vendredi 30 avril 2021

La profanation du Nom ineffable

Pour le douzième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« En ce qui concerne les Juifs, Sabbataï Zevi, le fils d'un marchand de volailles de Smyrne qui servait d'argent aux négociants anglais, commença en 1648 à avoir des visions sacrilèges 

« [ ... ] et [ il ] commit un samedi, à la synagogue, la suprême transgression en y proclamant à haute voix le Nom ineffable de Dieu.

« Aussitôt excommunié, il n'en déclara pas moins être le Messie, et ne tarda pas à trouver des zélateurs, d'autant qu'il avait le physique de l'emploi, la stature et les manières onctueuses, ainsi qu'une éloquence entraînante.

« Sa prédication subjuguait surtout des marranes [ des nouveaux chrétiens que Poliakov qualifie d'hérétiques ] à la foi mal assurée, dont certains étaient fort riches, et au fil des années sa renommée s'étendit à toute l'Europe.

[ « Newton [ ... ] renvoyait [ la date de la fin du monde ] à 2036 [ que John Napier, l'inventeur des logarithmes, fixait à l'an 1688. ] » ]

« Il est caractéristique que, dans les pays protestants, ce n'est pas de Sabbataï le messie qu'il fut d'abord question, mais de la résurgence des dix tribus [ perdues ] qui , sous la conduite d'un prophète, s'apprêtaient à conquérir Jérusalem.

[ « [ ... ] il ne venait à l'esprit de personne, à l'exception des Samaritains eux-mêmes, que ceux-ci pouvaient prétendre à une ascendance glorieuse, ce qui en dit long sur l'indifférence des docteurs de l’Église et l'hostilité des rabbin à leur égard. » ]

« Les Juifs, eux, s'exaltaient pour leur messie, au point qu'en Europe occidentale nombre de familles riches liquidèrent, au début des années 1660, leurs affaires et avaient déjà fait leurs bagages pour partir en Orient dès son royal avènement, [ ... ]

« [ ... ] tandis qu'à la bourse de Londres on le donnait en 1665, à dix contre un, roi de Jérusalem dans les deux années à venir.

« Effectivement, il frétait au début de 1666 un bateau, pour aller à Constantinople et s'y faire céder par le sultan Ibrahim son trône. »

« Mais le dénouement fut instantané : Ibrahim enjoignit à Sabbataï Zevi de se convertir à l'islam, sous peine d'être brûlé vif, et il fut obéi.

« Peu après, le faux messie adressait à ses fidèles ce message : « Dieu m'a fait musulman ; Il l'a ordonné, et cela s'est fait, le neuvième jour de ma nouvelle naissance » – c'est-à-dire de son reniement.

« Une minorité de ses zélateurs continuèrent à le prendre au sérieux, ce dont il résulta un foisonnement de sectes extravagantes, pratiquant le « sabbatéisme » en secret.

« Mais la majorité, dégrisée, en vint peu à peu à délaisser la foi ancestrale, du moins pour une partie, prenant ainsi le chemin d'une laïcisation qui allait transformer au XIXe [ et au ] XXe siècles la postérité des Juifs talmudiques en révolutionnaires ardents. »

Cf. Léon Poliakov – Les Samaritains – À la recherche des dix tribus perdues (1991)

Poliakov identifie le reliquat des tribus perdues aux Samaritains

« [ et ] au IXe siècle un voyageur [ israélite ] qui se faisait appeler Eldad le Danite assurait avoir approché, en Éthiopie, le Sambatyon [ une rivière légendaire ] derrière lequel vivaient les tribus de Dan, d'Aser, de Nephtali et de Gad. »

Mais la conversions au judaïsme des « Falachas » daterait du début de l'ère chrétienne.

   

    

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