mardi 22 juin 2021

Sur la route de Srinagar

Pour le vingt-et-unième cycle du sixième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

Dans un récit qu'il consacre à l’énigme du Linceul et qu'il interprète en 1998 comme une prophétie pour l'an 2000, Arnaud-Aaron Upinsky perpétue un conflit entre la science et la religion en inversant les rôles.

La science selon Uspinsky serait garante de l'authenticité d'un linceul auquel l’Église catholique n'accorde qu'un statut secondaire en considérant son image comme une icône remarquable offerte à la contemplation des croyants.

Cette authenticité repose d'abord sur le fait qu'il ne s'agirait pas du travail d'un artiste ou d'un faussaire et que l'image qui s'y trouve encrypté serait celle d'un cadavre que le récit des évangiles invite à reconnaître comme celui du Christ.

Cette invitation est programmatique car l'enquête historique à laquelle se sont livrés les chercheurs ne permet guère de remonter en-deçà du troisième siècle de l'ère chrétienne quand l'Osroène et le roi Abgar se convertissent au christianisme.

C'est Agbar IX (179-212) qui se converti au christianisme mais c'est Akbar V qui reçoit le Mandylion du Christ des mains de son didyme dès la première moitié du premier siècle de son ère pour ce qui constitue sa légende dynastique.

La présence de Thaddée ou d'Addaï à Édesse sur la route de Srinagar et la légende du Mandylion byzantin se confondent sur le thème d'une ressemblance avec le Christ qui est celle de Jude Thomas ou de Dhû'l-Kifl dans le Noble Coran.

Et c'est à priori la présence de l'un qui inspire l'image de l'autre. Mais Upensky va plus loin dans son raisonnement puisque c'est désormais dans une sorte d'apothéose que l'image prouve la Résurrection qu'il confond par un contresens avec sa dématérialisation.

Sans compétence pour apprécier les circonstances de sa confection, c'est plutôt les croyances du « mathématicien, épistémologue, linguiste, expert en système logique et historien des sciences » qui nous interroge.

Et pour l'histoire des idées, le divorce entre la science et la religion qui remonte à la philosophie des lumières et au positivisme scientiste des deux derniers siècles – ceux qui précèdent la photo de 1898 qui révèle le caractère holographique de la relique.

Il est curieux de noter que la réalité de sa confection soit restée liée au thème de la contrefaçon du XIIIe siècle alors que le sens et la nature de cet artefact nous apparaissent en Orient mille ans auparavant.

   

    

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