jeudi 7 mars 2024

Le grand vacarme

...

Retour vers la demeure des haltes

Pour la demeure du cinquième jour qui succède à la nuit
au troisième mois de la décade :

Muse
parle-moi du rejeton d'Hermès
chèvre-pied
double-corne
grand amateur de vacarme

Dans les vallons boisés
où des nymphes aguichantes
descendent des sommets de leurs montagnes à chèvres
criant le nom de Pan
le dieu des pâtures
on le voit divaguant
ses clairs cheveux mêlés
ça et là

Son domaine ici-bas
c'est les cimes enneigés
des chemins de rochers
les taillis denses
où il suit fasciné
des rivières indolentes

Escaladant les gorges
grimpant des pics aigus d'où il voit les troupeaux
de son regard perçant
il traverse en courant leurs monts brillants
et descend les vallées
pour y tuer des bêtes les menaçant

Revenant de sa chasse
au soir tombant
il fait vibrer sa flûte
en l'enchantant

Personne ne peut rivaliser son chant
pas même l'oiseau lançant
l'élégie au printemps
pour la fleur et l'abeille
de sa douce voix de miel

Avec lui dans les bois
des nymphes à la voix claire
près de la source noire
chantent aussi

Et l'écho se lamente
au sommet des montagnes
du son de ses roseaux

Du milieu de ce chœur
Pan va dansant
à petits pas rapides
ça et là

Affublé sur son dos
de la peau fauve d'un lynx
sa claire chanson aux lèvres
et au cœur
dans la prairie aux herbes tendres
où le crocus et l'hyacinthe
sentent bon

On n'y peut point compter les fleurs

Les nymphes et l'écho des montagnes
chantent avec lui des hymnes
pour les dieux de l'Olympe
mais plus que pour tout autre
la bienfaisance d'Hermès
intrépide messager des dieux
et comment il vint en Arcadie parmi les moutons
au milieu des sources et dans l'enclos
sur le Cyllène

Berger
fou du désir qui montait vers lui
il voulait faire l'amour à la fille de Dryops
une nymphe aux beaux cheveux

Il la prit dans son étreinte
et de l'union féconde
elle enfanta dans son palais
ce fils bizarre
chèvre-pied
double-corne
et grand chahuteur au rire doux

Nourrice
elle s'enfuit
délaissant cet enfant
qu'elle avait peur de voir
terrible avec sa barbe

Mais Hermès le prit dans ses bras
se réjouissant
du fond du cœur

Sans retard
il marche vers le domaine des Immortels
l'enfant enveloppé dans la peau d'un lièvre de montagne

Il prit place près de Zeus
et près de ceux qui ne meurent pas
leur montra son garçon
les réjouissant tous
mais Dionysos plus que tous

Réjouis-toi
Pan
que mon chant s'en souvienne
et pour te plaire
dans tous les autres chants

Hymne homérique pour Pan
et pour la fille de Dryops
qui ne comprend que quarante-neuf vers
(H XIX)
mais le grand hymne (IV) pour Hermès en comprend cinq cent quatre-vingt
et onze pour celui qui le précède (XVIII)

Non !
Le grand Pan n'est pas mort.
Il chante encore.
    

« Σ 7 = 28 »
    

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