dimanche 17 juillet 2022

Les Mystères de Sémélé

Pour le quarante-quatrième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« Sans doute est-ce [ le ] besoin d'évasion, [ la ] nostalgie d'une union complète avec le divin [ ... ] – plus encore que la descente de Dionysos au monde infernal pour y chercher sa mère, Sémélé – ...

« [ qui ] explique que [ Dionysos ] ait pu se trouver associé parfois assez étroitement aux mystères des deux déesses éleusiniennes. [ Déméter et Corè-Perséphone ]

« Quand l'épouse de l'archonte-roi [ garant de l'autorité suprême ] part célébrer son mariage [ symbolique ] avec Dionysos, elle est assistée du héraut sacré d'Éleusis ; ...

« ... et aux Lénées – la plus antique peut-être des fêtes attiques de Dionysos – c'est le porte-flambeau d'Éleusis qui commande l'invocation, reprise par le public :

« Iacchosfils de Sémélé »

[ Le tendre Iacchos de l'oracle de Claros qui l'identifie au puissant Iao ]

[ Adonaï ]

« [ Dionysos ] est présent à Éleusis dès le Ve siècle. Présence discrète et rôle mineur sur les lieux mêmes où il n'a ni temple ni prêtre.

« Il intervient sous la figure de Iacchos auquel il est assimilé et dont la fonction est de présider à la procession d'Athènes à Éleusis lors des Grands Mystères.

« Iacchos est la personnification du joyeux cri rituel poussé par le cortège des mystes dans une ambiance d'espoir et de fête.

« Et l'on a pu dans les représentations d'un au-delà dont les fidèles du dieu de la mania ne semblent guère à cette l'époque se soucier [ ... ]

« [ ... ] imaginer Iacchos conduisant sous la terre le chœur bienheureux des initiés comme Dionysos mène ici-bas le thiase de ses bacchantes. »

Cf. Jean-Pierre Vernant (1987) – Mythe et religion en Grèce ancienneLe mysticisme grec Dionysos, l'étrange étranger

« Chez les orphiques [ ... ] à l'origine, le Principe – l’Œuf primordial ou [ la ] Nuit – exprime l'unité parfaite, la plénitude d'une totalité [ toute ] close.

« Mais l’Être se dégrade au fur et à mesure que l'unité se divise et se disloque pour faire apparaître des formes distinctes, des individus séparés.

« À ce cycle de dispersion doit succéder un cycle de réintégration des parties dans l'unité du Tout.

« Ce sera – à la sixième génération – l’avènement du Dionysos orphique dont le règne représente le retour de l'Un, la reconquête de la Plénitude perdue.

« Mais Dionysos ne joue pas seulement sa partie dans une théogonie qui substitue à l'émergence progressive d'un ordre différencié une chute dans la division suivie et comme rachetée par une réintégration dans le Tout.

« Dans le récit de son démembrement par les Titans qui le dévorent, de sa reconstitution à partir du cœur préservé intact, des Titans foudroyés par Zeus, de la naissance à partir de leurs cendres de la race humaine, ...

[ Vernant date de la seconde moitié du Ve siècle avant l'ère chrétienne un récit mythologique – le mythe orphique de Dionysos – qu'il oppose à la théogonie d'Hésiode. Cette opposition est celle d'une Grèce archaïque et classique. ]

« ... Dionysos lui-même assume en sa personne de dieu le double cycle de dispersion et de réunification ...

« ... au cours d'une passion qui engage directement la vie des hommes puisqu'elle fonde [ ... ] le malheur de la condition humaine en même temps qu'elle ouvre pour les mortel la perspective du salut. » [ ... ]

[ « Chez Hésiode, l'univers divin s'organise suivant un progrès linéaire qui conduit du désordre à l'ordre depuis un état originel de confusion indistincte [ le Tohu-Bohu ] jusqu'à un monde différencié et hiérarchisé sous l'autorité immuable de Zeus. » ]

Cf. Jean-Pierre Vernant (1987) – Mythe et religion en Grèce ancienneLe mysticisme grec L'orphisme. En quête de l'unité perdue

Le Tout est identifiable à la décade et les quatorze morceaux du corps d'Osiris à sa réintégration dans les quatre éléments de la Tetraktis – « Σ 4 = 10 » – pour le récit dionysiaque du démembrement avec la dispersion et la réunification des parts.

La Passion de Dionysos et le Salut qui en résulte sont évidement ici ceux d'un Christ paléochrétien qui représente le « Cœur intact » d'un Tout préservé par sa dîme comme la décime de sa décade (1/10e) – l'Un de la plénitude perdue.

La mère du tendre Iacchos, c'est à la fois Sémélé, Isis et la Vierge Marie que le mythographe nous décrit ici dans ses Mystères joyeux qui précèdent sur son Rosaire avec la dispersion et le remembrement des membres ses Mystères douloureux et glorieux.

En poursuivant cette analogie entre les Mystères du Rosaire et les cycles des parties dans l'unité du Tout, on voit que le jour de la Jumu'a que l'Islam consacre au rassemblement est au contraire celui de la dispersion pour les Mystères douloureux qui s'y consacre.

Cette dissonance du jour que le Sheykh al-Akbar attribue à Sayyidina Yûsuf et qui est la nôtre prend fin après le Sabbat avec le jour dominical qui est celui de l'unité dans le décret d'ash-Shakûr où l'on célèbre ses Mystères glorieux.

   

    

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