lundi 3 mai 2021

Brit Ish Israël

Pour le treizième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Faut-il insister sur les affinités entre protestantisme et judaïsme, dues surtout à la connaissance de l'Ancien Testament, qu'ignoraient pratiquement, du moins avant le milieu du XXe siècle, les Catholiques, même pratiquants ?

[ Poliakov n'envisage pas que cette ignorance puisse dépendre d'une réserve historiographique ou d'un désaccord doctrinal. ]

« Cette affinité se manifesta surtout en Angleterre où, dès le XVIIe siècle, au lendemain de la révolution anglaise, un compagnon de Cromwell, John Sadler, proclamait que les Anglais descendaient des dix tribus [ perdues ].

[ Dans « la Race fabuleuse » de Gérard de Sède, on prête aux Mérovingiens une généalogie biblique du même ordre en 1973 ; tandis que l'abbé Henri Boudet faisait de l'anglais « la Vrai langue celtique » en 1886. ]

« Les preuves ? Comme Cromwell lui-même l'annonçait, les Anglais étaient le nouveau peuple élu ; de plus, les généalogistes médiévaux affiliaient les Britanniques à l'ancêtre Sem, [ ... ]

« [ ... ] et, preuve ultime, « Brit-Ish » ne signifiait-il pas – en hébreux – « Homme de l'Alliance » ?

« Dans le détail, leurs ancêtres danois descendraient de la tribu de Dan, leurs ancêtres gothiques, de Gad, et ainsi de suite.

« Les étymologies de cet ordre conduisirent à la fin du XVIIIe siècle un officier de marine au cerveau un peu fêlé, Richard Brothers, à proclamer qu'il descendait de Jacob, le frère de Jésus ; [ ... ]

« [ ... ] il était donc, lui, « le neveu du Tout-Puissant », et c'est ainsi que se constitua la secte des « British Israélites » – qui fut soupçonnée de se livrer à l'agitation révolutionnaire ; [ ... ]

« [ ... ] finalement, Brothers fut interné dans un asile d'aliénés... »

Cf. Léon Poliakov – Les Samaritains – À la recherche des dix tribus perdues (1991)

Bien évidemment, les Anglais ne descendent pas des tribus d'Israël ; mais les tribus d'Israël pourraient descendre des Anglais si une telle proposition avait un sens et si les Angles et les Saxons ne s'étaient substitués aux compagnons de la branche rouge.

Cette branche dans le récit gaélique des peuples celtes doit désigner par la couleur du couchant tous ceux qui s'étendent à l'Ouest du Schleswig-Holstein parmi les compagnons de la grande épopée des « Tuatha Dé Danann » et des « Fir Bolg ».

Arthur Koestler évoque l'existence de ces « Juifs rouges » que Poliakov décrit comme des « Brit Ish » – c'est-à-dire des Hébreux que « la treizième tribu » identifie en 1976 aux traits mongoloïdes des Khazars de la Volga.

Ces traits mongoloïdes qui décrivent ici la couleur cosmographique du cuivre n'ont probablement aucune inférence avec les caractéristiques raciales ou l'origine migratoire des Khazar que Poliakov évoque sommairement :

« En Russie également, des légendes à vrai dire très imprécises ont circulé sur les tribus perdues ; elles ont pu naître à la suite de la conversion des Khazars [ que l'Amiral Castex qualifie de Judéo-slaves ] au judaïsme, ou de quelque autre façon. » [ ... ]

[ « Une autre conversion, celle des Khazars nomades, au Nord du Caucase, fit croire au Juif espagnol Hasdaï ibn Chaprout, un ministre du calife de Cordoue Abd al-Rahman III, qu'ils descendaient des tribus perdues ; [ ... ]

« [ ... ] il écrivit à leur roi Joseph, qui s'empressa de le détromper. Mais l'imagination des Juifs restait en éveil et conduisait à la naissance d'autres légendes, notamment celle, chrétienne, du « prêtre Jean », un potentat éthiopien : [ ... ]

« [ ... ] de tout temps en effet, l'imaginaire chrétien [ dont il évoque par ailleurs l'ignorance ] s'est alimenté aux écrits du peuple dit infidèle. » ]

Mais le potentat éthiopien n'était pas légendaire et le « prêtre Jean » évoquait plus sûrement le Suzerain maronite de Tamerlan sur le Trône mongol de l'empire du Milieu à l'époque des khans de la dynastie Yuan.

« [ L'internement de Richard Brothers ] n'empêcha pas la secte [ des « British Israélites » ] de se développer, et d'avoir par la suite la reine Victoria et le roi Édouard VII comme patrons honoraires.

« Cette respectabilité aidant, elle finit par compter des centaines de milliers de membres et publiait un hebdomadaire – « The National Message » – qui défendait les traditionnelles valeurs britanniques ; [ ... ]

« [ ... ] quant à l'ascendance hébraïque, elle publiait en 1877 un ouvrage intitulé « The Lost Ten Tribes of Israël » qui prétendait en fournir cinq cents preuves scripturaires, destinées notamment à démontrer la pureté biblique de leur race [ ... ]

«  – contrairement aux Juifs infidèles, ces « bâtards ».

« On ne sera pas étonné d'apprendre qu'aux grandes heures de l'antisémitisme anglais [ que les généalogies médiévales décrivent comme un sémitisme ] – c'est-à-dire en 1920 – [ ... ]

« [ ... ] lorsque la presse conservatrice anglaise attribuait la responsabilité de la révolution bolchevique [ judéo-slave ] aux fameux « Sages de Sion », « The National Message » se rallia à cette thèse. » [ ... ]

Poliakov insiste encore sur le souverainisme de la couronne britanniques face au « Marché commun » et signale par ailleurs une coïncidence intéressante qui délimiterait l'expansion territoriale des Khazars en se référant aux Samaritains :

« [ ... ] les Samaritains sont appelés en russe, avec [ la ] suppression d'une syllabe – « Samariané » – un terme éminemment national puisque deux rivières, se jetant respectivement dans la Volga et dans le Dnierp, portent le nom de « Samara ». [ ... ]

« De nos jours, les « British Israélites » ne sont qu'une petite secte, surtout en comparaison avec leur rejeton américain, « l’Église des saints des derniers jours », autrement dit les mormons. » [ ... ]

La transition entre la secte et le rejeton est judicieuse car sans remonter jusqu'au « British Israélites » du XVIIIe siècle la révélation de Mormon à Joseph Smith en 1820 resterait impénétrable, étrangère à toute historicité réelle.

L'histoire des treize tribus est celle qui substitue aux Bêta Israël et aux Samaritains les Brit Ish et les Khazars dans la Maison d'Ephraïm et de Manassé qui est celle de Joseph dans l'ascendance d'Abraham, d'Isaac et de Jacob – Gn XLVIII 17 à 21 :

« Joseph vit avec déplaisir que son père posait sa main droite sur la tête d'Ephraïm.
Il prit la main de son père pour la détourner de la tête d'Ephraïm
et la diriger sur celle de Manassé.

Joseph dit à son père :
« Ce n’est pas juste, mon père, car c'est celui-ci qui est l'aîné.
Pose ta main droite sur sa tête ! »

Son père refusa et dit : « Je sais, mon fils, je sais.
Lui aussi donnera naissance à un peuple, lui aussi sera grand,
mais son frère cadet sera plus grand que lui et sa descendance remplira les nations. »

Il les bénit ce jour-là.
Il dit : « C'est par toi [ Joseph ] qu'Israël bénira en disant :
« Que Dieu te traite comme Ephraïm et comme Manassé !’ »
Il plaça Ephraïm avant Manassé.

Israël dit à Joseph :
« Je vais mourir, mais Dieu sera avec vous
et il vous fera retourner dans le pays de vos ancêtres. »

[ ... ]

« [ ... ] deux nations [ – ] deux pays [ ... ] »

« [ ... ] une seule nation dans [ le royaume ] d'Israël [ ... ] »

Ézéchiel XXXV 10 et XXXVII 22

Celles et ceux de la Maison de Joseph dans le royaume de David : l'Asir et l'Hadramawt au Yémen transposés sur la Judée édomite par la Maison de Juda que les Hasmonéens étendront vers la Samarie phénicienne et la Galilée.

Les Brit Ish anglo-américains les identifient au Commonwealth et aux États-Unis d'Amérique pour les réunir au XXe siècle avec un état sioniste dans un hypothétique royaume qu'ils identifient à celui de Jacob-Israël.

   

    

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