vendredi 8 janvier 2021

Hélios et Séléné

Pour le vingt-deuxième cycle du deuxième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Antoine resta une année entière en Italie et ne la quitta qu'après qu'Octavie lui eut donné une fille. Il partit alors pour Athènes où il ne fut pas long à reprendre ses habitudes de mollesse orientale.

« Il se contenta d'envoyer en Asie un de ses meilleurs généraux – Publius Baccus – mais lui, peu soucieux en apparence des destinées d'un si grand empire, ne bougea pas de place. Il ne pensait qu'aux fêtes à organiser, aux hommages à recevoir.

« Cette vie déréglée, aussi peu romaine que possible, loin de Cléopâtre et d'une épouse qu'on ne pouvait soupçonner d'avoir de tels goûts, prouvait bien que c'est sa nature profonde qui remontait à de moment à la surface.

« Il recommença comme autrefois à Éphèse à se produire en public en « nouveau Dionysos ». Il organisait des orgies dans le théâtre qui portait le nom de ce dieu et était [ qui ] était situé au pied de l'Acropole.

« Les Athéniens, pour faire pendant à son alliance de Tarse avec Cléopâtre [ qu'on identifiait à ] Aphrodite, lui offrirent pour épouse Athénée [ sic ], la déesse vierge protectrice de la cité [ d’Athènes ].

« Antoine sans perdre la carte [ ? ] demanda une dot d'un million de drachmes. Ce ne fut d'ailleurs pas la seule somme qu'il extorqua aux Grecs, car il faisait argent de tout.

« Malgré ces épreuves qu'il leur imposait, les Athéniens faisaient de leur mieux pour l'entretenir en bonne humeur.

« Ils allèrent si loin dans l'hommage qu'ils effacèrent de leur statue les noms de deux anciens bienfaiteurs de leur ville pour les remplacer par celui d'Antoine. » [ ... ]

« Quand les pensées de Cléopâtre restaient au sol, on sentait battre leurs ailes. Le sol, c'était son trône qu'au début de sa carrière elle avait eu assez à faire à défendre.

« Aussitôt son trône assuré, elle prit son essor, et la différence qui distingue [ de ] ce point de vue les deux grandes époques de son règne se marque en ceci qu'elle vola plus haut, qu'elle n’atteignit les cimes qu'avec Antoine, [ ... ]

« [ ... ] car César jamais ne mit Cléopâtre au-dessus de lui ni l’Égypte au-dessus de Rome. »

[ ... ] « Aussi [ Antoine ] répondit-il [ à ceux qui sans doute lui reprochait « d'être devenu par ses désordres le chef de trois familles ennemies » ] [ celle de Fulvie, celle d'Octavie et celle de Cléopâtre ] qu'une aussi noble lignée que la sienne [ ... ]

« [ ... ] attendait une nombreuse descendance, et il ne manqua [ pas ] d'évoquer son ancêtre Hercule qui, à l'en croire, ne s'en remit pas à une seule femme du soin de perpétuer sa race,

« [ ... ] mais laissant de côté les lois [ qui interdisent à Rome la polygamie ] ne se fia qu'à son puissant instinct et appela à la vie des générations sans nombre. » [ ... ]

« Antoine [ ... ] reconnut [ les jumeaux qu'il eut de Cléopâtre en 40 avant l'ère chrétienne ] et leur donna lui-même les noms assez significatifs d'Alexandre Hélios – le Soleil – et de Cléopâtre Séléné – la Lune.

« Le fruit [ de son ] retour [ en Orient ] fut Ptolémée Philadelphe [ leur troisième enfant ], né en l'an 36 [ avant l'ère chrétienne ]. » [ ... ]

[ Cléopâtre eut avec César un premier enfant – Ptolémée Cӕsar – appelé Césarion qu'Octave fit assassiné en 30 avant l'ère chrétienne pour priver la race de sa descendance. ]

« Le gymnase se trouvait [ ... ] sur la grande voie d'Alexandrie, près du tombeau d'Alexandre le Grand. Sur le terrain habituellement réservé aux exercices une estrade d'argent s'élevait de nouveau, garnie à égale hauteur de deux trônes d'or.

Cléopâtre prit place sur l'un des deux [ trônes ] à côté d'Antoine. Césarion était assis sur un troisième trône plus bas d'une marche : il avait alors treize ans.

« Immédiatement au-dessous siégeaient les trois enfants de Cléopâtre et d'Antoine, les deux jumeaux Alexandre Hélios et Cléopâtre Séléné qui avaient six ans, et le dernier né, Ptolémée Philadelphe, âgé de deux ans.

« [ ... ] Alexandre Héhios portait le costume mède avec la tiare, tandis que le petit Ptolémée Philadelphe avait revêtu le costume traditionnel des anciens rois de Macédoine. [ ... ]

« [ Antoine ] déclara comme étant sa volonté que Cléopâtre, « épouse du Grand César », reine d’Égypte, de Chypre et de Cœlésyrie, porte désormais le titre de « Reine des rois ».

« Puis, il se tourna vers Césarion qu'il proclama publiquement fils légitime de César et de Cléopâtre et co-régent de sa mère avec le titre de « Roi des rois ».

« Alexandre Héhios fut proclamé grand roi d'Arménie, roi de Médie et de tous les territoires situés entre l'Euphrate et l'Indus, comprenant par conséquent le royaume des Parthes qui restait à conquérir.

« Le petit Ptolémée Philadelphe devint roi de Syrie et de tout le pays compris entre l'Euphrate et l'Hellespont, c'est-à-dire de l'Asie Mineure.

« Enfin, Cléopâtre Séléné reçut en propre les territoires situés à l'Ouest de l'Égypte, la Libye et la Cyrénaïque. »

Cf. Oscar de Wertheimer traduit de l'allemand par Adrien F. Vochelle en 1966 – Cléopâtre. Reine des roisUn rêve d'amour et de souveraineté en orient

« On rappelait entre autres qu'Antoine s'était produit en public à Alexandrie traîné sur un char d'or sous l'apparence d'Osiris, à côté de Cléopâtre qui se faisait adorer sous la forme d'Isis, et que la reine lui avait élevé un temple où il recevait le culte réservé à Dionysos. »

Cf. Oscar de Wertheimer – Op. Cit. Ibidem – Cléopâtre au cœur de la lutte

   

    

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