mardi 7 février 2023

Les demeures de la Fâtiḥa

...

[ al-Hâdî ]

« 'ihdinâ'ṣ-Ṣirâṭa'l-mustaqîm

Guide-nous dans le droit Chemin

Ṣirâṭa'l-laḏîna 'an'amta 'alayhim

sur la Voie de ceux que Tu as comblé de Tes faveurs

ghayri'l-maghḍûbi 'alayhim

dont se privent ceux qui encourent Ta colère

wa lâ'ḍ-Ḍâllîn »

et les égarés.

[ S 1 V 6 et 7 ]

Certains musulmans ont adressé la fin du dernier verset de la « Fâtiḥa » aux juifs et aux chrétiens. Personnellement, nous laissons cette adresse à qui de droit.

On ne peut en déduire qu'il y aurait là plus d'une voie, l'égarement étant le propre de ceux qui n'en ont pas ; n'en déplaise à l’Émir qui en voit deux en l’arguant dans sa dix-huitième halte de ses ravissements extatiques.

Nous ne nions pas que ces ravissements soient un mode de déplacement spécifique, nous réfutons qu'il puisse y avoir plus d'une voie tout en constatant qu'on retrouve ici la dualité des demeures infernale et paradisiaque.

La demeure des faveurs est la demeure paradisiaque et celle de la colère, la demeure infernale ; l'égarement étant l’isthme entre les deux demeures et un purgatoire qu'on peut toujours franchir dans les deux sens.

Ce que l’Émir prend pour une autre voie, c'est le franchissement de l'isthme entre la demeure des faveurs et ses égarements qui sont manifestes ; n'en déplaise à ceux qui manifestement ne les voient pas.

Ceci dit qui devait être dit, l’Émir donne une interprétation de ce verset moins sectaire que les anathèmes de nos « takfirî » auxquels il adresse cet avertissement :

« Le propos [ des gens de Dieu – exalté soit-Il – les connaissant par Lui ] est unique pour nous entretenir de l'Unicité divine. Leur attitude est partout la même, ainsi que Dieu – exalté soit-Il – l'a ordonné :

« Pratiquez cette religion et n'en faites pas un sujet de division. »

[ S 42 V 13 ]

« Ceux auxquels Dieu a accordé Ses faveurs son ceux auxquels Il a montré la nature des choses telles qu'elles sont en elles-mêmes. » [ ... ]

« Ceux qui encourent [ Sa ] colère sont [ ceux ] qui n'ont connu leur Adoré et ne se Le sont représenté qu'à travers des formes sensibles telles que le soleil, la lumière, les étoiles, les idoles, etc. »

« Les égarés [ sont ] ceux qui sont plongés dans la perplexité [ parce qu'ils ] ont voulu comprendre l'Essence divine à la lumière de leur intelligences. » [ ... ]

[ Nous ne croyons pas qu'il soit judicieux de s'en prendre comme le fait l’Émir aux théologiens et aux philosophes qui comme les croyants de toutes confessions se répartiront selon leurs critères dans les demeures qui leur correspondent. ]

« Quant au verset [ concernant ] « ceux qui encourent Ta colère » [ que l’Émir assimile ici aux égarés ], il [ démontre ] que ce que les égarés auront à subir est de leur fait, ...

[ Ce pourquoi nous disons qu'ils se privent eux-même des faveurs de Dieu. ]

« ... puisque nous avons affaire ici à deux participes dont l'agent est inconnu.

« [ La « Fâtiḥa » ] ne dit pas en effet : « ceux contre lesquels Tu as exercé Ta colère » ni « ceux que Tu as égarés » alors qu'Il dit bien « ceux auxquels Tu as accordé Tes faveurs ».

« Dieu est en effet la source et la cause de toute faveur, tandis que celui qui éprouve la rigueur du courroux en est lui-même la cause.

« Or, la faveur dont la source et la cause sont éternelles ne saurait prendre fin, ce qui n'est pas le cas de ce dont la source et la cause sont contingentes.

« Comprends donc ce à quoi nous venons de faire allusion, car ce verset contient le soulagement de leur affliction. » [ Argument saisissant contre l'éternité des peines. ]

Cf. La quatorzième halte des « Mawqif » de l’Émir abd al-Qâdir traduite par abdu'Llâh Penot (2008)

    

    

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