dimanche 27 juin 2021

Le Sol invictus

Pour le vingt-sixième cycle du sixième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Né à Carthage, esprit très cultivé mais aussi très ferme, [ Cyprien ] se convertit à la foi chrétienne et reçoit le baptême, sans doute la nuit de Pâque 246.

« Il est ordonné prêtre l'année suivante et élu évêque par acclamation en 248 ou 249 ; toute sa vie se ressentira de cette hâte dans sa formation aux tâches du ministère. [ ... ]

« Il a été martyrisé le 14 septembre 258. [ ... ] Cyprien avait au cœur un très vif amour pour l’Église et pour sa cohésion interne : son livre [ sur ] « l'unité de l’Église catholique », de 251, en témoigne, [ ... ]

« [ ... ] où on lit cette phrase de toute beauté : « Il ne peut avoir Dieu pour Père, celui qui n'a pas l’Église pour Mère. »

« Mais ne nous y trompons pas pas : pour lui, l’Église est avant tout chaque Église locale structurée autour de son évêque ; chaque pasteur d’Église est responsable devant Dieu, et devant nul autre, à la fois de l'unité de ses chrétiens et de l'unité du corps épiscopal.

[ Le drame de l’Église moderniste, c'est d'avoir voulu retrouver cette autonomie collégiale après après détruit la figure politique de l'évêque dans sa rivalité avec l'absolutisme gallican. ]

« Et si l'évêque de Carthage se comporte avec une telle franchise vis-à-vis des papes Corneille et Étienne [ ... ] c'est parce qu'il estime abusive la prétention des évêques de Rome à une juridiction qui dépasse les limites de leur propre diocèse [ ... ]

« [ ... ] ou, tout au plus de leur province ecclésiastique – car Cyprien lui-même se considère comme évêque de Carthage et aussi comme primat des évêques africains, [ son titre n'est pas épiscopal mais patriarcal ] : [ ... ]

« [ ... ] à ses yeux, la primauté de Pierre consiste en ceci que Pierre a reçu le premier, c'est-à-dire avant les autres apôtres, la charge pastorale qu'après lui chacun des Douze a reçue avec autant de plénitude, [ ... ]

« [ ... ] et en ce sens là Rome exprime, manifeste, concrétise l'unité. » [ ... ]

[ Mais pour Cyprien, « la primauté réelle de l'évêque de Rome sur l’Église entière » n'est pas seulement la première, elle est aussi la seule.

C'est pourtant avec Jacques le Juste que Pierre se présente devant Paul comme l'une des deux colonnes de l’Église de Jérusalem – si Jean l'Ancien n'est ici que le fils spirituel de Pierre.

Et c'est avec Jude – à la suite de Jacques – qu'il apparaît comme l'une des deux figures de la prédication universelle de l’Église catholique qui n'était pas encore romaine.

Pierre-Patrick Verbraken développe ici une géographie originale sur les sept églises des trois premiers siècles chrétiens :

- En Palestine, autour de Jérusalem

- En Syrie, autour d'Antioche

- En Asie Mineure, autour d’Éphèse

- En Égypte, autour d'Alexandrie

- En Italie, autour de Rome

- En Afrique, autour de Carthage

- En Gaule, autour de Lyon

Dans la conception romaine de l’Église catholique, le titre patriarcal que revendique l’Église de Carthage fut réservé aux sièges d'Antioche, d'Alexandrie et Rome en raison des pérégrination du Prince des apôtres.

Ce privilège fut étendu par Grégoire-le-Grand avec le don du pallium aux sièges grégoriens d'Arles, de Séville et de Cantorbéry ; puis aux sièges léonin et pascalin de Notre-Dame d'Anis au Puy-en-Velay et de la Sainte-Baume à Saint-Maximin.

[ « Le pallium est l'ornement porté par les archevêques en signe de communion avec le pape. » – Cf. Les ruptures [ ... ] entre Latins et Byzantins ]

Cette extension n'est pas sans rapport avec les douze évêchés du Concile d'Arles que l'empereur Constantin convoque dès 314 – c'est son acte inaugural en tant que protecteur des chrétiens après l’Édit de Milan de 313.

Nous les donnons dans l'ordre alphabétique mais il semble évident que l’Église d'Arles est alors considérée comme la première d'entre-elles : Arles – Autun – Bordeaux – Cologne – Eauze – Lyon – Marseille – Reims – Rouen – Trêves – Vaison – Vienne.

Autun, Cologne, Marseille et Vaison seront remplacés par Bourges, Narbonne, Sens et Tours comme métropoles en 614 au Concile de Paris. Arles reste le siège du vicaire apostolique des Gaules alors que Lyon revendique leur primat. ] [ ... ]

« [ Constantin ] entretiendra constamment, et semble-t-il volontairement, une sorte d'indétermination, d’ambiguïté, proclamant religion officielle de l'empire le culte de la [ divinité ] – Dieu unique mais dont il tait le nom, [ ... ]

« [ ... ] frappant des monnaies au signe du soleil, [ ... ] favorisant ostensiblement l’Église mais retardant jusqu'au dernier moment la réception du baptême, prescrivant le repos dominical mais qualifiant par ailleurs ce jour-là de « jour consacré au soleil ».

La divinité de Constantin était le « Sol invictus » auquel il s’identifiait et pas le « Soleil de Justice dont parle la Bible » qu'évoque Verbraken. C'est à Lui que nous dédions depuis le Jour dominical et que nous consacrons la fête de Noël.

Le signe céleste que vit dans le ciel du 28 octobre 312 le nouvel empereur qui fut proclamé comme tel par ses troupes à York en juillet 306 n'a rien à voir avec le « Chrisme » que nous qualifions de carolingien.

Il devait s'agir de la Croix de Sud, une constellation méridionale sur l'horizon dans laquelle l'empereur d'Occident vit sa destinée la veille d'un combat près du Pont Milvius qui l'engageait contre son adversaire, l'empereur Maxence qui régnait sur tout l'Orient.

Quand il fut question de se convertir – la veille de son agonie – il attesta la Monarchie du Père qui somme toute était celle de Jupiter à laquelle il rendit son âme non sans reconnaître la filiation du Christ qu'il avait si généreusement servi.

Cf. Pierre-Patrick Verbraken – Les premiers siècles chrétiensDu collège apostolique à l'empire carolingienHérésies, schismes [ et ] désaccords – [ Un champion ] de la cause catholiqueLes églises des trois premiers siècles [ et ] L'empire romain chrétien (1984)

   

    

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