Pour
le vingt-neuvième cycle du quatrième mois de la décade
comprenant
la nuit et le jour :
« Il a trente-six façons de le lire : comme Shakespeare, comme Rabelais, comme un roman d'aventures, comme un recueil de mots croisés, comme le Grand Albert, comme la Légende des Siècles, comme un traité de Go, comme Henry Michaux. »
« Trente-six façons. Et personne ne le lit. Sauf quelques niais, et de vieux toqués, qui l'ouvrent, avec sainte Odile, quand tout va mal, pour savoir si cela va aller mieux. La réponse est toujours : non. Bienfait. »
« Si on laissait un peu tomber tout le côté marc de café et boule de cristal. Si on ouvrait les Centuries sans croire qu'on sonne chez la tireuse de cartes. Si on se mettait à les lire. »
« Où qu'on le prenne (sauf au début) l'évidence jaillit : Nostradamus est un poète à couper le souffle ; un extraordinaire inventeur de machines à rêver ; un prodigieux vivier de mots, de sons, de tours, d'images, de songes. »
Dix
centuries font mille quatrains
Mille
quatrains font quatre mille vers
Quatre
mille vers décasyllabiques font quarante mille syllabes
Mille
cent onze quatrains avec les mois et les années
Quarante
quatre mille quatre cents quarante syllabes
Pour
quatre mille quatre cents quarante quatre vers
Pendant
treize années
Et pas une onzième centurie ?
« Foule, foule de mots qui ne parlent qu'à nous. Ne pas les multiplier : ce serait retourner chez la voyante, ne lire Nostradamus que parce qu'il a peut-être prédit vrai. On s'en fiche.
« Ce dont on ne se fiche pas c'est que ce livre nous parle : il est barbare, obscur, monstrueux, toutes choses qu'on disait de Shakespeare.
« Mais par place il donne de fulgurantes secousses à l'homme d'aujourd'hui et s'il ne lui parle pas son langage, il lui parle de lui. De nous. Cherchez donc s'il y en a beaucoup pour réunir dans un même souffle les Romains, les Ducs, les Artomiques. » [ sic * ]
« Les
Artoniques* par Agen & l'Estore,
A
sainct Felix feront le parlement :
Ceux
de Basas viendont à la mal heure,
Saisir
Condon & Marsan promptement. »
IV 72
* Les « Arctoniques » ou les « Aquilonaires » sur la Gironde d'après Clébert (2003)
« Et c'est cet homme-là que la littérature française à rayé des contrôles : les critiques, les professeurs, les manuels, pas un mot. Abandonné aux crémiers et aux vieilles de villages, qui ne l’entrouvrent que comme elles écartent leurs rideaux : pour voir qui va arriver.
« Nostradamus ? Bon pour les gobes-mouches et les songe-creux. »
« Alors qu'il saute aux yeux, si on veut bien simplement ne pas les tenir fermés, que Nostradamus, même si on ne veut pas y voir autre chose, c'est à tout le moins, le grand élisabéthain français. Le seul.
« Tumulte, violence, horreur, complots, meurtres, trahisons ; des maudits qui agissent en forcenés dans un monde voué au malheur, [ ... ]
« [ ... ] c'est la vision même des élisabéthains, l'univers de Marlowe * et de Ben Jonson, le mouvement et la dramaturgie de Richard III et de Tamerlan. »
« Marlowe
* il te faut la taverne
Non
pour Faust mais pour y mourir
Entre
les tueurs qui te cernent
De
leurs poignards et de leurs rires
À
la lueur d'une lanterne
Nerval
s'y pend c'était fatal
[
... ]
Et
près de Pétrarque s'installe *
[
... ]
Rimbaud
dans son lit d'hôpital »
Les poètes d'Aragon (1960)
[ « Les feux forment là-haut des phrases » ]
* Vers d'almanach pour le nouveau crève-cœur du 25 septembre 1946
[ « Seuls le savent ceux qui se turent » ]
Cf. François Crouzet – Nostradamus, poète français (1973)
« L'an
mil neuf cens nonante neuf sept mois *
Du
ciel viendra un grand Roy deffraieur
Resusciter
le grand Roy d'Angolmois.
Avant
apres Mars regner par bon heur. »
X 72
* Pour septembre c'est un œuf anaragonique
[ Il a retrouvé le goût noir des mures ]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire