lundi 31 mars 2025

L'alliance spiritualiste

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Pour la vingt-cinquième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« L'occultisme est aussi une chose fort récente, peut-être même un peu plus récente encore que le spiritisme ; ... [ que Guénon date de la seconde moitié du XIXe siècle ]

« ... ce terme semble avoir été employé pour la première fois par Alphonse-Louis Constant plus connu sous le pseudonyme d'Éliphas Lévi et il nous parait bien probable que c'est lui qui en fut l'inventeur.

« Si le mot est nouveau, c'est que ce qu'il sert à désigner ne l'est pas moins : [ ... ] on n'avait jamais cherché à réunir [ la magie, l'alchimie et l'astrologie ] en un corps de doctrine unique ...

[ où les « sciences occultes » sont parfois qualifiées de magie ]

« ... ce qu'implique essentiellement [ sa ] dénomination [ comme ] occultisme.

« À vrai dire, ce soi-disant corps de doctrine est formé d'éléments bien disparates : Éliphas Lévi voulait le constituer surtout avec la kabbale hébraïque, l'hermétisme et la magie ; ...

« ... ceux qui vinrent après lui devaient donner à l'occultisme un caractère bien différent. » [ ... ]

« Éliphas Lévi mourut en 1875, l'année même où fut fondée la Société Théosophique ; ...

« ... en France, il se passa alors quelques années pendant lesquels il ne fut plus guère question d'occultisme ; ...

« ... c'est vers 1887 que le Dr Gérard Encausse sous le nom de Papus reprit cette dénomination en s'efforçant de grouper autour de lui tous ceux qui avaient des tendances analogues ...

« ... et c'est surtout à partir du moment où il se sépara de la Société Théosophique en 1890 qu'il prétendit en quelque sorte monopoliser le titre d'occultisme [ qui pouvait s'étendre aux théosophistes et aux néo-rosicruciens anglais ] au profit de son école.

« Telle est la genèse de l'occultisme français ; ...

« ... on dit parfois que cet occultisme n'était en somme que du « papusisme » et cela est vrai à plus d'un égard car une bonne partie de ses théories ne sont effectivement que l’œuvre d'une fantaisie individuelle ; ...

« ... il en est même qui s'expliquent tout simplement par le désir d'opposer à la fausse « tradition orientale » des théosophistes une « tradition occidentale » non moins imaginaire ...

[ que Guénon qualifie de « néo-spiritualistes ». ]

« Le premier effet [ de l'éclectisme de ce néo-spiritualisme ] fut la réunion à Paris dès 1889 d'un « Congrès spirite et spiritualiste » où toutes les écoles [ de l'occultisme ] étaient représentée ; ...

« ... naturellement, cela ne fit pas disparaître les dissensions et les rivalités ; ...

« ... mais peu à peu les occultistes en arrivèrent à faire dans leur « syncrétisme » peu cohérent une part de plus en plus large aux théories spirites, ...

« ... assez vainement d'ailleurs car les spirites ne consentirent jamais pour cela à les regarder comme de vrai « croyant ». [ ... ]

En contre-partie, Mme Annie Besant devait déclarer en 1898 devant l'Alliance Spiritualiste de Londres que les deux mouvements « spiritualiste » et « théosophiste » avaient eu la même origine.

Cf. René Guénon – L'erreur spirite – Distinctions et précisions nécessaires – Spiritisme et Occultisme (1923)

   

    

dimanche 30 mars 2025

La Voie vers Shambhala

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Pour la vingt-quatrième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« Cet écrit tibétain dont l'auteur fut une autorité – le troisième Panchen Lama – et qui suivait la doctrine du Kâlachakra doit être d'abord replacé dans son contexte traditionnel spécifique ...

« ... à savoir le bouddhisme – Buddha Dharma – du Mahâyâna – [ le ] Grand Véhicule – et plus précisément le Vajrayâna – [ la ] Voie [ ... ] de la foudre [ adamantine ].

[ Le Panchen Lama prend ici la fonction assignée au Bogdo Khan par René Guénon dans le « Roi du Monde » pour le Mahânga du Lamaïsme en complémentarité avec le Tashi Lama pour le Mahâtma de l'Agarttha.

Le ternaire des fonctions suprêmes qu'ils réalisent avec le Dalaï Lama et le Brahâtmâ de Saint-Yves d'Alveydre que Guénon identifie au Brahmâtmâ du brahmanisme est une représentation stellaire de la Ceinture d'Orion – de son Hara et de ses deux Nadis.

Elle est alors semblable aux étoiles de la Grande Ourse pour les sept adeptes de la Rose-Croix d'Or et du Serpent dont les roues hélicoïdales tournent vers l'étoile polaire dans le Chakra du Cœur où siège l'Ishwara de la Trimûrti.

Les ternaires de la Colombe et du Serpent de l'Amphisbène et du Caducée sont alors semblables aux deux luminaires de la Lune et du Soleil qui précèdent les cinq planètes de la sphère solaire dans le septénaire de la Semaine. ]

« Il s'agit [ d'une ] recherche [ dans ] la localisation de la Terre de Shambhala. Et c'est là que ce texte revêt une importance toute spéciale pour l'Occident car il est pratiquement le seul à traiter de ce sujet qui nous soit accessible.

« On se souvient du récit d'Ossendowsky – « Hommes, bêtes et dieux » – où il était question de l'Agartha, le royaume désormais souterrain du livre fondamental de René Guénon sur le « Roi du Monde » et des polémiques qui s'ensuivirent ...

« ... certains accusant les tenants de l'existence de l'Agartha de s'être laissés aller à des imaginations sinon d'avoir avalisé des forgeries.

« Or il appert que Shambhala – la Terre Sacrée – dont il est question dans [ cet écrit ] n'est autre que l'Agartha – le Centre du Monde – [ la ] résidence du Chakravartin – Celui qui fait tourner la roue du Dharma.

« En somme, Shambhala – la Terre Mythique [ ... ] – est la demeure du Bodhisattva qui est réellement l'avatâra – [ la ] descente – du Principe.

« Shâkyamuni – le Bodhisattva fondateur du Buddha Dharma actuel – n'est que la quatrième bodhisattva selon la tradition « mahâyâniste » qui réactualisa comme tout bodhisattva une ancienne doctrine. »

[ Shâkyamuni n'est pas un bodhisattva mais le bouddha du Nirmâṇakâya et le Bodhisattva avec une majuscule désigne ici Padmasambhava – le bodhisattva du Nirmâṇakâya.

Le Buddha Dharma est éternel puisse qu'il transcende l'actualité du temps et la quatrième bodhisattva avec une minuscule que le texte met au féminin désigne la quatrième période de cinq cents ans du Mahâyâna qui en compte cinq.

Cette quatrième période semblable au Phœnix ponant ou au Cerf blanc à cinq cors de la tradition celtique s'étend de 780 – reconnaissance royale du bouddhisme au Tibet – à 1280 – début du Mahâyâna définitif avec le Dai Gohonzon de Nichiren au Japon.

Il s'en suit que le Nirvana du bouddha Shakyamuni peut être daté de 720 avant l'ère chrétienne : « 720 + 780 = 1.500 = 3 x 500 ». ]

« Shambhala [ ... ] est « le centre du Lotus » [ au ] centre de la manifestation actuelle [ ... ] du « Manvantara » sous l'aspect successif [ du ] temporel [ son actualité étant transcendé par les successions de sa temporalité. ]

[ Nous éludons « l'aspect spatial » de son « maṇḍala ». ]

« Shambhala est ainsi le centre caché de la manifestation actuelle prise sous son aspect de simultanéité [ et ] de succession [ qui s'identifie à « la septième terre » entre deux périodes dans une représentation symbolique du « kalpa » évoqué par René Guénon. ]

[ Ce qui permet d'identifier cette évocation à une représentation du sabbat. ]

« ...Kalu Rimpoche [ qui en s'inscrivant dans sa tradition n'actualise pas sa succession ] parle du roi à venir [ qu'on peut dès lors situer au XIIIe siècle de l'ère chrétienne ] « le Seigneur violent de la roue de fer » [ l'avatâra du Kali-Yuga ] ...

« ... qui livrera la guerre de Shambala [ à la fin du « Manvantara » ] ...

« ... ce qui se rapporte [ ce n'est apparemment plus Kalu Rimpoche qui rapporte ] à la venue de Maitreya [ dans les interprétations fantastiques du Nouvel-Âge, ] ...

« ... le dernier Boddhisatva du cycle [ celui de 1280 avec le Daishonin du Japon, ] ...

« ... l'équivalent du Kalki Avatâra hindou [ « le Seigneur violent de la roue de fer », ] ...

« ... du Madhi de la tradition musulmane [ le Sceau des saints muḥammadiens et Celui qui lui ressemble sur la chaire de Tamaris dans l'économie cyclique de l'âge de fer, ] ...

« ... etc. [ la Parousie du Christ confondue avec son retour ou sa seconde venue. ]

Mais la Voie vers Shambhala reste un texte de la fin XVIIIe siècle (1775) à la gloire de celui que ce syncrétisme passe étrangement sous silence en l'identifiant pleinement au Centre du Lotus avec le Guru Rimpoche.

Padmasambhava est néanmoins décrit dans le glossaire de Claire Remy comme le fondateur de la secte des Bonnets Rouges et la « Kâlachakra » comme la roue du temps de la doctrine secrète en rapport avec Shambhala.

La date et les circonstances de sa rédaction telles qu'elles sont rapportées par son éditeur en 1915 nous indique qu'il y a là comme un dernier avertissement de la part du Panchen Lama en vue de la fin des temps qui s'ouvre alors devant lui.

Cf. Avant-propos à la Voie vers Shambhala du troisième Panchen Lama d'après l'édition d'Albert Grünwedel (1983)

   

    

samedi 29 mars 2025

L'ordre de la Croix et du Serpent

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Pour la vingt-troisième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« Certains théosophes ont affirmé avec une insistance qui prouve que la chose a quelque importance pour eux que la « H. B. of L. » avait été une imitation ou même une contrefaçon de la Société Théosophique, ...

« ... ce qui implique qu'elle n'aurait été fondée que postérieurement à celle-ci.

« Nous devons donc préciser que la « H. B. of L. » avait été réorganisé dès 1870, c'est-à-dire qu'en cette année avait été fondé le cercle extérieur dont la direction fut en 1873 [ ... ] confié à Max Théon ; ...

« ... celui-ci qui devait plus tard se faire le propagateur de la doctrine désignée sous le nom de « Tradition cosmique » [ ... ] était – parait-il – le fils de Paulos Metamon. [ ... ]

« Quant aux formes antérieures de la « H. B. of L. », il faut les chercher sans doute dans des organisations qui ont été connues sous divers autre noms, ...

« ... notamment dans la fraternité d'Eulis [ dont le nom serait une altération voulue d'Éleusis ] de [ Paschal Beverly ] Randolph ...

« ... et même dans le mystérieux Ordre d'Ansaireh auquel celui-ci était rattaché ; ... [ ... ]

« De plus, nous pouvons dire maintenant [ après la mort de Max Théon ] que les documents inédits concernant la « H. B. of L. » nous ont été communiqués par F.-Ch. Barlet [ Albert Faucheux ] qui en avait été le représentant officiel pour la France, ...

« ... après avoir été un des fondateurs de la première branche française de la Société Théosophique dont il se sépara d'ailleurs en 1888 à la suite de dissensions dont on peut retrouver les échos dans la revue « Le Lotus ».

« L'hostilité de la Société Théosophique à l'égard de la « H. B. of L. » se manifeste particulièrement en 1886 à propos d'un projet de fondation d'une sorte de colonie agricole en Amérique par des membres de cette dernière organisation.

« Mme Blavatsky trouva là une occasion favorable pour se venger de l'exclusion dont elle avait été l'objet en 1878 et elle manœuvra de telle sorte qu'elle arriva à faire interdire au secrétaire général de l'Ordre – T. H. Burgoyne – l'accès du territoire des États-Unis, ...

« ... en faisant parvenir aux autorités américaines des documents établissant qu'il avait subi autrefois une condamnation pour escroquerie.

« Seul Peter Davidson qui portait le titre de Grand-Maître provincial du Nord alla s'établir avec sa famille à Loudsville en Géorgie où il est mort [ en 1915 ] après avoir fondé alors que la « H. B. of L. » était déjà « rentrée en sommeil », ...

« ... une nouvelle organisation appelée « Ordre de la Croix et du Serpent » [ dans laquelle Guénon ne voit qu'une allusion au symbole biblique du « Serpent d'airain » mais qui remémore aussi la treizième constellation sidérale ] ...

« ... et ayant pour organe une revue intitulée « The Morhing Star ».

[ Davidson voit la Société Théosophique sous l'influence d'un ordre « très inférieur » à la fraternité « authentique et réelle » dont elle se revendique et que Guénon identifie au Mahâ-Bodhi Samâj qui avait pour chef le principal du Vidyodaya Parivena de Colombo. ]

Cf. René Guénon – Le Théosophisme. Histoire d'une pseudo-religion – Note additionnelles de la seconde édition se reportant au chapitre consacré aux origines de la Société Théosophique inclue dans les éditions de 1965 et de 1973

   

    

vendredi 28 mars 2025

D'illustres inconnus

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Pour la vingt-deuxième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« ... l'essentiel est venu d'ailleurs et de beaucoup moins loin : presque toutes les organisations initiatiques même occidentales se sont toujours réclamées de certains Maîtres auxquels des dénominations diverses ont été données ; ...

« ... tels furent précisément les Adeptes du rosicrucianisme, tels furent aussi les Supérieurs Inconnus de la haute maçonnerie du XVIIIe siècle. » [ ... ]

« Nous avons vu que Mme Blavatsky fut en rapport avec des organisations rosicruciennes qui tout en étant extrêmement éloignées à tout point de vue de la Rose-Croix originelle n'en avaient pas moins conservé certaines notions relatives aux Adeptes.

« D'autre part, elle avait eu connaissance de divers ouvrages où se trouvent quelques données sur cette question ; ...

« ... ainsi parmi les livres qu'elle étudia en Amérique en compagnie d'Olcott [ ... ] on trouve mentionné [ en 1875 ] « l’Étoile flamboyante » du baron de Tschoudy et la « Magia adamica » d'Eugenius Philalethes.

« Le premier de ces deux livres publié en 1766 et dont l'auteur fut le créateur de plusieurs hauts grades maçonniques contient un catéchisme des Philosophes Inconnus ...

« ... dont la plus grande partie est tirée des écrits du Rosicrucien Sendivogius appelé aussi le Cosmopolite et que certains croient être [ Mikaël ] Maier [ + 1622 ].

« Quant à l'auteur du second qui date de 1650, c'est un autre Rosicrucien dont le vrai nom était – dit-on – Thomas Vaughan bien qu'il ait été connu aussi sous d'autres noms dans divers pays [ ... ] ; ...

« ... c'est d'ailleurs un personnage fort mystérieux et ce qui est peut-être le plus curieux, c'est qu'une tradition prétend qu'il n'a pas encore quitté cette terre [ en 1923. ]

[ Ce qui n'est sans doute qu'une façon d'indiquer qu'il possédait « l'élixir de longue vie » en rapport avec une certaine connaissance de l'économie cyclique. ]

« ... dans un ouvrage publié en 1714 par Sincerus Renatus – le fondateur de la Rose-Croix d'Or – il est dit que les Maîtres de la Rose-Croix sont partis pour l'Inde depuis quelques temps et qu'il n'en reste plus aucun en Europe ; ...

« ... la même chose avait déjà été annoncée précédemment [ dès 1623 ] par Henry Neuhaus qui ajoutait que ce départ avait eu lieu après la déclaration de la guerre de Trente Ans (1618-1648).

[ « ... peu après la guerre de Trente Ans [ dans le « Roi du Monde » ] les vrais Rose-Croix ont quitté l'Europe pour se retirer en Asie ; ... » où le nombre des Adeptes rosicruciens passe de sept à douze – cf. Le centre suprême caché pendant le « Kali-Yuga » (1958). ]

« Quoi qu'il faille penser de ces assertions [ ... ] il est certain que les Rose-Croix eurent des liens avec des organisations orientales – musulmane surtout ; ...

« ... en-dehors de leurs propres affirmations, il y a à cet égard des rapprochements remarquables : ...

« ... le voyageur Paul Lucas qui parcourut la Grèce et l'Asie Mineure sous Louis XIV raconte –[ en 1712 ]  qu'il rencontra à Brousse quatre derviches ...

« ... dont l'un qui semblait parler toutes les langues du monde [ ... ] lui dit qu'il faisait partie d'un groupe de sept personnes qui se retrouvaient tous les vingt ans dans une ville désignée à l'avance ; ...

« ... il lui assura que la Pierre philosophale permettait de vivre un millier d'années et lui raconta l'histoire de Nicolas Flamel que l'on croyait mort et qui vivait aux Indes avec sa femme. »

[ Pour Emanuel Swedenborg (+ 1772) la Parole perdue de l'initiation restait préservée parmi les sages du Tibet et de la Tartarie. Pour Anne-Catherine Emmerich (+ 1824) le séjour des sages est sur la Montagne des prophètes. ]

Cf. René Guénon – Le Théosophisme. Histoire d'une pseudo-religion – La question des mahatmas (1921)

Par la lettre « Zây » et la lettre « Lâm » qui sont avec le « Alif »
parmi les sphères célestes

« 240 + 21 »

comme Idrîs et Yûsuf sont parmi les phases de la Semaine
si tu es de ceux qui comprennent la Science des chiffres et des lettres.

« YHW » = « Σ 6 »
    

     

jeudi 27 mars 2025

L'empereur de la Rose-Croix d'Or

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Pour la vingt-et-unième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« En 1887, le Dr [ Franz ] Hartmann fit paraître à Boston – centre de la branche américaine de [ l'Ordre de la « Golden Down ] in the Outer » – une sorte de roman ayant pour titre « Une aventure chez les Rosicruciens » ...

« ... qui contient la description d'un monastère théosophique imaginaire [ qu'il aurait voulu réaliser en Suisse en 1889 ] situé dans les Alpes ; ...

« ... et l'auteur raconte que ce monastère relève de l'Ordre des frères de la Croix d'Or et de la Rose-Croix [ dont le ] chef porte le titre d'Imperator.

« Cela fait penser à l'ancienne Rose-Croix d'Or d'Allemagne fondée en 1714 par le prêtre saxon Samuel Richter plus connu sous le pseudonyme de Sincerus Renatus ...

« ... et dont le chef portait en effet – comme plus tard celui de la « Golden Dawn » – ce titre d'Imperator hérité des organisations rosicruciennes antérieures ...

« ... et qui remonterait même jusqu'à l'origine du monde s'il fallait en croire certains écrits légendaires [ puisqu'on ] trouve dans le « Clypeus Veritatis » qui date de 1618 une liste chronologique des « imperatores » depuis Adam !

[ La disparition de la maison impériale austro-hongroise héritière du Saint Empire Romain Germanique dont la fondation ottonienne n'est pas sans rapport avec l'invention légendaire de la sépulture fabuleuse de Christian Rosenkreutz de 1604 ...

... fut concomitante en 1924 à celles du siège pontifical d'Urga en Mongolie et du califat ottoman à Istanbul en Turquie. ]

« Ces exagérations et ces généalogies fabuleuses sont d'ailleurs communes à la plupart des sociétés secrètes y compris la Maçonnerie où nous voyons le Rite de Misraïm faire remonter ses origines à Adam.

« Ce qui est plus digne d'intérêt, c'est qu'un écrivain occultiste [ Sédir en 1910 ] parlant de l'organisation rosicrucienne de 1714 déclare ceci : « Une tradition dit que cet Imperator existe toujours [ et que ] son action serait devenue politique » ; ...

« ... s'agit-il encore ici du chef de la « Golden Dawn » [ fondée à Londres par William Winn Wescott en 1888 ] ?

« En effet, la Rose-Croix d'Or à laquelle certains ont cru reconnaître déjà un caractère politique n'existe plus depuis longtemps ; ...

« ... elle fut remplacée en 1780 [ après 66 ans ] par les frères initiés de l'Asie dont le centre fut établi à Vienne et dont les supérieurs s'intitulaient par allusion au début de l'Apocalypse : « Pères et Frères des Sept Églises Inconnues de l'Asie » ; ...

[ Mais les sept églises d'Asie Mineure dans l'Apocalypse ne nous sont pas du tout inconnues puisque leurs dédicaces les citent nommément. ]

« ... [ et ] on peut [ ... ] se demander si les sept adeptes [ qui possèdent l'élixir de longue vie ] du comte Mac Gregor [ le secrétaire de la « Sociétas Rosicruciana in Anglia » fondée en 1867 par Robert Wentworth Little ] n'aurait pas été leurs continuateurs.

« ... Ce qu'il y a de certain, c'est que bien des associations qui prétendent se rattacher au rosicrucianisme font encore prêter à leur adhérent un serment de fidélité à l'Imperator. »

[ Quelque chose de semblable allait se mettre en place au Vatican sous Pie XII autour du pape réunissant le secrétaire d'état et le cardinal archevêque, les deux patriarches orientaux et les deux commandeurs des ordres chevaleresques. ]

Cf. René Guénon – Le Théosophisme. Histoire d'une pseudo-religion – La Société Théosophique et le Rosicrucianisme (1921)

« Chaque frère changera ses nom et prénoms après avoir été reçu [ par la Rose-Croix d'Or ] et fera de même chaque fois qu'il changera de pays. »

« Vincit Omnia Véritas »

« 320 + 40 = 360 »

« 1964 »

« 2 x 30 » + « 8 »

« 2032 »
    

     

mercredi 26 mars 2025

La magie du spectre frappeur

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Pour la vingtième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« Nous avons dit qu'il y avait eu des cas similaires [ et plus anciens ] à celui de Hydesville [ en 1848 ] ; ...

« ... le plus semblable de tous, c'est ce qui se passe en 1762 à Dibbelsdorf en Saxe [ relaté par la Revue Spirite en 1858 ] où le « spectre frappeur » répondit exactement de la même façon aux questions qu'on lui posait ; ...

« ... si donc il n'avait pas fallu autre chose, le spiritisme aurait fort bien pu naître en cette circonstance d'autant plus que l'événement eut assez de retentissement pour attirer l'attention des autorités et celle des savants.

« D'autre part, quelques années avant les débuts du spiritisme, le Dr Kerner avait publié un livre sur le cas de la « voyante de Prevorst » [ dans le Wurtemberg ] – Mme Hauffe – autour de laquelle se produisaient de nombreux phénomènes du même ordre ; ...

« ... on remarquera que ce cas comme le précédent a eu lieu en Allemagne et bien qu'il y en ait eu aussi en France et ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles nous avons noté l'origine allemande de la famille Fox [ en Amérique. ]

« Il est intéressant à ce propos d'indiquer d'autres rapprochements : dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, certaines branches de la haute Maçonnerie allemande s'occupèrent particulièrement d'évocations ; ...

« ... l'histoire la plus connue dans ce domaine est celle de Schrœpfer qui se suicida en 1774.

« Ce n'était pas de spiritisme qu'il s'agissait alors mais de magie, ce qui est extrêmement différent [ et dans ce contexte n'a plus rien à voir avec un sacerdoce mazdéen ] ; ...

« ... mais il n'en est pas moins vrai que des pratiques de ce genre – si elles avaient été vulgarisées – auraient pu déterminer un mouvement tel que le spiritisme par suite des idées fausses que le grand public se serait faites inévitablement à leur sujet.

« Il y eut certainement aussi en Allemagne – depuis le début du XIXe siècle – d'autres sociétés secrètes qui n'avaient pas [ de ] caractère maçonnique et qui s'occupaient aussi de magie et d'évocations en même temps que de magnétisme ; ...

« ... or la « H. B. of L. » [ la Fraternité hermétique de Luxor ] ou [ la fraternité ] dont elle prit la suite fut précisément en rapport avec certaines de ces organisations.

« Sur ce dernier point on peut trouver des indications dans un ouvrage anonyme intitulé « Ghostland » [ « Au pays des Esprits » en français ] qui fut publié sous les auspices de la « H. B. of L. » ...

« ... et que quelques uns ont même cru pouvoir attribuer à Mme [ Emma ] Hardinge-Britten ; ... [ l'historiographe du « modern american spiritualism » en 1870 ]

« ... pour notre part [ celle de Guénon ] nous ne croyons pas que celle-ci en ait été réellement l'auteur mais il est au moins probable que c'est elle qui s'occupa de l'éditer.

[ Il ne s'agirait pas non plus de Thomas Henry Burgoyne qui fut secrétaire de la « H. B. of L. » et à qui Guénon attribue trois autres ouvrages : « Light of Egypt », « Celestial dynamics » et « Langage of the Stars ». ]

« ... il y aurait lieu de diriger de ce côté [ du côté de la haute maçonnerie allemande ] des investigations dont le résultat pourrait être fort important pour dissiper certaines obscurités ; ...

« ... si pourtant le mouvement spirite ne fut pas suscité tout d'abord en Allemagne mais en Amérique, c'est qu'il devait trouver dans cette dernière contrée un milieu plus favorable que partout ailleurs, ...

« ... comme le prouve du reste la prodigieuse éclosion de sectes et d'écoles « néo-spiritualistes » qu'on a pu y constater depuis lors et qui se continue [ en 1923 ] plus que jamais. »

Cf. René Guénon – L'erreur spirite – Distinctions et précisions nécessaires – Les origines du spiritisme (1923)

Guénon donne au « modern american spiritualism » le but de « lutter contre l'envahissement du matérialisme » dans le cadre d'un « matérialisme singulièrement plus étendu que celui de le science officielle ».

Il suppose que ce mouvement pernicieux a « promptement dévié » de son objectif en échappant « au contrôle de ses inspirateurs » et en prenant dès lors « un caractère qui ne correspondait guère à leurs intentions ».

   

    

mardi 25 mars 2025

La fraternité d'Eulis

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Pour la dix-neuvième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« L'essentiel de ce qui précède [ à Hydesville et à Rochester en 1848 ] est emprunté au récit d'un auteur américain, récit que tous les autres se sont ensuite contentés de reproduire plus ou moins fidèlement ; ...

« ... or il est curieux que cet auteur qui s'est fait l'historien des débuts du « modern [ american ] spiritualism » soit Mme Emma Hardinge-Britten qui était membre de la société secrète désignée par les initiales « H. B. of L. » – « Hermetic Brotherhood of Luxor » – ...

« ... dont nous avons déjà parlé ailleurs à propos des origines de la Société Théosophique.

[ « Or cette société [ « H. B. of L. » – « Hermetic Brotherhood of Luxor » ] bien qu'ayant joué un rôle important dans la production des premiers phénomènes du « spiritualisme » en Amérique est formellement opposée aux théories spirites ...

« ... car elle enseigne que ces phénomènes [ ne ] sont [ pas ] dus [ ... ] aux esprits des morts mais à certaines forces dirigées par des hommes vivants. » [ ... ]

« ... Mme Blavatsky et Olcott [ les fondateurs de la Société Théosophique en 1875 ] ne restèrent pas bien longtemps attachés à la « H. B. of L. » et [ ... ] ils furent expulsés de cette organisation quelque temps avant leur départ d'Amérique [ en 1878 ]. » ]

« Nous disons que ce fait est curieux [ l'appartenance de l'historiographe du « modern american spiritualism » à la Fraternité hermétique de Luxor ] parce que la « H. B. of L. » tout en étant nettement opposée aux théories du spiritisme ...

« ... n'en prétendait pas moins avoir été mêlée d'une façon fort directe à la production de ce mouvement.

« En effet, d'après les enseignements de la « H. B. of L. » les premiers phénomènes « spiritualistes » ont été provoqués non point par les esprits des morts ...

« ... mais bien par des hommes vivants agissant à distance par des moyens connus seulement de quelques initiés. ; ...

« ... et ces initiées auraient été précisément les membres du « cercle intérieur » de la « H. B. of L. ».

« Malheureusement il est difficile de remonter dans l'histoire de cette association plus haut que 1870 – c'est-à-dire l'année même où Mme Emma Hardinge-Britten publia le livre dont nous venons de parler [ ... ] ; ...

« ... aussi certains ont-ils cru pouvoir dire que malgré ses prétentions à une grande ancienneté, elle ne datait guère que de cette époque.

« Mais même si c'était vrai, ce ne le serait que pour la forme que la « H. B. of L. » avait revêtue en dernier lieu ; ...

« ... en tout cas, elle avait recueilli l'héritage de diverses autres organisations qui elles existaient très certainement avant le milieu du XIXe siècle, ...

« ... comme la Fraternité d'Eulis qui était dirigée – au moins extérieurement – par Paschal Beverly Randolph, personnage fort énigmatique qui mourut en 1875. » [ ... ]

« Dans l'étrange discours qu'elle prononça en 1898 devant une assemblée de spirites [ ... ] Mme Annie Besant prétendit que les « adeptes » qui avaient provoqué le mouvement « spiritualiste » s'était servis des « âmes des morts » ; ...

« ... comme elle se proposait de tenter un rapprochement avec les spirites, elle sembla – avec plus ou moins de sincérité – prendre cette expression – [ les ] « âmes des morts » – dans un sens que ceux-ci lui donnent ; ...

« ... mais nous qui n'avons aucune arrière-pensée « politique », nous pouvons fort bien l'entendre d'une toute autre façon comme désignant simplement ce « quelque chose » ...

[ « ... qui provient d'un mort mais qui n'est certainement pas son esprit si par esprit on entend la partie supérieur de l'être ». ]

« Il nous semble que cette interprétation s'accorde beaucoup mieux que toute que toute autre avec la thèse de la « H. B. of L. ». ; ...

« ... assurément, ce n'est pas là ce qui nous importe le plus mais cette constatation nous donne à penser que les membres de [ cette ] organisation ou tout au moins ses dirigeants savaient vraiment à quoi s'en tenir sur la question ; ...

« ... en tout cas, ils le savaient certainement mieux que Mme Besant dont la thèse malgré le correctif qu'elle y apportait n'était pas beaucoup plus acceptable pour les spirites.

« Nous croyons d'ailleurs qu'il est exagéré [ ... ] de vouloir faire intervenir des « adeptes » au sens strict de ce mot [ qui est reprit au rosicruciamisme ] ; ...

« ... mais nous répétons qu'il se peut que des initiés quels qu'ils soient aient provoqué les phénomènes de Hydesville en se servant des conditions favorables qu'ils y rencontraient, ...

« ... ou qu'ils aient à tout le moins imprimé une certaine direction déterminée à ces phénomènes alors qu'ils avaient déjà commencé à se produire. [ ... ]

« ... nous ajouterons qu'il y a encore une autre hypothèse qui peut paraître plus simple [ et plus vraisemblable ] : c'est que les agents de l'organisation en cause – que ce soit la « H. B. of L. » ou toute autre [ organisation ] ...

« ... se soient contentés de profiter de ce qui se passait pour créer le mouvement « spiritualiste » en agissant par une sorte de suggestion sur les habitants et les visiteurs de Hydesville.

« Cette dernière hypothèse représente pour nous un minimum d'intervention ...

« ... et il faut bien accepter au moins ce minimum car sans cela il n'y aurait aucune raison plausible pour que le fait de Hydesville ait eut des conséquences que n'auraient jamais eues les autres faits analogues qui s'étaient présentés antérieurement ; ...

« ... si un tel fait était par lui-même la condition suffisante de la naissance du spiritisme, celui-ci serait certainement apparu à une époque beaucoup plus reculée. »

Cf. René Guénon – Le Théosophisme [ et ] L'erreur spirite – Les origines de la Société Théosophique [ et ] du spiritisme (1921) et (1923)

La thèse de Guénon c'est que le spiritualisme et le spiritisme ont été instrumentalisés d'une façon ou d'une autre en vue d'une structuration dont on ne voit pas ici la finalité.

Le but du théosophisme pour Mme Blavatsky n'est pas de restaurer l'Hindouisme comme pourrait le laisser croire ses liens avec les mouvements réformistes de l'Arya et du Brahma Samâj mais de « balayer le christianisme de la surface de la terre ».

   

    

vendredi 21 mars 2025

Philosophie et métaphysique

...

Pour la dix-huitième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« Pour en revenir à notre point de départ, on n'est nullement autorisé de ce que les plus anciens philosophes grecs ont précédé de plusieurs siècles l'époque d'Alexandre à conclure qu'ils n'ont rien connu des doctrines hindoues.

« [ À titre d'exemple mais il s'agit bien évidemment d'un point de départ pour sa thèse ] l'atomisme longtemps avant de paraître en Grèce avait été soutenu dans l'Inde par l'école de Kenada puis par les Jaïnas et les Bouddhistes ; ...

« ... il se peut qu'il ait été importé en Occident par les Phéniciens comme certaines traditions le donnent à entendre [ mais on voit mal comment les Phéniciens l'aurait transmis aux Grecs sans qu'ils l'aient tenu d'un tiers ]

« ... d'autre part, divers auteurs affirment que Démocrite qui fut un des premiers parmi les Grecs à adopter cette doctrine ou tout au moins à la formuler nettement avait voyagé en Égypte et [ en ] Inde.

« Les premiers philosophes grecs peuvent même avoir connu non seulement les doctrines hindoues mais aussi les doctrines bouddhiques car ils ne sont certainement pas antérieurs au Bouddhisme ...

« ... et de plus celui-ci s'est répandu de bonne heure hors de l'Inde dans les régions de l'Asie plus voisines de la Grèce et par suite relativement plus accessibles.

« Cette circonstance fortifierait la thèse fort soutenable d'emprunts faits non pas certes exclusivement mais principalement à la civilisation bouddhique [ dont le « principe d'unité » ne nous est pas donné ] : ...

« ... ainsi s'expliquerait en particulier le fait que la plupart des philosophes physiciens n'ont admis que quatre éléments au lieu de cinq.

« Ce qui est curieux en tout cas, c'est que les rapprochements qu'on peut faire avec les doctrines de l'Inde sont beaucoup plus nombreux et plus frappants dans la période ante-socratique que dans les périodes postérieures ; ...

« ... que devient alors le rôle des conquêtes d'Alexandre dans les relations intellectuelles des deux peuples ?

« En somme, elles ne semblent avoir introduit en fait d'influence hindoue que celle qu'on peut trouver dans la logique d'Aristote [ ... ]

« ... ainsi que dans la partie métaphysique de l’œuvre du même philosophe pour laquelle on pourrait signaler aussi des ressemblances beaucoup trop précises pour être purement accidentelles. » [ ... ]

« Après Aristote, les traces d'une influence hindoue dans la philosophie grecque deviennent de plus en plus rares sinon tout à fait nulles ...

« ... parce que cette philosophie se renferme dans un domaine de plus en plus limité et contingent, de plus en plus éloigné de toute intellectualité véritable ...

« ... et que ce domaine est pour la plus grande partie celui de la morale se rapportant à des préoccupations qui ont toujours été complètement étrangères aux Orientaux.

« Ce n'est que chez les néo-platoniciens qu'on verra reparaître des influences orientales et c'est même là qu'on rencontre pour la première fois chez les Grecs certaines idées métaphysiques comme celle de l'Infini.

« Jusque là – en effet – les Grecs n'avaient eu que la notion de l'indéfini et – trait éminemment caractéristique de leur mentalité – fini et parfait étaient pour eux des termes synonymes ; ...

« ... pour les Orientaux – tout au contraire – c'est l'infini qui est identiques à la Perfection.

« Telle est la différence profonde qui existe entre une pensée philosophique – au sens européen du mot – et une pensée métaphysique ; ... ».

Cf. René Guénon – Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues – Considérations préliminaires – Les relations des peuples anciens (1930)

Définition de la métaphysique orientale qui n'a guère de sens en-dehors d'une économie cyclique qui transcende les catégories du fini et de l'infini dans la perpétuité de ses révolutions.

Guénon n'évoque ici que la troisième des cinq ruptures qui dénaturent la tradition chrétienne du point de vue de ses origines :

1. la rupture apostolique contre la gnose syro-phénicienne

2. la rupture patristique contre la monarchie orthodoxe

3. la rupture scolastique contre les gnoses platoniques

4. la rupture pontificale contre l'augustinisme épiscopal

5. la rupture moderniste contre la monarchie pontificale

   

    

jeudi 20 mars 2025

Le principe du quatrième domaine

...

Pour la dix-septième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« ... la tradition hindoue et la tradition islamique sont les seules qui affirment explicitement la validité de toutes les autres traditions orthodoxes ; ...

[ Dans la tripartition orientale de Guénon seule la tradition chinoise bénéfice aussi de cette validation à l'exception notable de la kabbale hébraïque et du bouddhisme tantrique. ]

« ... et s'il en est ainsi c'est parce qu'étant la première et la dernière en date au cours du « Manvantara », elles doivent intégrer également quoique sous des modes différents toutes ces formes diverses qui se sont produite dans cet intervalle ...

« ... afin de rendre possible le retour aux origines par lequel la fin du cycle devra rejoindre son commencement et qui au point de départ d'un autre « Manvantara » manifestera de nouveau à l'extérieur le véritable « Sanâtana Dharma ».

[ Le mazdéisme et la gnose originelle du christianisme se retrouvent avec le jaïnisme et le bouddhisme antérieur dans les ténèbres extérieures de l'hétérodoxie. ]

Cf. René Guénon – Études sur l'Hindouisme (1970) – « Sanâtana Dharma » (publié dans les Cahiers du Sud en 1949)

« Un point qui demeure plutôt obscur, c'est ce qui concerne la religion de « Bön » antérieur à l'introduction du Bouddhisme [ au Tibet ] et dont on ne sait en effet qu'assez peu de chose ; ...

« ... les points de contact du Lamaïsme avec le Chamanisme « ne s'expliquent pas par les influences que le Bouddhisme a subies en Mongolie et dans le Tibet de la part des théories qui y prévalent ; ...

« ... il s'agit exclusivement de traits déjà attestés dans le Tantrisme indien et qui de ce pays sont allés se combiner aux idées du Lamaïsme. »

Guénon qui cite « L’église jaune » de Robert Bleichsteirner traduit par Jacques Marty en 1947 en tire un argument en faveur du caractère traditionnel d'une source commune « qui peut d'ailleurs remonter fort loin ».

Guénon date du VIIe siècle le lamaïsme tibétain que nous datons avec l'installation du bouddhisme au Tibet de 780 et rend compte en 1949 d'un chapitre que Marco Pallis ajoute en 1947 à un ouvrage de 1940 :

« Que [ le ] principe [ d'unité qui est propre à la civilisation tibétaine et qui la distingue des autres formes de civilisations traditionnelles ] se trouve dans la doctrine bouddhique, cela n'est pas douteux ...

« ... mais une telle constatation est pourtant insuffisante car dans les pays autres que le Tibet où elle s'est exercée, l'influence du Bouddhisme a produit des résultats très différents.

[ Le « principe d'unité » de la « civilisation tibétaine » introduit un quatrième domaine dans la tripartition orientale de Guénon qui pourrait comme indiqué précédemment « remonter fort loin » par rapport au siècle où il le situe.

La figure du « bodhisattva » qui est bien évidemment celle de Padmasambhava rejoint en quelque sorte celle de Zarathoustra sur 1.368 ans (588 + 780). ]

« En fait, ce qui caractérise surtout la civilisation tibétaine, c'est l'importance prédominante qui y est donnée à un des éléments de cette doctrine à un degré qui ne se rencontre nulle part ailleurs ; ...

« ... et cet élément est la conception de l'état de « Bodhisattva », c'est-à-dire de « l'état de l'être pleinement éveillé qui bien que n'étant plus lié par la Loi de Causalité qu'il a dépassée ...

« ... continue cependant librement à suivre les vicissitudes de la Ronde de l'Existence en vertu de son identification avec toutes les créatures qui sont encore soumises à l'illusion égocentrique et à la souffrance qui en est la conséquence ».

« Une apparente difficulté provient du fait que l'état de « Bodhisattva » est d'autre part considéré communément comme constituant un degré inférieur et préliminaire à celui de « Bouddha » ; ...

« ... or cela ne semble guère pouvoir s'appliquer au cas d'un être « qui non seulement a réalisé le Vide en un sens transcendant mais qui aussi l'a réalisé dans le Monde même en un sens immanent, ...

« ... cette double réalisation n'étant d'ailleurs qu'une pour lui » puisque la Connaissance suprême qu'il possède est essentiellement « sans dualité ».

« La solution de cette difficulté paraît résider dans la distinction de deux usages différents du même terme « Bodhisattva » : ...

« ... dans un cas, il est employé pour désigner le saint qui n'a pas encore atteint l'ultime degré de perfection et qui est seulement sur le point d'y parvenir, ...

« ... tandis que dans l'autre, il désigne en réalité un être « qui est identique avec le « Bouddha » par droit de Connaissance ...

« ... mais qui pour le bénéfice des créatures « récapitule » en quelque sorte certains stades pour des raisons « exemplaires » afin de montrer la Voie,

« ... et qui en ce sens redescend dans la Ronde [ de l'Existence ] plutôt qu'il n'y reste quelque puisse être l'impression produite à cet égard sur des êtres toujours prêts à se laisser tromper par les apparences extérieures.

« Cette façon d'envisager le « Bodhisattva » correspond donc proprement à ce que nous avons appelé la « réalisation descendante » et naturellement elle a aussi un rapport évident avec la doctrine des « Avatâras ».

Cf. René Guénon – Études sur l'Hindouisme (1970) – Compte-rendu de livres sur l'Hindouisme parus dans les Études Traditionnelles (1949) – Marco Pallis – « Peaks and Lamas » (1947)

   

    

mercredi 19 mars 2025

L'étude comparative des religions

...

Pour la seizième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« ... dans [ ... ] un article intitulé « Paths that lead to the same Summit » et portant en outre pour sous-titre « Some Observations on Comparative Religion » ...

« [ M. Coomaraswamy ] montre tout d'abord les causes qui dans l'étude comparative des religions telle qu'on l'envisage aujourd'hui [ en 1944 ] s'opposent le plus souvent à toute véritable compréhension ...

« ... que cette étude soit faite par ceux qui regardent leur propre religion comme la seule vraie ou au contraire par ceux qui sont des adversaires de toute religion ou encore par ceux qui se font de la religion une conception simplement « éthique » et non doctrinale.

« Le but essentiel de cette étude devrait être de permettre de reconnaître l'équivalence des formulations – différentes en apparence et en quelque sorte accidentellement – qui se rencontrent dans les diverses formes traditionnelles, ...

« ... ce qui fournirait aux adhérents respectifs de celles-ci une base immédiate d'entente et de coopération par la reconnaissance de leurs principes communs ; ...

« ... et il est bien entendu qu'il ne saurait aucunement s'agir en cela de ce qu'on est convenu d'appeler « tolérance » et qui n'est au fond que l'indifférence à l'égard de la vérité.

« D'autre part, une telle entente impliquerait naturellement la renonciation à tout prosélytisme et à toute activité « missionnaire » telle qu'on l'entend actuellement ; ...

« ... du reste la seule véritable « conversion » et dont tous ont également besoin, c'est la « metanoia » entendu dans son sens originel de métamorphose intellectuelle et qui ne conduit pas d'une forme de croyance à une autre mais bien de l'humain au divin.

[ On retrouve ici « l'Union intellectuelle pour l'entente générale des peuples » dont le projet date de 1925 et qui fit long feu avec le départ de Guénon pour l’Égypte en 1930 mais qui resurgit ici dans ce commentaire sur « l’étude comparative des religions ». ]

« Viennent ensuite des exemples caractéristiques des points de vue exprimés par des anciens et d'autres « non-chrétiens » en parlant de religions autres que la leur et qui témoignent d'une égale compréhension de ces formes différentes ; ...

« ... et M. Coomaraswamy indique en outre le profit que l'étudiant des « religions comparées » pourrait et devrait retirer pour l'intelligence même de sa propre religion ...

« ... de la reconnaissance de doctrines similaires exprimées dans un autre langage et par des moyens qui peuvent lui sembler étrange.

[ L'empathie pour celui que Guénon salue en 1948 comme son « regretté collaborateur » à l'occasion de sa disparition « si soudaine et imprévue » est tangible et rappelle l'épithète qu'il n'adresse qu'aux membres de « l'entente » pour l'Union des peuples. ]

« Il y a de nombreux chemins qui conduisent au sommet d'une seule et même montagne ; ...

« ... leurs différences sont d'autant plus apparentes que nous sommes plus bas mais s'évanouissent au sommet ; ...

« ... chacun prend naturellement celui qui part du point où il se trouve lui-même ; ...

« ... celui qui tourne autour de la montagne pour en chercher un autre n'avance pas dans son ascension ».

[ L'image de Coomaraswamy est trompeuse car les positions sommitales sont souvent infiniment plus éloignées les unes des autres que celles qui se tiennent à leur base dans l'angle du quatrième pilier. ]

Cf. René Guénon – Études sur l'Hindouisme (1970) – Compte-rendu d'articles de revues sur l'Hindouisme parus dans les Études Traditionnelles (1947) – Ananda Kentish Coomaraswamy – « Paths that lead to the same Summit » (1944)