu'ibn Arâbi rencontre à Fès sont aussi d'entre les quatre « awtâd » dont il est le Pôle ici comme à Damas dès qu'il en trace la figure :

- abû 'abdu'Llâh al-Mahdawî

- Ṣâliḥ al-Barbarî

- ibn Ja'dûn al-Ḥinawî

- Ashall al-Qabâ'ilî

Dans le voyage nocturne qu'il accomplit au cœur de leurs prières, ibn Arabî reçoit d'Idris au quatrième ciel où il le rencontre l'héritage muḥammadien et d'Aaron au cinquième ciel l'héritage parfait qu'on pourrait dire chrétien.

Ce récit visionnaire qui est celui du chapitre 367 des « Futuhât » retranscrit par Claude Addas dit à sa façon le passage par le désir ardent du compagnon qui accède entre ses frères à la position polaire.

« Quant au Sceau de la sainteté muḥammadienne qui est le Sceau particulier de la sainteté propre à la communauté apparente de Muḥammad ...

[ Et nous ne sommes évidemment plus dans l'apparence qu'Addas qualifie d'historique quand nous qualifions de chrétien l'héritage parfait que le Sheykh al-Akbar reçoit d'Aaron au cinquième ciel. ]

« ... j'ai su ce qui le concerne à Fès – au Maroc – en 594.

« Dieu me l'a fait connaître et m'a montré le signe de sa fonction ; toutefois je le nommerai pas. » [ Ce qui s'accorde avec les supplications d'ibn Ja'dûn qui le supplie de ne pas trahir son anonymat. ]

« Il est vivant à notre époque. Je l'ai connu en 595. J'ai vu le signe de sa fonction que Dieu a caché à Ses serviteurs et qu'il m'a dévoilé à Fès de sorte que je sus qu'il était le Sceau de la sainteté ... » [ celui d'une sainteté spécifiquement muḥammadienne. ]

Addas cite longuement le « Diwân » de Tunis où l'Imâm du Tawḥîd se décrit comme l'Héritier de la science de Muḥammad et le totalisateur des voies précédentes – celles de Moïse et de Jésus – comme Sceau des saints de Muḥammad.

Sa spécificité – Sceau spécifique dans les déserts et les cités – n'en fait pas le Sceau muḥammadien dans son sens le plus apparent comme suffit à le démontrer les témoignages qui nous sont rapportés mais seulement dans son sens le plus général.

Faute de pouvoir les distinguer, Addas en est réduite à supposer un « lapsus calami » entre les dates qui évoquent la réalisation de la fonction quatre ans après 590 et le témoignage où celui qu'il a rencontré vivait à Fès un an plus tard en 595.

Reste que cette confusion entre l'apparent et le général s'inscrit à son tour dans une sorte de duplication où les événements de Fès se répètent à Damas vingt ans plus tard dans un autre contexte où Alep semble avoir remplacé Séville.

« Faut-il croire [ ... ] que le même événement se serait reproduit plusieurs fois » s’interroge Addas en évoquant les visions de Cordoue (586) et d'Algésiras (589) préfigurant leur réalisation à Fès (594) qu'ordonne les illuminations de La Mecque (598).

Cf. Claude Addas – Ibn Arabî ou la quête du Soufre Rouge – Fès – L'ascension (1989)

Il y a toutefois une continuité dans la réitération et le passage des quatre aux quatorze avec le soutient des sept d'Alep et des siens dans l'effet du voyage.

   

    

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