samedi 9 décembre 2023

À la mode romaine

...

« Patrick – c'est [ la forme gaélique du ] nom latin « Patricius » – naquit vers 390 dans le Nord-Ouest de la Bretagne [ que Markale distincte ici de l'Armorique. ]

« À l'âge de 16 ans, il fut enlevé par des pirates pictes ou scots et conduit dans le Nord de l'Irlande. Six ans plus tard, on le retrouve libre sur le continent puis en Bretagne.

« Il décide alors d'aller évangéliser l'Irlande. Il vient faire ses études en Gaule et est ordonné diacre à Auxerre. Saint-Germain qui voit en lui un apôtre le consacre évêque et lui confie la mission d'Irlande en 432.

« Il commence son apostolat dans le Leinster à l'embouchure de la Boyne sur l'île qui porte aujourd'hui le nom d'Inis Padraig puis en Ulster où il convertit le chef Dichu et construit une église. » [ ... ]

« Patrick voyagea à Rome entre 441 et 443. À son retour, il établit le siège épiscopal d'Armagh [ en 444 ] ...

[ C'est le nombre de référence que nous retenons pour la « Prophétie des papes » qu'Arnold Wion attribue en 1595 à Saint Malachie d'Armagh – son patriarche.

Construite à partir d'un centre théorique situé en décembre 1587 autour du pontificat de Sixte Quint (1585-1590) sur deux périodes de 444 ans, elle évoque dès 1969 la gématrie du Saint Nom de Jésus en lettres grecques (888) pour Raoul Auclair.

Mais c'est aussi le nombre qui évoque la totalité d'un système runique de vingt-quatre runes classées en trois groupes d'ættir (3 x 8) à partir de leurs unités (8), de leurs décades (80) et de leurs centuries (800).

Rappelons toutefois que cet oracle que nous attribuons à son premier commentateur – Alphonse Ciacconius – s'étend à partir de septembre 1143 jusqu'en mars 2032 selon le même principe de symétrie qui répartit deux trimestres supplémentaires.

C'est selon toute vraisemblance le Solstice d'hiver et les deux équinoxes qui servent de repères astronomiques à cette projection autour d'un axe placée au milieu du signe que la prophétie attribue à la devise pontificale de Sixte Quint dès la fin de son pontificat. ]

« Si [ Patrick ] eut maille à partir avec les druides et les « fili » – [ les ] bardes – c'est néanmoins un « file » – Dubtach – qu'il convertit et qu'il prit pour conseiller.

« C'est un autre « file » – Fiacc – qui fut consacré premier évêque irlandais de souche. Il convertit également Conall – fils de Niall [ le ] frère du roi Loégairé – qui lui donna le terrain où fut construite la grande église de Domnach Mor. »

« Tous les récits concernant Patrick et les ouvrages qui lui sont attribués comme sa « Confession » écrite en latin et sa « Lettre à Coroticus, prince gallois » ont fait de ce personnage un saint auréolé de gloire et qui est vénéré dans toute l'Irlande.

« Sa fête le 17 mars est autant une fête nationale que religieuse. Mais historiquement tout reste obscur. »

« Selon les travaux de O'Rahilly (1946) et les études de James Carney (1955), il y aurait en fait deux Patrick.

« [ ... Un certain Palladius serait le véritable évangélisateur de l'île et aurait mérité ensuite le surnom de Patricius.

« Sa tâche aurait été achevée par le second Patrick – fils de Calpurnius – né à Bannaven Taberniae en Bretagne et qui serait mort vers 461 dans le Glamorgan [ au ] Pays de Galles. »

« Quoi qu'il en soit, Patrick imposa en Irlande les règles en usage sur le continent et qui était donc romaines.

« Il fit en sorte que la hiérarchie fût très stricte dans un pays traditionnellement divisé par les querelles de préséance comme en témoignent les nombreuses disputes de héros dans les récits épiques.

« Il voulu que les évêques régnassent sur de vastes diocèses gouvernant côte à côte prêtres séculiers et moines réguliers [ et ] que Rome fût reconnue comme l'autorité suprême tant pour les questions de dogme que pour la discipline.

« Il fonda quatre sièges qu'il confia à des hommes de grande autorité et laissa son siège d'Armagh à un Irlandais – Bennen. »

« Mais Patrick fut certainement le moins celtique des saints celtiques. On s'en aperçut dès sa disparition car toute son œuvre qui reposait sur l'impérialisme romain s'écroula du jour au lendemain.

« L'Irlande et par voie de conséquence la Bretagne avec laquelle les rapports étaient constants allaient s'engager dans la voie du particularisme et cela pendant plusieurs siècles s'attirant de temps à autre les foudres romaines.

« Et comme Rome ne pouvait venir à bout de ces particularismes, elle fit en sorte de soumettre les Bretons aux Saxons qui se révélaient de zélés dévots de l'ordre impérial ...

« ... et de vendre littéralement les Irlandais aux Plantagenêt à charge pour ceux-ci de remettre les rebelles dans le droit chemin.

[ L'ordre « impérial » et le « droit » chemin sont ici entre guillemets : ] « C'est ce qu'on ne dit généralement pas à propos de la disparition des Celtes.

« L’Église catholique et romaine a tout fait pour qu'ils disparaissent politiquement, pour qu'ils soient réduits à la misère : ils étaient trop dangereux pour un dogme chrétien qui avait bien du mal à se dégager du fouillis des origines. »

[ Ils allaient néanmoins renaître de leurs cendres sur les deux continents à partir du monachisme irlandais et à travers la prédication franciscaine. ]

Cf. Jean Markale – Les Celtes et la civilisation celtique. Mythe et Histoire – L'église chrétienne celtique (1969)

« On dit habituellement que les druides disparurent au moment de la christianisation de l'Irlande notamment sous l'influence de Saint Patrick : ...

« Il se battit contre le druides au cœur dur. Il écrasa les orgueilleux avec l'aide que lui donna le ciel blanc et il purifia l'Irlande aux vertes plaines de la grande race. »

« C'est aller un peu vite car il ne faut pas oublier que l’œuvre pratique de saint Patrick [ et ] son organisation ecclésiastique disparurent presque tout suite après sa mort et nous savons que la caste des druides demeura au moins jusqu'en [ ... ] 978.

« En fait les druides ne furent jamais pourchassés ni interdit comme ils le furent en Gaule et dans une certaine mesure en Bretagne.

« Il est également certain qu'ils se fondirent dans la caste des « Fili », c'est-à-dire des poètes – [ les ] bardes – car ces « Fili » dont le statut sera solennellement affirmé en 575 grâce à Saint Columkill ne sont pas seulement des poètes ordinaires ...

« ... puisqu'ils se livrent à des pratiques plus ou moins magiques tout en s'abstenant de sacrifice. » [ ... ]

« C'est aussi l'époque où l'Irlande se christianise rapidement sous l'influence de Palladius puis de Patricius – le célèbre Saint Patrick qui mourut en 461.

« On sait que Patrick tenta d'instaurer le christianisme à la mode romaine mais que les institutions qu'il mit au point ne lui survécurent guère – les Irlandais préférant une autre forme de christianisme plus adaptée à leurs conceptions. »

Cf. Jean Markale – Les Celtes et la civilisation celtique. Mythe et Histoire – Histoire des Gaëls (1969)

   

    

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire