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Retour vers la demeure des lettres
Pour
la demeure de la sixième sphère
parmi les huit sphères célestes
de la quatorzième lettre :
« Nûn »
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« La théophanie – « tajallî » – est « ce qui se dévoile au cœur des lumières de l'invisible ».
Cf. « Istilâh al-Sûfiyya » – définition n°80 cité par Michel Chodkiewicz :
« ... chez ibn Arabî, la Connaissance illuminante la plus parfaite se produit dans la sphère des intelligibles, [ la sphère ] des purs esprits exempts de matière et de forme.
[ Ce qui laisse entendre que la sphère qui les contient en a une à laquelle ils se conforment. Ce qui est aussi le cas des djinns qui s'y trouvent même quand ces êtres de feu se rebellent contre sa lumière. ]
« C'est ensuite seulement qu'elle prend corps dans ... [ le monde que Corbin qualifie d'imaginal mais que la tradition gnostique appelle « Malakut » en rapport avec le royaume des anges – deux par décan – et celui des âmes.
Et plus précisément avec celui des archanges ou des esseulés dans leur ordre – celui des principes – où leur nombre (3) est en relation avec le cône de ce monde dont la somme (6) et son carré (36) résulte de sa triangulation dans le monde des formes.
D'un point de vue strictement sémantique, il correspond à la dixième Sephiroth de la kabbale hébraïque – « Malkhut » – mais leur nombre (10) fait référence aux éléments (4) de la décade du « Yahût » – leurs principes dans le monde des présences.
Le fait que les anges (72) soient distribués deux par deux sur tous les décans (36) dans la sphère des intelligibles indique qu'ils s'organisent sous la contrainte du « Jabarût » qui correspond avec la dyade au monde de la Création – celui du Kada Bara d'Abba-Râ.
L'apparition d'une onzième Sephiroth dans la partie supérieur de l'arbre séphirotique identifiée à la Connaissance – « Da'at » – est en relation avec le monde du « Lâ-hût » où seul Dieu subsiste dans l'ipséité de Sa conjonction avec le macrocosme.
Cette ipséité qui est celle du microcosme dans la réalisation suprême est aussi celle de Sa quintessence dans la somme de la décade (55) et d'une certaine façon la part de l'ange dans le partage des parts inhérentes à la sphère où les intelligibles prennent corps. ]
« ... [ la connaissance illuminante qui ] habite [ alors dans les tabernacles de la sphère des purs esprits emprunte ] des images et des mots qui permettront de la transmettre à ceux qui n'ont pas accès à cet univers de pure lumière. »
Cf. Michel Chodkiewicz [ à propos du « Kitâb al-Tajalliyât » dans ] Un océan sans rivage. Ibn Arabî, le Livre et la Loi (1992) – « Dans les horizons et dans leurs âmes » [ S 41 V 53 ]
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« Lorsqu'ibn Arabî se rend pour la première fois à La Mecque, c'est pour accomplir un pèlerinage et ce pèlerinage impose l'exécution d'un rite précis : celui de la circumambulation – « tawâf » – autour de la Ka'ba, la Maison de Dieu. [ ... ]
« Quand le Sheykh al-Akbar demande au « fatâ » [ la Connaissance illuminante qui se présente à lui sous la forme d'un Jouvenceau ] de lui faire percevoir quelques-uns de ses secrets, [ elle ] lui recommande d'accomplir les tournées sur ses traces.
« À ces sept tournées vont correspondre sept théophanies successives :
« [ Elle ] prit pour moi la forme de la Vie... (1)
« Puis [ elle ] prit pour moi la forme du Regard... (2)
« Puis [ elle ] prit pour moi la forme de la Science... (3)
« Puis [ elle ] prit pour moi la forme de l'Écoute... (4)
« Puis [ elle ] prit pour moi la forme du Discours... (5)
« Puis [ elle ] prit pour moi la forme de la Volonté... (6)
« Puis [ elle ] prit pour moi la forme de la Puissance. (7)
« L'explication de ces transformations est donnée aussitôt après : « Ma maison que voici représente Mon essence et les tournées représentent les sept attributs de [ Ma ] perfection. »
« Ces sept attributs, ce sont ceux que désignent les noms de l'Essence :
1. « Le Vivant » – « al-Ḥayy » (1)
2. « Le Savant » – « al-'Alîm » (3)
3. « Le Voulant » – « al-Murîd » (6)
4. « Le Puissant » – « al-Qâdir » (7)
3. « Celui qui parle » – « al-Mutakallim » ou « al-Qâ'il » (5)
2. « Celui qui entend » – « al-Samî' » (4)
1. « Celui qui voit » – « al-Baṣîr » (2)
[ Si l'ordre des Noms ne correspond pas à celui des théophanies, c'est qu'il reprend d'abord ceux auxquels s'assujettissent les quatre serviteurs qui les représentent dans les fonctions hiérarchiques du Collège invisible.
Ceux qui assument l'acte de la vue, de l’ouïe et de la parole sont ensuite repris à rebours en réitérant la césure du septénaire originel entre le « trivium » ascendant et le « quatrivium » descendant.
L'ordre ascendant peut alors se gravir du plus dense au plus subtil dans celui de la perception et de l'expression ; tandis que le sensible descend de l'intelligible au volitif jusqu'à ce que la rencontre du « fatâ » s'accomplisse avec le « Murîd ». ]
« De ces Noms, les six derniers – précise le Sheykh al-Akbar dans un autre passage [ où il établit leur relation avec les six directions de l'espace ] – sont ceux auxquels se rattachent les êtres contingent.
« Le premier – le Vivant – est celui par lequel les autres Noms subsistent et qui présent en chacun d'eux reste caché aux créatures. »
Cf. Michel Chodkiewicz – Op. Cit. Ibidem pour « La disposition d'ensemble » des « Futûḥât al-Makkiyya »
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« Quant au Vivant – ce septième nom qui soutient et en quelque sorte contient tous les autres [ Noms ] et qui est donc [ aussi ] le premier [ dans l'ordre des théophanies ] – il correspond au chapitre initial [ des « Futûḥât al-Makkiyya » ] ...
« ... celui-là même où de la contemplation du « fatâ » [ le Jouvenceau de la Connaissance illuminante ] l’œuvre entière va surgir. » [ Nous n'en savons pas plus mais nous imaginons que sa face a pu lui apparaître dans la Pierre noire.
On peut dès lors en conclure que si ces Noms correspondent aux sept versets de la « Fâtiḥa », le Vivant correspond au Centre de l'espace avec la lettre « Wâ » (6) et à la lettre « Bâ » (2) sur laquelle le Calame se tient à partir de son Point originel.
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« Pétrarque aimait la nature et habita toujours par goût des maisons isolés en pleine campagne.
« Grand marcheur, il parcourut toute la Provence et l'Italie du Nord mais il n'avait pas pour autant renoncé aux plaisirs de la vie en société.
« Son œuvre poétique jouissait d'une telle réputation qu'il reçut en 1349 une invitation du sénat de Rome.
« Quittant sa retraite, il se rendit dans la grande capitale de l'Antiquité et reçut le titre de poète lauréat au cours d'une cérémonie dans le plus pur style classique où on le couronna de laurier.
« Les plus beaux poèmes de Pétrarque célèbrent dans des rimes exquisément ciselées son amour de la nature et aussi la passion qu'il portait à une femme qu'il appelle Laure, ...
« ... toujours par référence au laurier – plante qui est le symbole de l'Antiquité. »
Cf. John Romer – La Bible et l'Histoire – Le paradis perdu – Le style, c'est l'homme (2006)
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« Les hommes sont éperdus d'admiration au spectacle des grandes montagnes, des puissantes vagues des mers ou de l'infini étoilé du firmament ; mais ils ne pensent jamais à contempler les merveilles qui sont en eux. »
Cf. Romer citant Pétrarque dans son Ascension du mont Ventoux qui cite Augustin dans ses Confessions (2006)
C'est sans doute là qu'il faut trouver Laure – « 36 x 7 = 252 = 12 x 21 ».
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Le « wâ » (6) qui est au centre de la « Fatiḥa » est celui du cinquième verset où il correspond à la conjonction du Notre Père et celui du « yawm ad-Dîn » quand il correspond au jour qui doit précéder l'équinoxe du Printemps :
« ... 'iyyâka na'budu wa 'iyyâka nasta'in ... »
« ... nous T'adorons & nous implorons Ton Secours ... »
« ... sur la Terre comme au Ciel ... »
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Quand nous la vîmes dans le rocher, le rite qui subsistait alors ne nous proposait qu'une seule tournée. Elle ne put nous apparaître que sous la forme du Vivant.
Il est vrai que c'était le jour de la Saint-Jean. Nous nous tînmes assez rapidement dans l'angle du quatrième pilier pour ne pas attirer l'attention sur nous plus longtemps.
Nous savons à présent que nous l'avions déjà plusieurs fois rencontré :
- d'abord sous la Coiffe du Karmapa où elle nous avait terrifié, ...
- ensuite dans le Verbe du Christ où elle nous avait stupéfait, ...
- et enfin sous un aspect qui s'apparente à ce que Bernard de Clairvaux a décrit à propos de la visitation du Saint-Esprit : sans qu'on puisse déterminer le moment où Il était entré ni celui où Il était parti – constatant seulement qu'Il était passé.
Mais Son visage dans le rocher n'avait rien d'énigmatique ni quoique ce soit qui puisse susciter la terreur ou la stupéfaction. Il était là tout simplement tel qu'il nous apparut dès que nous eûmes versé un peu d'eau bénite sur le petit mégalithe scellé devant la grotte.

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