lundi 22 mai 2023

Le lion de Montluçon

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« En 1920, l'écrivain Paul Marty – fonctionnaire de l'Administration coloniale – écrivait :

« Shérif Hama'Llâh n'est encore qu'une source bouillonnante ...

« ... mais une source qui – on peut le prévoir – par la force naissante de son courant, la vertu qui de toutes parts s'attache à ses eaux et à la convergence des ruisseaux voisins va devenir un grand fleuve. »

Cf. Paul Marty – Études sur l'Islam et les tribus du Soudan (1920) cité par Amadou Hampâté Bâ (1980)

Ce que le respectable chargé de mission aux Affaires musulmane de l'Administration coloniale ne pouvait pas prévoir, c'est là où nous mène l'embouchure de ce fleuve en formation :

« Un matin – très tôt – [ en 1940 ] un groupe de gardes vint le chercher. Vêtu d'un léger boubou de coton, il s'avança devant eux. Là encore, il s'interdit de réagir.

« Alors qu'un seul mot de lui aurait pu dresser des milliers d'hommes pour le défendre, il ne voulut même pas entrer dans sa maison pour y chercher des vêtements de peur de réveiller sa famille et que les cris des femmes ne provoquent une émeute.

« Il suivit donc les gardes pour ne jamais revenir. Les rares témoins de cette scène rapportèrent que ses seules paroles furent celles que l'on prononce au pèlerinage et devant la mort :

« Rabbi labaïka ! Rabbi labaïka ! » – « Seigneur me voici ! Seigneur me voici ! »

«  Il fut d'abord emmené à Gorée – au Sénégal – puis à Casseigne – en Algérie – ensuite à Vals-les-bains – en Ardèche – avant d'être transféré à Evaux. Il y contracta une maladie de poitrine et fut transporté à l'hôpital de Montluçon où il mourut en janvier 1943.

« Il repose à Montluçon au Cimetière de l'Est où sa tombe connaît un afflux de plus en plus grand de pèlerins africains. »

« Tel fut le destin extérieur de Shérif Hama'Llâh, l'homme « dont les pieds reposaient très haut au-dessus de cette terre » [ d'après le témoignage initial du Sheykh Muḥammad Lakhdar qui l'avait reconnu comme « Quṭb az-Zaman ».

« Son pied est placé très haut par rapport à la terre ». Ce qui est une image rehaussée de la charge du « Quṭb al-aqṭab » – le Pôle des pôles – assumé par le Sheykh abd al-Qâdir al-Jilânî (1166).

« Celui-là [ avait prédit le Shérif al-Moktar avant sa défection ] le jour viendra – quand son soleil sera à son zénith – où celui qui ne sera pas sous son ombre sera brûlé par son soleil ! »

Cf. Amadou Hampâté Bâ – Vie et enseignement de Tierno Bokar. Le Sage de Bandiagara – La vie – Le maître – Destin de Shérif Hama'Llâh (1980)

   

    

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