samedi 26 juin 2021

La prédication originelle

Pour le vingt-cinquième cycle du sixième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

Dans le chapitre qu'il consacre en 1966 aux schismes et aux hérésies des premiers siècles chrétiens, Pierre-Patrick Verbraken évoque les judéo-chrétiens qu'il rattache à Ebion, un personnage fictif qu'il situe à la fin du IIe siècle de l'ère chrétienne.

Un tel personnage n'a jamais existé mais cette catégorie théorique qu'on situait entre le judaïsme et christianisme regroupe les Ebionites et les Nazaréens qui se caractérisent par leur pauvreté et leur témoignage.

Les livres de référence de ce regroupement que les catholiques romains considéraient comme un hérésie sont le Zabur de Dâwûd et l’Évangile de Matthieu.

C'est à eux que s'adresse l’Épître de Paul aux Hébreux, sans doute parce que leur langue vernaculaire était l'araméen.

La psalmodie du Zabur les apparentent aux Moines, aux Cénobites et aux Gyrovagues qui se caractérisent par le célibat, la vie communautaire ou le vagabondage.

On peut difficilement définir leurs croyances mais on peut leur attribuer à posteriori l'attente du Sceau des prophètes et la christologie coranique.

Cette christologie articule deux articles de foi : le fils de Marie est le Messie d’Israël et Jésus est le Verbe de Dieu dont procède un Esprit qui vient de Lui.

Leur charisme fut celui des Foqara qui se caractérisent en Islam par les turuq qu'ils empruntent pour réaliser la Haqîqa – « al-Haqq bi al-Haqq » – sur la Ṣirâṭ al-Mustaqîm.

Pour Verbraken, les Judéo-chrétiens précèdent les Gnostiques – Basilide, Valentin et Tatien – les Marcionites et les Montanites qu'il compare aux Méthodistes de Wesley au XVIIIe siècle – le précurseur de Branham qui s'identifiait à l'Esprit d'Élie.

Tatien en Syrie autour du Diatessaron – une synthèse des quatre évangiles – Marcion à Rome autour de l’Évangile de Luc avec les Actes des apôtres et les épîtres de Paul, Montan en Asie Mineure sous l’effusion du Saint Esprit.

Le catholicisme romain à l'époque de Clément de Rome s'en remet au Nouvel Évangile de Jean et les synopses du XXe siècle tourne autour de l’Évangile de Marc – la théorie des deux sources, la seconde ne pouvant être que le prototype du quatrième.

Leur équation ne saurait se résoudre de cette façon puisqu'il s'agit de prédications successives qui suivent l'ordre canonique avec une double prédication universelle – celle de Pierre et celle de Dhu'l-Kifl – qui précède l'eschatologie johannique.

Cette eschatologie – celle des deux témoins – ne saurait être étrangère à la prédication originelle – celle que Verbraken qualifie de judéo-chrétienne et que les Foqara qualifie de nazaréenne, celle que Paul à la suite de Matthieu rappelle aux Hébreux.

Cf. Pierre-Patrick Verbraken – Les premiers siècles chrétiensDu collège apostolique à l'empire carolingienHérésies, schismes [ et ] désaccords (1984)

   

    

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