...
Pour
la vingt-sixième des vingt-huit mansions sidérales
comprenant
les deux cent soixante et une sphères célestes :
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« On sait que [ Leibnitz ] avait formé le projet d'établir ce qu'il appelait une « caractéristique universelle », ...
« ... c'est-à-dire une sorte d'algèbre généralisée rendue applicable aux notions de toute ordre au lieu d'être restreinte aux seuls notions quantitatives ; ...
« Cette idée lui avait d'ailleurs été inspirée par certains auteurs du moyen âge, notamment Raymond Lulle et Trithème.
« Or au cours des études qu'il fit pour essayer de réaliser ce projet, Leibtnitz fut amené à se préoccuper de la signification des caractères idéographiques qui constituent l'écriture chinoise, ...
« ... et plus particulièrement des figures symboliques qui forment la base du « Yi-king » ; ...
« ... on va voir comment il comprit ces dernières : ...
« Leibtnitz – dit L. Couturat – croyait avoir trouvé par sa numération binaire [ ... ] l'interprétation des caractères de Fo-hi, symbole mystérieux et d'une haute antiquité dont les missionnaires européens et les Chinois eux-même ne connaissait pas le sens...
[ « numération qui n'emploie que les signes « 0 » et « 1 » dans laquelle il voyait une image de la création « ex nihilo » :
Il faut noter « 2 » et « 1 » comme l'indique l'idéogramme du « Yi » (2) qu'on peut également noter en numération romaine « II » et « I » ou encore algébriquement « 11 » et « 1 » puisque « 0 » n'est que le signe de la décade.
La méconnaissance des Chinois eux-même est évidemment la « si haute opinion » que les Européens en général et les Jésuites en particulier se font de leur science dans l'exemple « assez amusant » que Guénon nous livre :
« Les chinois auraient même pu accepter la notation « 0 » et « 1 » et prendre ces « caractères purement numéraux » pour représenter symboliquement les idées métaphysiques du « yin » et du « yang » ...
« ... qui n'ont d'ailleurs rien à voir avec une conception de la création « ex nihilo » tout en ayant bien des raisons de préférer comme plus adéquate la représentation fournie par les [ lignes ] de Fo-hi dont l'objet propre et direct est dans le domaine métaphysique. »
Encore eut-il fallut que le signe de la décade (0) ne soit point celui d'un néant dont le « 1 » serait supposé sortir. ]
« Ce qui est surprenant [ écrit Leibnitz dans l'exposé de son arithmétique binaire qu'il adresse à l'Académie des Sciences de Paris ] dans ce calcul, c'est que cette arithmétique par « 0 » et « 1 » se trouve contenir le mystère des lignes d'un ancien Roi et Philosophe nommé Fohy qu'on croit avoir vécu il y a plus de quatre mille ans ...
« ... et que les Chinois regardent comme le fondateur de leur empire et de leurs sciences.
[ Guénon note que « la date exacte est 3468 avant l'ère chrétienne d'après une chronologie basée sur la description précise de l'état du ciel à cette époque » et que Fo-hi serait en réalité la désignation d'une période de l'histoire chinoise.
Ce qui fait un cycle de 5.500 ans (3468 + 2032) répartit en onze période de cinq cents ans (11 x 500) dont la première est celle de Fo-hi. ]
« Il y a plusieurs figures linéaires qu'on lui attribue [ qui ] reviennent toutes à cette arithmétique ; ...
« ... mais il suffit de mettre ici la Figure [ des ] huit [ Koua ] qui passe pour fondamentale et d'y joindre l'explication qui est manifeste pourvu qu'on remarque premièrement qu'une ligne entière signifie l'unité ou « 1 » ...
« ... et secondement qu'une ligne brisée signifie zéro ou « 0 ». [ ... ]
[ Guénon note qu'il s'agit des huit trigrammes qu'on obtient en assemblant trois par trois toutes les figures possibles à partir des deux traits pleins ou brisés.
C'est aussi la figure de l'aett (8) dans l'intervalle entre « 1 » et « 11 » interprétés comme les limites du cycle : « 1 + 8 + 2 » = « 11 ». ]
« ... il y a guère plus de deux ans que j'envoyai au R. P. Bouvet – Jésuite français célèbre qui demeure à Pékin – ma manière de compter par « 0 » et « 1 » et il n'en fallut pas d'avantage pour lui faire reconnaître que c'est la clef des figures de Fohy.
« Ainsi m'écrivant le 14 novembre 1701, il m'a envoyé la grande figure de ce Prince Philosophe qui va à « 64 » et ne laisse plus lieu de douter de la vérité de notre interprétation ...
« ... de sorte qu'on peut dire que ce Père a déchiffré l'énigme de Fohy à l'aide de ce que je lui avais communiqué. »
[ Guénon note qu'il s'agit des soixante-quatre hexagrammes (8 x 8) de Wen-wang et remarque que l’interprétation de Leibnitz ne lui permet pas d'expliquer pourquoi les représentations des trigrammes et des hexagrammes sont toujours circulaires.
Poser la question, c'est souhaiter qu'on puisse y répondre même s'il existe aussi une représentation de forme carré des soixante-quatre hexagrammes en vertu de la réciprocité des figures géométriques (4 x 90° = 360°).
Ce qui nous permet de rappeler pour celle des trois gunas que leur triangle (3 x 60°) ne représente jamais que la moitié d'un cercle (180°) – en l'occurrence d'une ellipse du fait de la dissymétrie des saisons : « (2 x 18) + 16 = 52 semaines ».
De telle façon que ces saisons ne représentent jamais que la moitié des phases dans la représentation complète de l'année.
Cf. René Guénon – Orient et Occident – Illusions occidentales – La superstition de la science (1924)
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