mercredi 3 mars 2021

Rastrum in porta

Pour le troisième cycle du quatrième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

LXXXVIII

RASTRUM IN PORTA

INNOCENT XII – Antoine Pignatelli del Rastello

1691 – 1700

« Innocent XII appartenait à la famille Pignatelli del Rastello qui demeurait à la porte de Naple.

[ « Le symbolisme dont nous avons reconnu l'existence pour toutes les devises [ ... ] nous dispense de nous arrêter à [ des ] explications qui peuvent paraître forcées. » ]

« Les armes de la famille Pignatelli portaient autrefois un râteau.

[ « Le nom de Pignatelli [ ... ] se rapporte aux trois vases qui figurent en dernier lieu dans l'écusson de la famille.

« Chose curieuse, les commentaires édités à Ferrare en 1794 donnent la forme suivante à la légende d'Innocent XII : « Vas trinum in porta ».

« Cette variante paraît désigner les dernières armoiries et le nom des Pignatelli. »

[ Mais l'abbé Joseph Maitre ne se rapporte qu'à « la version donnée par Arnold de Wion [ ... ] comme étant seule donnée par un historien dont nous puissions contrôler l'autorité. » ]

« Il est cependant intéressant de lire dans le commentaire de Ferrare que la version « Vas trinum in porta » est empruntée par l'auteur à un manuscrit du XVe siècle, qui aurait existé encore en 1794 au couvent des Olivétains de Rimini. » ] [ ... ]

[ Suit une citation de « l'Histoire des Conclaves » de 1703 au sujet du râteau des Pignatelli « auquel est dû sans doute leur surnom de Rastello. » ]

« [ ... ] l'auteur de ce passage [ laisse entrevoir ] [ ... ] la ressemblance même du râteau avec le « lambel » qui a dans le langage des armoiries une signification défavorable.

« Quoi qu'il faille penser de cette question des armoiries, le nom del Rastello est à lui seul une justification de la devise, et par suite de la Prophétie. »

« L'abbé Cucherat, qui explique avec Vallemont l'origine de la devise en remontant au nom de famille d'Innocent XII, fait remarquer avec raison que les vues du prophète ne doivent pas se borner à ce détail.

« De même qu'il a cru reconnaître dans la belle devise de Lucius III – « Lux in ostio » – l'annonce du XIIIe siècle, siècle de lumière, parce qu'il fut un siècle de foi, de même il voit dans « Rastrum in porta » l'annonce du XVIIIe siècle, siècle de désolation et de ruine.

[ Idem « De fasciis Aquitanicis », « De inferno prægnante », « Præcursor Siciliæ » pour Clément V (34), Urbain VI (45) et Innocent VIII (59) ]

« L'expression « in porta » peut bien en effet signifier l'approche d'un jour marquant, d'une époque importante. [ cf. Luc III, 7 à 9 et le jour de la Colère ]

« Il suffit de comparer à la devise les textes suivants des Livres saints : cf. Ap III, 20 et Mt XXIV, 33 – Il est question, dans le contexte, des signes qui annonceront le dernier avènement du Fils de l'homme.

« Le râteau, qui est présenté comme le symbole d'événements imminents – « in porta » – ce sont les théories révolutionnaires qui tendent à tout niveler, sous prétexte d'égalité et de liberté.

« Ou bien – si l'on traduit, avec l'abbé Cucherat, le mot « rastrum » par « houe », « hoyau » – cette « houe », ce sont les principes de désordre qui vont bouleverser et retourner les sociétés chrétiennes.

« Les théories révolutionnaires et égalitaires vont aller grandissant et se développant avec les doctrines de la philosophie indépendante et athée.

« Le philosophisme du XVIIIe siècle tendra à émanciper l'homme, dont il fera une divinité ; il méprisera toute domination, abattra toute autorité et toute grandeur.

« Mais Dieu aura son tour. Il saura, lorsque le temps sera venu, ruiner, lui aussi, l'orgueil de ses adversaires et la grande Révolution sera le premier châtiment de ceux qui l'auront préparée. [ cf. 2 Pierre II, 9 à 19 et la voie de Balaam ]

« Rastrum in porta » peut annoncer dans ce sens le châtiment futur d'une société libertine et impie. »

« Peut-être faut-il appliquer aussi le symbole de la devise au pape Innocent XII lui-même, qui réprima et déracina les abus de toute sorte dans le cours de son glorieux pontificat.

« Signalons en particulier la Bulle « Romanum decet Pontificem » : cette bulle mit fin aux abus du népotisme dont Rome et l'Eglise eurent trop souvent à gémir.

« Dans ses réformes, le saint et grand pape Innocent se montra véritablement le pasteur des âmes ; il se tenait à l'entrée de la bergerie, pour ouvrir toutes grandes les portes de l’Église et du ciel.

« Cette explication parait cependant emprunté de trop loin. Elle a de plus le tort de ne pas répondre à la suite des idées qui se manifestent dans l'ensemble des devises de cette époque. »

Cf. Les Papes et la Papauté de 1143 à la fin au monde d'après la prophétie attribuée à saint Malachie – Étude historique par l'abbé Joseph Maitre (1902)

Il n'y a pas de référence au nombre de la devise (88) chez l'abbé Joseph Maitre ni de référence à la durée de la prophétie des papes (888) dans son étude sur la devise de Sixte Quint qui n’apparaît qu'en 1969 avec celle de Raoul Auclair sur les nombres.

Mais ce qui reste le plus étonnant et le plus décisif pour nos arguments, c'est la référence au dixième chapitre de l'évangile de Jean qui décrit le Christ comme étant lui-même la porte de la bergerie et le Bon berger – cf. Jean 10, 7 et 9 :

« Je suis la porte des brebis – si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé »

   

    

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