mercredi 11 janvier 2023

La monture des abdâl

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Les substituts quand ils occupent les fonctions hiérarchiques du collège invisible sont décrits par l'Imâm du Tawḥid dans son « Kitâb manzil al-Qutb » comme les serviteurs des Noms :

 Al-Ḥayy 

 al-Alîm 

 al-Qâdir 

 al-Murîd 

 le Vivant 

 le Connaissant 

 le Puissant 

 le Voulant 

Le Vivant est alors le Pôle des « awtâd » du point de vue de leur manifestation la plus apparente mais c'est « al-Qâdir » qui garde la fonction suprême du point de vue de sa réalité la plus intime.

Ces Noms sont à mettre en relation avec la Science du « ûl » et du « 'ar » détenue par « al-Alîm » et contenue dans la formule incantatoire de la « Hawqala » :

« lâ hawla wa lâ quwwata illâ bi-Llâh al-'Alî al-'Aẓîm »

  Al-'Aẓîm  

  al'-'Alî  

  Quwwata  

  Hawla  

  Étendue  

  Élévation  

  Puissance  

  Force  

« ni force ni puissance qui ne soit celle d'Allâh l’Élevé l'Immense »

Dans sa « Risâla fî'l-Walâya », le Sheykh al-Akbar fait en effet de la « Hawqala » la monture des « abdâl » – ceux que nous qualifions ici de substituts ou de serviteurs – quand ils sont élevés vers les fonctions hiérarchiques.

Cette élévation dans leur servitude est à mettre en rapport avec la sixième demeure du « mi'râj » – l'ascension vers le Ciel – où toutes les créatures auront accès à la vision de Dieu :

La première demeure du « mi'râj » est celle du Pacte primordial – « mîthâq » – qui constitue en quelque sorte sa demeure originelle. [ S 7 V 172 ]

La deuxième demeure du « mi'râj » est celle du monde d'ici-bas qui coïncide avec sa condition existentielle.

La troisième demeure du « mi'râj » est celle du monde intermédiaire – le « barzakh » – à travers lequel s'appréhende l'au-delà.

La quatrième demeure du « mi'râj » est celle du Rassemblement – « al-Jumua » – sur la Terre du réveil où les hommes se réunissent en vue du Jugement. [ S 79 V 14 ]

La cinquième demeure du « mi'râj » est celle du Paradis et de l'Enfer :

« Allâh placera en chacune de ces deux demeures ce qui est nécessaire au bonheur de ceux qui [ les ] habitent mais il faut que chacune d'elles soit habitée. »

Chodkiewicz estime que « la colère divine s'éteindra au Jour du Jugement et [ que ] le dernier mot appartiendra à la Miséricorde universelle ».

Cette Miséricorde serait « un des traits fondamentaux de la doctrine akbarienne » qui lui viendrait d'un héritage adamique la situant avec celle de Seth à la fin du « manvantara ».

On peut donc établir d'un point vue symbolique une similitude entre le Graal médiéval que Seth doit ramener sur la Terre du réveil de son séjour paradisiaque et la « Hawqala » par laquelle s'opère le passage du « Kali yuga » (1 / 10) au « Krita yuga » (4 / 10).

La sixième demeure du « mi'râj » est celle qui se trouve sur la Dune de la vision : « une colline de musc blanc sur laquelle se trouveront les créatures lors de la vision de Dieu » que Chodkiewicz situe « dans la vie future ». [ S 73 V 14 ]

Dans la vie future du voyant et dans la nôtre pour la « Prophétie des papes » puisque nous entrons avec la mort du dernier pontife – celle du pape émérite – dans la demeure du Jugement où les gens du Rassemblement vont être jugés.

Pour la vision du Dieu qui nous attend, le Sheykh al-Akbar nous met en garde :

« [ Le ] Jour de la Résurrection, les hommes verront Dieu selon les degrés de la science qu'ils avaient à son sujet [ ici-bas ] ...

« Prends [ ... ] garde de t'enfermer dans une conception particulière et d'accuser d'infidélité ce qu'elle exclut : un bien immense [ le Réel ] t'échapperait ...

« Applique-toi à devenir la « materia prima » de toutes les représentations de Dieu ! »

Cf. les « Fusûs al-Hikam » cité par Michel Chodkiewicz dans le Sceau des saints. Prophétie et sainteté dans la doctrine d'ibn Arabî – La double échelle (2012)

   

    

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