mardi 5 décembre 2023

Au service du Graal

...

« Appelé aussi Riche Roi Pêcheur, [ le Roi Pêcheur ] est le personnage clé lié aux origines du Graal. Il est le gardien et le possesseur du Graal dans [ le « Conte du Graal » ].

« Il en connaît donc tous les secrets. C'est lui que Perceval doit interroger pour connaître la réponse aux deux questions qu'il doit nécessairement poser afin de rendre au royaume maudit du roi sa prospérité.

« Blessé aux hanches, le Roi Pêcheur ne peut plus chasser ; seul la pêche lui est permise. Son infirmité en fait un personnage présenté comme « le Roi Méhaigné » [ infirme ].

« Impotent à vie, il aurait pu guérir si Perceval [ lui ] avait posé deux questions bien précises :

- « Pourquoi la lance saigne-t-elle ? »

- « Qui bénéficie du service du Graal ? »

« Décrit dans l'attitude de la Mélancolie – la main sur la joue – il possède tous les traits du tempérament saturnien : solitude, exil, [ souffreteux ] mais possesseur de secret douloureux et indicibles.

« Après Chrétien de Troyes, il réapparaît régulièrement dans tous les romans du Graal mais sous des noms divers et avec des liens familiaux différents par rapport aux autres personnages.

[ Mais c'est son ascendance qui elle celle du Vieux Roi ou du Roi Ermite qui reste à même d'éclairer son infirmité comme une modalité de son initiation au service du Graal. ]

« Dès Chrétien de Troyes, un accent chrétien est porté sur le Roi Pêcheur où l'homonymie déjà permise en ancien français en fait un roi « pêcheur » porteur de toute une mythologie de la faute individuel qui se propage d'ailleurs à un Perceval défaillant à son tour.

« Mais l'interprétation chrétienne du « Pêcheur » par le « pêché » est seconde par rapport aux données initiales du mythe celtique sur la pêche initiatique [ du roi ] Finn. »

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Roi Pêcheur » (2014)

« Le « Conte du Graal » mentionne pour la première fois un « vieux roi » qui bénéficie du service mystérieux du Graal.

« Maintenu à l'arrière-plan du récit, il est présenté par l'oncle de Perceval comme le père du Roi Pêcheur. [ ... ]

« Le personnage réapparaît dans la « Continuation » de Gerbert de Montreuil sous l'aspect d'un [ ... ] ascète – Mordrain – retiré dans une abbaye isolée. [ ... ]

« Dans le « Perslesvaus », le même personnage se retrouve sous [ les traits du ] roi Pellès – oncle maternel de Perceval – qui expie dans un ermitage l'assassina de son épouse par son fils. [ ... ]

[ Mordrain est condamné à ne jamais voir se refermer des plaies reçues lors d'un combat rappelant celles du Christ ressuscité dans son hagiographie néotestamentaire tandis qu'il ne se nourri que d'hostie comme le « vieux roi » de Chrétien de Troyes. ]

« Dans tous les cas, le roi ermite dissimule une figure de roi ascète qui s'explique si l'on recourt à la plus ancienne mythologie royale indo-européenne – [ celle du ] « Ramanaya » [ « par exemple » ].

« Selon cette tradition, la voie royale authentique repose sur la pratique de l'ascétisme et non sur l'héroïsme guerrier.

« La légende du Graal rejoint cette conception ascétique de la royauté suprême illustrée par le vieux roi [ bénéficiaire ] du Graal. [ ... ]

« À une conception guerrière de la souveraineté dont Arthur serait une bonne illustration, il faudrait opposer une conception magico-religieuse symbolisée par le roi ermite » [ selon des catégories que Walter reprend à Dumézil ].

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Roi Ermite » (2014)

« Personnage reclus et invisible qui reste dans l'ombre du « Conte du Graal » de Chrétien de Troyes mais qui est présenté comme le père du Roi Pêcheur.

« C'est lui qui reçoit le service du Graal. [ Sa ] figure dissimule [ celle ] d'un [ ... ] ascète comme il en existe dans la littérature de l'Inde ancienne.

« Les contours du personnage [ ceux du « miracle eucharistique » qui le sustente ] se préciseront dans les continuations du récit de Chrétien de Troyes – surtout chez Gerbert de Montreuil avec la figure de [ ... ] Mordrain. »

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Vieux Roi » (2014)

Sous le nom de Mordrain apparaît aussi Évalac qui porterait celui de l'île d'Avalon : c'est un roi païen qui règne sur Sarras – la citée du Saint Graal où règne alors Escorant – déformation du « Coran » selon Walter.

Cf. Philippe Walter – Dictionnaire de Mythologie arthurienne : « Évalac » & « Sarras » (2014)

Pour le Saint Graal rappelons le Carré de quatre retrouvé à Salvaterra dans une matrice arithmétique qui représente huit décades et deux autres si on permute les nombres de l'enceinte centrale – ce qui en fait onze ou neuf avec ou sans permutation.

4        1
+
1        4

Autour de l'enceinte centrale dont les nombres constituent la dernière décade, on ne retrouve que les quatre décades périphériques de la quarantaine qui l'entourent – ce qui en fait cinq du point de vue de celle qui se trouve au centre.

   

    

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire