jeudi 19 janvier 2023

La digue

...

« Dans certaines confréries – nous pensons notamment à la Khalwatiyya et à ses différentes branches – l'influence du Sheykh al-Akbar est avouée. » [ ... ]

« Les travaux de R. S. O'Fahey soulignent de même chez une autre grande figure de soufi réformateur – celle d'Amad ibn Idrîs al-Fâsî (+ 1837) dont les disciples fondèrent la tarîqa Sanûsiyya et la tarîqa Khatmiyya – [ celle du Sheykh al-Mirghanî al-Khatim (+ 1853) ] ...

« ... une fidélité à la doctrine akbarienne qui l'exposa à de vives attaques wahhabites. »

[ Chodkiewicz (1992) qualifie de réformateur ce que Picaudou (2010) qualifiera de « néo-souffisme » avant que Geoffroy n'en fasse une hétérodoxie hétérodoxie que Chodkiewicz réserve à la Amadiyya de Ghulam Aḥmad et au madhisme soudanais. ]

« L'influence d'îbn Arabî est très sensible, par exemple dans un ouvrage très répandu dans la Tijâniyya [ 1284 / 1867 ]. Elle est encore plus évidente dans un compendium des règles de la Rahmâniyya [ 1351 / 1932 ] publié à Tunis : ...

« ... là, ibn Arabî est expressément cité et défendu contre ses adversaires. »

[ Il s'agit apparemment des branches de la Khalwatiyya évoquées plus haut. ]

« Al-Hâjj Umar s'appuie certainement souvent sur Sha'râni [ un commentateur ] mais avait sans doute aussi une connaissance directe des Futûhât.

« Tel n'est peut-être pas le cas, en revanche, d'un autre auteur d'Afrique noire, le Sénégalais Ibrâhîm Nyass qui fonda sa propre confrérie [ ... ] et dont Mervyn Hiskett a souligné la dette envers ibn Arabî.

« Dissident de la Tijâniyya [ il s'agit plutôt d'un ordre antérieur ] Ibrâhîm Nyass pouvait à coup sûr trouver chez les maîtres de cette « tarîqa » de nombreux éléments d'origine akbarienne.

« Mais nous somme porté à croire que ses conceptions eschatologiques doivent beaucoup aux « Yawâqît » [ de Sha'rânî ] plutôt qu'à une fréquentation assidue des œuvres d'ibn Arabî. »

[ Idem pour le Mahdi du Soudan – Muḥammad ibn Adallâh – affilié à une autre branche de la Khalwatiyya : la « tarîqa » Sammâniyya fondée par un disciple du Sheykh Mustafâ al-Bakrî – le récepteur de la prière de l'Ouverture sur le Sceau des prophètes. ]

Cf. Michel Chodkiewicz – Un océan sans rivage. Ibn Arabî, le Livre et la Loi – Introduction (1992)

Le « néo-souffisme » de Picaudou est le contraire de ce que Geoffroy voulait en faire. C'est une orthodoxie qui gravite autour du « Qutb al-Maktum » et que nous qualifions de « tasawwuf aḥmadien » quand nous voulons la distinguer du « tasawwuf akbarien ».

À cette constellation somme toute assez bien délimitée par sa référence akbarienne nous agrégeons sous d'autres cieux la Sheykhiyya du Sheykh Amad al-Ahsâ'î (+ 1241 / 1826) et le point du Bayân dans sa manifestation adventiste des lettres du Vivants (1844).

Si nous les qualifions comme telles, c'est qu'il n'y a pas dans cet agrégat d'adhésion au shi'isme imamite ou au babisme bahâ'i puisque notre référent à travers l'imamat et la manifestation du Vivant reste l'imam du Tawid et son Pôle sur la Voie muammadienne.

Ce faisant, Chodkiewicz tend à démontrer l'influence avérée du Sheykh al-Akbar en l'étendant aux « turuq » Shâdhiliyya et Naqshbandiyya ; ce qui est démontré mais s'inscrit quelque peu en dehors de notre perspective – celle d'un « tasawwuf aḥmadien ».

Stéphane Ruspuli nous indique cependant que cette influence remonte en Orient aux premiers disciples de Muyid-Dîn (+ 638 / 1240) et à ceux du Sheykh Najm ad-Dîn Kubrâ (+ 618 / 1221) ; mais nous n'en savons guère d'avantage :

« L'illustre théologien Fakhr ad-Dîn Râzî vint un jour trouver [ Najm ad-Dîn Kubrâ ] et demanda à entrer dans la Voie sous sa direction.

« Le saint chargea l'un de ses disciple d'installer Râzî dans une cellule et prescrivit au théologien de s'adonner dans cette « khalwa » à l'invocation.

« Il ne s'en tint cependant pas là : projetant sur Râzî son énergie spirituelle, il le dépouilla de toutes les sciences livresques qu'il avait acquises.

« Or, quand Râzî prit conscience que s'éffaçait soudainement de sa mémoire les connaissances dont il était si fier, il se mit à crier de toutes ses forces : « Je ne veux pas ! Je ne veux pas ! »

« L'expérience s'arrêta là. Râzî sortit de sa « khalwa » et prit congé de Najm ad-Dîn Kubrâ » mais « selon une autre version, ...

« ... c'est au contraire au cours de cette retraite que Râzî aurait reçu l'inspiration surnaturelle qui le guida dans la rédaction de son grand commentaire du [ Noble ] Coran. »

Cf. Michel Chodkiewicz – Un océan sans rivage. Ibn Arabî, le Livre et la Loi – « Si tous les arbres de la terre devenaient calames... » [ S 31 V 27 ] (1992)

« wa Huwa ma'akum aynamâ kuntum »

« et Il est avec vous où que vous soyez »

S 57 V 4
   

    

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