...
« Le
10 mars 1861, El Hadj Omar [ Tall ] entrait à Ségou, capitale du
royaume bambara. »
« Lorsqu'en
1862 apparut El Hadj Omar, Grand Maître de l'Ordre Tidjanî et qu'il
conquit l'Empire [ peul ] du Macina, cet empire [ fondé en 1818 ]
avait déjà commencer à se désagréger spirituellement ... »
« La
Tidjaniya, confrérie religieuse des Toucouleurs simposa sur la rive
droite du Niger tandis que la confrérie kounti gardait son
influence sur tout le Macina. »
« En
1885, Amadou Chékou [ l'un des fils d'El Hadj Omar ] se rendit [ de
Ségou ] à Nioro pour barrer la route aux armées d'occupation
françaises, alors commandées par le colonel Archinard. »
« Au
début de 1890, alors que Ségou était à la veille de tomber entre
les mains des Français, Tierno Bokar [ Salif Tall ] alors âgé de
quinze ans [ avait reçu de son grand-père maternel – El Hadj
Saydou Hann – une influence religieuse. ]
El
Hadj Saydou Hann qui mourru en mars 1890 était un « grand
mystique soufi formé à l'école de la Qadiriya avant d'être entré
dans l'Ordre Tidjani » sous l'influence d'El Hadj Omar.
Après
avoir rendu Ségou aux Diarra – « représentants de la
vieille famille royale Bambara » – Archinard fit rétablir
les droits des Toucouleurs à Bandiagara en y faisant monter Aguibou
Tall sur le trône d'un royaume fondé par son cousin Tidjani dès
1864.
C'est
ainsi que Bandiagara devint le fief de Tierno Bokar où il avait
trouvé refuge après la mort de son grand-père et qu'Hampâté Bâ
en fit un Sage avec la complaisance de son éditeur français –
Marcel Cardaire – soucieux d'en rétablir l'honneur.
Officier
français aux Affaires musulmanes, Marcel Cardaire est présenté par
Hampâté Bâ comme « l'élève du grand ethnologue Marcel
Griaule » qui publiait un livres assez remarquable sur la
mythologie dogon en 1948 – « Dieu d'eau ».
C'est
aussi le cosignataire en 1957 du livre qu'Hampâté Bâ réécrira
plus tard, sans doute pour le dégager des « intérêts »
et du « prestige » colonial « de son pays »
mais sans se départir de l'académisme anthropologique qui le
caractérise.
Tailleur-brodeur
de condition plus que modeste, Tierno Bokar se détourna sur le
conseil de sa mère de la carrière des armes que sa parenté avec
Aguibou Tall lui rendait pourtant accessible :
« Plutôt
que d'ôter la vie aux hommes [ lui dit-elle ] apprends à couvrir
leur nudité corporelle avant d'être appelé à l'honneur de pouvoir
couvrir leur nudité morale ou spirituelle en leur prêchant
l'Amour. »
Honneur
qui lui vint au décès de son maître après huit années d'étude à
Bandiagara sous la direction d'Amadou Tafsirou Bâ – « grand
mystique de l'Ordre Tidjani » – et le temps qu'il passa dans
la province de Louta auprès de sa belle-famille après son mariage.
Cf.
Amadou Hampâté Bâ – Vie et enseignement de Tierno Bokar. Le Sage
de Bandiagara – La vie – Racines (1980)
« Trois
jours par semaine, les élèves de l'écoles coranique avaient congé.
Pendant ces trois jours, Tierno tenait chez lui des réunions
ouvertes à tous, cosacrées aux enseignements de la Tidjaniya. Tous
les marabouts de la ville venaient l'écouter.
« Le
vieux Alpha Ali – à l'époque le plus grand maître d'école
coranique de Bandiagara – lisait des passages de [ la ]
« Diawharatul-maani » – la Perle des significations –
le livre majeur de Cheikh Aḥmad Tidjani.
« Tierno
Bokar qui était Cheikh de la confrérie, commentait et interprétait
ces passages, d'abord selon les enseignements de Cheikh Aḥmad
Tidjani lui-même, ensuite selon le livre d'El Hadj Omar
« ar-Rimma'a » – les Lances – ...
« ...
enfin selon le fruit de ses propres méditations – de son
« ijtihad ». C'est à la qualité de son « ijtihad »
qu'il devait sa réputation de maître enseignant. »
« Quant
aux aspects plus spécifiquement ésotériques de l'enseignement de
la Tidjaniya – science des nombres, des lettres et des formes
géométriques – il les dispensait individuellement selon les
aptitudes de chacun.
« De
même, c'est individuellement qu'il nous guidait sur le chemin du
perfectionnement intérieur [ et utilisait ] « une méthode
mnémotechnique » [ en traçant ] « sur le sable avec son
index ...
« ...
une série de points qui peu à peu s'ordonnaient en un schéma
simple qui frappait l'attention et se gravait aisément dans la
mémoire. »
Plusieurs
schémas illustrent les vingt-deux points du « Pacte
primordial » [ S 7 V 171 ], ceux de la religion et ceux de la
« Sharia bathénienne » – la Loi intérieure – pour
la Synthèse de l'enseignement ésotérique : le soufisme et la
Voie tidjane.
Cf.
Amadou Hampâté Bâ – Vie et enseignement de Tierno Bokar. Le Sage
de Bandiagara – L'enseignement (1980)
-
dix-neuvième point du « Pacte primordial » :
« Acquiers le premier soixantième [ du Noble Coran ] ou à
défaut la connaissance des onze sourates suivantes » [ qui
suffisent largement ] : « 1 » + « 10 »
de « 105 à 114 » qui font cinquante-cinq versets.
Le
Sage joue ici avec le nombre « dix-neuf » qui correspond
à celui des lettres de la « basmala » et avec le nombre
« onze » qui correspond à celui du « dhikr »
de la « djawharatu'l-kamal » pour la « wazifa »
du « wird » des « hamallistes ».
Or, nous n'avons trouvez qu'une unité de quarante versets comprenant la
« Fâtiḥa » (1) et les « Mu'awidhatan »
(113 et 114) à l'intérieur du « Kawthar » (108)
construit sur un septénaire – de 108 à 114 – semblable à celui
des sept versets de la Première.
Le
verset ineffable est celui de la « basmala » qui
apparaît comme entête sur chacune de ces sourates sans être compté
au nombre de leurs versets ; sauf pour la première d'entre elles et conformément à la suite du
quaternaire :
« (1)
+ (2 x 2) + (3 x 3) + (4 x 4) + (2 x 5) »
« (1)
+ 4 + 9 + 16 + 10 »
« 40 »
Mais
le nombre des cinquante-cinq versets de ces onze sourates donne une
image assez similaire de la quintessence qui se dissimule dans la
paire de cinq de la décade qui caractérise la figure du pique pour
la suite du quaternaire.
Ce
qui montre une méditation plutôt convergente vers la réalité
efficiente de ces nombres là où ils apparaissent.
Les
« dhikr » de la « tariqa » tidjane et les
trois piliers du « wird » :
1.
« Lazim » [ les trois cents deux fois par jour (600) ] :
-
cent fois « Astaghfiru'Llâh » : Demande de pardon à
Dieu – « Tawba »
-
cent fois « Salatu'l-Fatihi » : Prière de
l'Ouverture sur le Sceau des prophètes – « Taṣliya »
-
cent fois « Lâ ilâha illa Llâh » : Attestation de
l'Unicité divine – « Tawḥid »
2.
« Wazifa » [ une ou deux fois par jour (360) + (22) ] :
-
trente fois « Astaghfiru'Llâh al-'Adhîm iladhî lâ ilâha
illa Huwa al-Ḥayy al-Qayyûm »
-
cinquante fois « Salatu'l-Fâtiḥî » : Prière de
l'Ouverture sur le Sceau – « Taṣliya »
-
cent fois « Lâ ilâha illa Llâh » : Attestation de
l'Unicité divine – « Tawḥid »
+
onze ou douze fois * « Djawharatu'l-kamal » :
Perle de la Perfection – « Ḥaqîqa »
3.
« Tahlil » [ le jour de la « Jumu'a » (1.000) + (600) ] :
-
mille fois « Lâ ilâha illa Llâh » : Attestation
de l'Unicité divine – « Tawḥid »
+
six cents fois « Allâh » : Le Nom de Majesté –
« Jalâl »
*
Onze ou douze selon les obédiences, Tierno Bokar étant passé de
douze à onze.
Salutation
et Paix sur le Noble Prophète
l'Ouverture et le Sceau
Témoin
de la Vérité par la Vérité
et Guide sur la Voie
de ceux qui
le suivent
A
M Y N