vendredi 21 mars 2025

Philosophie et métaphysique

...

Pour la dix-huitième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant les deux cent soixante et une sphères célestes :

« Pour en revenir à notre point de départ, on n'est nullement autorisé de ce que les plus anciens philosophes grecs ont précédé de plusieurs siècles l'époque d'Alexandre à conclure qu'ils n'ont rien connu des doctrines hindoues.

« [ À titre d'exemple mais il s'agit bien évidemment d'un point de départ pour sa thèse ] l'atomisme longtemps avant de paraître en Grèce avait été soutenu dans l'Inde par l'école de Kenada puis par les Jaïnas et les Bouddhistes ; ...

« ... il se peut qu'il ait été importé en Occident par les Phéniciens comme certaines traditions le donnent à entendre [ mais on voit mal comment les Phéniciens l'aurait transmis aux Grecs sans qu'ils l'aient tenu d'un tiers ]

« ... d'autre part, divers auteurs affirment que Démocrite qui fut un des premiers parmi les Grecs à adopter cette doctrine ou tout au moins à la formuler nettement avait voyagé en Égypte et [ en ] Inde.

« Les premiers philosophes grecs peuvent même avoir connu non seulement les doctrines hindoues mais aussi les doctrines bouddhiques car ils ne sont certainement pas antérieurs au Bouddhisme ...

« ... et de plus celui-ci s'est répandu de bonne heure hors de l'Inde dans les régions de l'Asie plus voisines de la Grèce et par suite relativement plus accessibles.

« Cette circonstance fortifierait la thèse fort soutenable d'emprunts faits non pas certes exclusivement mais principalement à la civilisation bouddhique [ dont le « principe d'unité » ne nous est pas donné ] : ...

« ... ainsi s'expliquerait en particulier le fait que la plupart des philosophes physiciens n'ont admis que quatre éléments au lieu de cinq.

« Ce qui est curieux en tout cas, c'est que les rapprochements qu'on peut faire avec les doctrines de l'Inde sont beaucoup plus nombreux et plus frappants dans la période ante-socratique que dans les périodes postérieures ; ...

« ... que devient alors le rôle des conquêtes d'Alexandre dans les relations intellectuelles des deux peuples ?

« En somme, elles ne semblent avoir introduit en fait d'influence hindoue que celle qu'on peut trouver dans la logique d'Aristote [ ... ]

« ... ainsi que dans la partie métaphysique de l’œuvre du même philosophe pour laquelle on pourrait signaler aussi des ressemblances beaucoup trop précises pour être purement accidentelles. » [ ... ]

« Après Aristote, les traces d'une influence hindoue dans la philosophie grecque deviennent de plus en plus rares sinon tout à fait nulles ...

« ... parce que cette philosophie se renferme dans un domaine de plus en plus limité et contingent, de plus en plus éloigné de toute intellectualité véritable ...

« ... et que ce domaine est pour la plus grande partie celui de la morale se rapportant à des préoccupations qui ont toujours été complètement étrangères aux Orientaux.

« Ce n'est que chez les néo-platoniciens qu'on verra reparaître des influences orientales et c'est même là qu'on rencontre pour la première fois chez les Grecs certaines idées métaphysiques comme celle de l'Infini.

« Jusque là – en effet – les Grecs n'avaient eu que la notion de l'indéfini et – trait éminemment caractéristique de leur mentalité – fini et parfait étaient pour eux des termes synonymes ; ...

« ... pour les Orientaux – tout au contraire – c'est l'infini qui est identiques à la Perfection.

« Telle est la différence profonde qui existe entre une pensée philosophique – au sens européen du mot – et une pensée métaphysique ; ... ».

Cf. René Guénon – Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues – Considérations préliminaires – Les relations des peuples anciens (1930)

Définition de la métaphysique orientale qui n'a guère de sens en-dehors d'une économie cyclique qui transcende les catégories du fini et de l'infini dans la perpétuité de ses révolutions.

Guénon n'évoque ici que la troisième des cinq ruptures qui dénaturent la tradition chrétienne du point de vue de ses origines :

1. la rupture apostolique contre la gnose syro-phénicienne

2. la rupture patristique contre la monarchie orthodoxe

3. la rupture scolastique contre les gnoses platoniques

4. la rupture pontificale contre l'augustinisme épiscopal

5. la rupture moderniste contre la monarchie pontificale

   

    

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